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Après le Covid long, la "FCO longue"

À l’image du Gaec du Puy de Bouval, nombre d’éleveurs sont confrontés aux boiteries devenues chroniques de leurs bovins, plusieurs mois après leur contamination par le sérotype 8.

On connaissait le Covid long, depuis l’automne dernier, des éleveurs composent eux avec de la FCO “longue”, comprenez la persistance de symptômes quelques semaines et même quelques mois après le pic de l’infection des bovins au sérotype 8 de la fièvre catarrhale ovine. Ainsi, après la fièvre, l’abattement, les boiteries, les ulcères, croûtes, œdèmes au niveau du mufle, des trayons et des membres, la perte d’appétit et de production qui accompagnent généralement la phase d’expression maximale de la maladie, certains animaux peinent toujours, neuf mois plus tard, à s’en remettre : “Des vaches qui restent toutes maigres de façon inexpliquée, qui ne repartent pas en production, certes c’est un petit pourcentage, mais il y en a”, constate Laurent Brulle, vétérinaire à la clinique de Pleaux qui intervient ce jour-là chez Sébastien Colle au Puy de Bouvial sur des boiteries devenues chroniques et quelque peu récalcitrantes sur plusieurs prim’holstein du Gaec de Barrriac-les-Bosquets. 

Des vaches qui ne retombent plus sur leurs pattes...

"Les pieds sont le reflet de la santé de l’animal"

“La FCO est arrivée chez nous en septembre, avec trois premières vaches bien malades : elles avaient de la fièvre, bavaient, restaient couchées, elles étaient toutes raides et très vite elles se sont mises à boiter, on en a eu une quinzaine d’autres touchées mais chez qui c’est mieux passé”, relate l’éleveur en Gaec avec Josette, sa mère. Comme beaucoup d’autres, l’élevage a connu une baisse de production laitière globale de l’ordre d’un tiers : “Toutes les vaches qui ont vêlé en septembre, octobre, novembre n’ont pas fait de lait”, témoigne l’agriculteur de Xaintrie qui livre annuellement 230 000 litres de lait. “Si on casse le pic de lactation, c’est toute la courbe de lactation qui est compromise”, confirme Justine Gaudré, vétérinaire conseil au GDS Cantal.
Depuis, les courbes de lactation et production du troupeau de 45 laitières sont reparties à la hausse retrouvant quasiment leur rythme de croisière, malgré, donc, la rémanence de boiteries chez plusieurs bêtes. Bien que remise sur pied, après plusieurs séances de parage, l’une des trois vaches les plus affectées a été réformée, sans que son poids carcasse ne soit trop sanctionné (220 kg carcasse). D’autres continuent de traîner les pattes et peinent ainsi à les poser ne dégageant pas leur plein potentiel. “Chez les laitières, les pieds sont le reflet de la santé de l’animal”, rappelle Justine Gaudré, qui décrit le processus à l’œuvre dans la FCO : “Une fois le virus passé dans le sang suite à la piqure du culicoïde, il rejoint les organes lymphoïdes, notamment la rate, pour s’y multiplier avant de ressortir et de s’accrocher sur les globules rouges puis contre la paroi des vaisseaux vasculaires.” 

Lire aussi : https://www.reussir.fr/agriculture-massif-central/les-insectes-vecteurs-de-la-fco-et-de-la-mhe

Douloureuses crevasses

Conséquence : une obstruction partielle des vaisseaux touchés, aussi bien au niveau de la gueule, la mamelle, des pieds,... Cette moindre vascularisation et pression artérielle conduit à la mort des tissus qui se nécrosent, formant les croûtes visibles sur le mufle, mais moins sur les parties cornées de l’onglon. “Cet effet va diminuer au fur et à mesure du développement des défenses immunitaires de l’animal mais des séquelles vont rester au niveau du pied, le temps que la corne de la muraille (partie supérieure du sabot) se reconstitue de la couronne vers la pince, comme lorsqu’on se blesse le bout d’un ongle”, illustre la spécialiste. Avec, chez le bovin, l’apparition d’une fissure synonyme d’arrêt de vascularisation, qui permet de dater en quelque sorte l’épisode FCO, à la manière des cernes de croissance des arbres.  
L’automne, l’hiver et le printemps tout aussi humide qui a suivi n’ont pas aidé à la résorption de ces boiteries en élevage laitier comme en allaitant d’ailleurs. Au sein du troupeau du Gaec du Puy de Bouval, elles ont aussi été alimentées par la maladie de Mortellaro, qui circule malgré le raclage biquotidien de la stabulations, avec l’apparition de “limaces”, ces excroissances de chair très douloureuses entre les deux onglons dues à leur inflammation. 


"Les crevasses qui sont de véritables nids à germes"


Comment soulager les animaux et le rendre leur pleine mobilité ? Pendant la phase aigüe, on évite d’y toucher et on recourt si besoin aux anti-inflammatoires. Sur les boiteries devenues chroniques,   “le but est de soulager la vache en faisant en sorte d’équilibrer au maximum les appuis pour que  tout son poids ne repose pas sur la partie lésée(1) et en nettoyant les crevasses qui sont de véritables nids à germes”. Le parage reste donc la seule option à un degré plus ou moins intense selon l’ouverture et la localisation de la fissure. Sur la vache examinée ce jour-là, c’est l’épaisseur du doigt que Sébastien Colle arrive à passer dans la fissure apparue entre la corne de la muraille et celle du talon. Pour favoriser le processus de repousse de la corne, la vétérinaire conseil préconise le cocktail : zinc, cuivre, biotine.
Plus largement, pour se prémunir de la FCO, la vaccination reste recommandée avant la période à risque, qu’on situe en fin d’été-début d’automne. Le vaccin actuel est efficace contre le sérotype 8 et la nouvelle souche apparue l’été dernier dans le Massif central. Si on peut supposer que les animaux infectés à l’automne ont acquis une certaine immunité, “on ne sait pas combien de temps elle dure”, confie la vétérinaire. 
Autre préconisation : éviter au maximum que les bovins/ovins croisent la route du vecteur, le culicoïde, ce dernier affectionnant tout particulièrement les environnements chauds et humides. On écarte donc les animaux du tas de fumier, des petits ruisseaux, “et quand c’est possible, on évite aussi de les faire sortir tôt le matin et tard le soir”, les moments qu’affectionnent les moucherons piqueurs...  La désinsectisation du troupeau tous les mois reste de mise, par météo clémente pour que le produit ne ruisselle pas. Ce à quoi s’astreint scrupuleusement Sébastien Colle, qui désormais aussi, incorpore systématiquement des minéraux dans la ration de ses petites génisses pour doper leur immunité. D’autant plus utile, rappelle Justine Gaudré, que les sols cantaliens en sont très pauvres. 

A lire aussi : https://www.reussir.fr/agriculture-massif-central/cantal-libr-sur-la-voie-de-leradication-fco-et-mhe-toujours-en-embuscade
(1) Pour une vache de 750 kg, le poids supporté par chaque onglon postérieur est d’environ 80 kg.

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