Ruralité
Assises : les Creusois sont plutôt restés couchés
Les Assises des territoires ruraux sont terminées. Dans l'esprit de nombreux Creusois, avaient-elles seulement jamais commencé ? Retour sur le contenu de ce débat public… un brin privé.
Le 9 février dernier, Nicolas Sarkozy, le Président de la République, a clos les Assises des territoires ruraux (ATR). Il a annoncé une série de mesures, notamment : accès à l'Internet à très haut débit pour 100 % des foyers français d'ici 2025 ; contre les déserts médicaux, 400 bourses universitaires réservées à la rentrée prochaine à des étudiants en médecine s'engageant à exercer pendant au moins dix ans dans les territoires comptant peu de médecins ; financement par l'Etat de « 250 maisons de santé en trois ans » ; soutien aux lignes ferroviaires de type Corail. Ces annonces du Président mettaient un terme à une série de réunions à travers la France, les « assises départementales ». Les doléances issues de ces ATR sont ensuite remontées à Paris et ont été synthétisées par les ministères concernés.
Services publics
Le débat des ATR, en Creuse, n'a pas dépassé une audience confidentielle et très institutionnelle. Il s’est déroulé sans la participation de la grande majorité de la population agricole et rurale (20 % de la population active creusoise), dans les feutrés salons préfectoraux, à la fin novembre 2009. La préfecture annonce que 120 personnes y ont participé. Un syndicat (CFDT) et des organismes (chambre de commerces, CESR) y ont apporté leur contribution écrite. Nathalie Pagani, vice-présidente du Modem en Creuse, et commerçante en milieu rural, a participé à cette réunion. Elle a trouvé que « c'était une belle initiative, qui a permis de lister ce qui va bien et ce qui va mal. »
Le député-maire (PS) de Guéret Michel Vergnier a lui apporté une attention toute particulière aux ATR, tout simplement parce qu'il est président de la commission rurale de l'association des maires de France (AMF). Cette commission a apporté une contribution importante à ces assises. Une déclaration commune entre l'AMF et le ministre chargé des assises, Michel Mercier, en janvier a matérialisé cette collaboration.
« Nous demandons que soient simplifiées les démarches administratives pour les petites communes », explique Michel Vergnier, qui affirme que cela devient compliqué de construire une salle ou de refaire son réseau d'assainissement collectif, quand on est maire d'une petite commune. « Nous demandons aussi un socle minimum de services publics, sur lequel on ne peut plus revenir », poursuit le député creusois, notamment au moyen d'une « loi-cadre ». La péréquation financière entre les territoires, pour soutenir les plus fragiles, tient évidemment à cœur à Michel Vergnier. Celui-ci estime aussi que ne peuvent plus durer les fermetures de services publics (éducation, santé, etc.). « Il faut qu'une charte des services publics soit opposable à toute fermeture d'école ou de gare. »
« Réunionite »
L'AMF a enfin demandé des aides spécifiques à l'agriculture, pour les filières, en faveur de l'engraissement, du produit fini, et pour développer le travail sur place.
La contribution de l'AMF se termine par ces mots inquiétants : « Il est urgent d'engager un programme concret associant tous les acteurs, avant que certains de ces territoires ne soient irrémédiablement voués au déclin démographique et économique. » Jean-Bernard Damiens, élu écologiste, veut une « ségrégation positive » pour la Creuse et les territoires ruraux. Si la Creuse a moins d'usines qu'ailleurs, « notre territoire nourrit les autres. Il a un aspect écologique important », souligne-t-il, demandant « comment s'alimenterait Paris… sans la Creuse ? ». Il s'agissait d'en tenir compte dans ces assises.
Le député-maire (UMP) de Cressat, Jean Auclair, n'est pas un fan de la « réunionite technocratique des intellectuels », comme il appelle les ATR, et déclare préférer l'action. On aura compris qu'il ne s'est donc pas passionné pour ces assises. Néanmoins, il se félicite des mesures annoncées par le Président. En matière de services publics, lui met l'accent sur la notion de « service au public », qu'il soit rendu par l'Etat ou par une entreprise privée. « Une épicerie qui ferme, c'est plus grave que la fermeture d'une poste. Et une épicerie peut fort bien tenir un point postal ! ». Le communiste Claude Guerrier n'a lui pas participé, dénonçant une fausse concertation, « comme pour le Grenelle de l'environnement ».
Les Assises des territoires ruraux sont désormais closes. Mais le débat sur le monde rural va continuer, avec la Loi de modernisation de l'agriculture qui est en route. Pendant ce temps, inquiétudes et détresse sont toujours présentes, dans les campagnes creusoises comme ailleurs.
Les Assises devant son ordinateur
Sur le site web des Assises des territoires ruraux, vous pouvez voir les reportages sur le déroulement de ces assises dans les départements, et notamment en Creuse. Allez dans la rubrique les « Assises en images ».