Appelés à baisser leur production, les éleveurs demandent la solidarité de tous
Frappée de plein fouet par les mesures de lutte contre la propagation du coronavirus, la filière laitière est confrontée à un manque de débouchés et à des difficultés logistiques. Pour faire face, les producteurs sont appelés à modérer les volumes et demandent la solidarité de l’ensemble des maillons de la filière.
Jusqu’à 100 000 litres de lait par semaine ne peuvent pas être pris en charge ni transformés. C’est le constat que dresse pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, la FRSEA et Jeunes agriculteurs Aura dans un communiqué en fin de semaine dernière. La crise sanitaire du coronavirus frappe de plein fouet la filière laitière. « Les nombreuses petites entreprises de la région déplorent un manque de débouchés depuis la fermeture, entre autres, du marché de la restauration hors domicile, un manque de main d’œuvre et de chauffeurs », précisent les deux syndicats. Conséquence : incapables de gérer les volumes, les entreprises demandent aux éleveurs de diminuer leur production, en modifiant leurs pratiques, alors que se profile le pic de production annuel.
Consciente de l’enjeu, la FNPL (producteurs laitiers, FNSEA) a appelé le 30 mars les éleveurs à « prendre part à l’effort collectif pour lisser les volumes de lait dus au pic printanier annuel et à la mise à l’herbe des troupeaux ». « La FNPL fait de la continuité de la collecte laitière sa priorité », réaffirme le syndicat. Un message également porté quelques jours plus tôt par l’interprofession laitière. Partageant « la priorité du maintien de la collecte du lait et de la continuité d’activité de toutes les entreprises », les collèges du Criel Alpes Massif Central - AMC (production, coopération, industriels), qui étaient réunis vendredi dernier en bureau exceptionnel, ont appelé à « la mobilisation de chacun pour modérer la production laitière sur ces deux mois ». « Il y a urgence, le devenir de producteurs et d’entreprises, notamment tournées vers les transformations fromagères est jugé très préoccupant », ont-ils indiqué le 27 mars dans un communiqué.
Une filière unie pour passer le cap
Pour autant, si les producteurs doivent faire l’effort, tous les maillons de la filière doivent se montrer solidaires, insistent les organisations syndicales. Stéphane Joandel, référent lait de la FRSEA d’Aura, ne mâche pas ses mots : pour faire face à cette situation inédite « nous demandons avant tout l’unité de la filière », s’exclame-t-il. Face à la souffrance d’entreprises, « certains groupes puissants ne jouent pas le jeu », regrette le syndicaliste, qui se dit « écœuré » par l’absence de réponse du groupe Lactalis notamment. « Sans réponse collective, c’est l’ensemble de la filière qui serait pénalisée », réaffirme la FNPL.
L’effort demandé à l’amont serait de 3 %, précise Stéphane Joandel, également président du collège producteurs au Criel AMC. Pour y parvenir, « la FNPL travaille avec les autres acteurs de la filière à la mise en place d’un dispositif de compensation sans perte de revenu pour les éleveurs visant la modération des volumes au travers de leviers techniques tels que le tarissement anticipé des vaches ou une alimentation adaptée », complète le syndicat national. « Cet effort exceptionnel doit être conditionné à l’engagement de nos partenaires de maintenir la collecte et la transformation sur l’ensemble du territoire », insiste la FNPL. Quant aux prix, les producteurs restent vigilants. « Nous demandons plutôt une incitation à la baisse par une majoration du prix. Cela évitera aux éleveurs une double peine ! », demande la fédération laitière.