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AFRIQUE : Afrique du Nord, Moyen-Orient à l’horizon 2050 : dépendance accrue aux importations agricoles

L’Inra a livré les résultats d’une étude, menée pour l’association Pluriagri(*), permettant de simuler des trajectoires possibles du système agricole et alimentaire de la région à l’horizon 2050.

Dép.alim. = dépendance alimentaire (part des kilocalories consommées par la zone issues d’importations).
Dép.alim. = dépendance alimentaire (part des kilocalories consommées par la zone issues d’importations).
© INRA

La région Afrique du Nord - Moyen-Orient fait aujourd’hui face à une dépendance alimentaire parmi les plus élevées de la planète. L’Inra a livré le 28 octobre dernier les résultats d’une étude en se basant sur une analyse rétrospective (1961-2012). Les experts (agronomes, économistes, politologues et opérateurs du secteur agroalimentaire) ont travaillé sur les évolutions de ce système sous les effets du progrès technique, d’une maîtrise accrue de l’irrigation, d’une amélioration des régimes alimentaires, d’une limitation des pertes et gaspillages ou d’évolutions démographiques et économiques. Une des conclusions majeures de l’étude souligne que freiner le changement climatique global serait le levier le plus efficace pour limiter l’accentuation de la dépendance aux importations de cette région.Géopolitiquement complexe et potentiellement concernée par de fortes perturbations liées aux effets du changement climatique, la région Afrique du Nord - Moyen-Orient, déjà considérée comme un «hot spot» climatique, se caractérise par une dépendance alimentaire parmi les plus élevées de la planète : elle s’approvisionne aujourd’hui pour 40 % de sa consommation en produits agricoles sur les marchés internationaux. La dépendance aux importations agricoles pourrait s’accentuer dans les décennies à venir, en raison de la poursuite de la croissance démogra- phique, de l’évolution des régimes alimentaires, mais aussi en raison du changement climatique et de ses conséquences en matière de ressources en eau et en terre, avec, comme effets induits, la persistance de faibles niveaux de productivité agricole, facteur de pauvreté rurale, et un risque d’accentuation des inégalités de revenus entre villes et campagnes.


Des projections tendancielles basées sur une analyse rétrospective pour des scénarios à l’horizon 2050


Dans ce contexte, l’étude menée par l’Inra, pour et avec l’association Pluriagri, examine les composantes du système agricole et alimentaire de la région, susceptibles d’accroître ou de freiner l’accentuation de sa dépendance aux importations. Pour cela, l’étude propose un ensemble de simulations décrivant des trajectoiresd’évolutions possibles à l’horizon 2050. En se basant sur une analyse rétrospective du système agricole et alimentaire (1961-2012), les experts du groupe de travail (agronomes, économistes, politologues, opérateurs du secteur agroalimentaire) ont défini des hypothèses d’évolutions tendancielles.Ils ont ensuite travaillé sur les inflexions que ces tendances pourraient subir sous les effets du progrès technique, d’une amélioration des régimes alimentaires ou d’une limitation des pertes et gaspillages.


Freiner le changement clima-tique, levier le plus efficace pour freiner l’accentuation de la dépendance


Les simulations montrent que la dépendance aux importations agricoles risque de se renforcer, notamment si les effets du changement climatique s’accentuent. Le Maghreb, le Moyen-Orient et le Proche-Orient seraient fortement touchés. A condition de maintenir son accès à l’eau, la situation égyptienne se dégraderait moins du fait du niveau plus faible de sa dépendance actuelle. Seule, la Turquie, grâce à sa géographie et à son niveau de développement, pourrait devenir un exportateur net. On sait les risques qu’il y a pour les états et les économies, à atteindre de hauts niveaux de dépendance. Freinerl’évolution de cette dépendance devient donc impératif.Des politiques publiques ambitieuses sont nécessaires pour aider les agricultures de la région à s’adapter aux effets du changement climatique. Cependant, pris individuellement, les trois leviers envisagés – amélioration encore plus forte des rendements, régulation des régimes alimentaires, réduction des pertes – auraient un impact relativement faible. Ainsi, un des leviers les plus efficaces pour limiter l’accroissement de la dépendance aux importations agricoles de la région Afrique du Nord-Moyen-Orient serait de freiner ce changement global, objectif que seuls des accords internationaux et des politiques climatiques vigoureuses sont en mesure d’atteindre.


D’après l’INRA

 

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