Formation Jeunes agriculteurs
Acteur du monde rural, ça s´apprend
Formation Jeunes agriculteurs
"Celui qui dispose du savoir, détient une part de pouvoir". La récente formation organisée par le syndicat des Jeunes agriculteurs répond bien à cet adage. Une dizaine de jeunes, prêts à s´installer, ont vécu ce stage et partagé des connaissances de manière collective, en nouant des liens d´amitié. Autant de facteurs favorables pour agir demain collectivement.
"Vous venez pour assister aux tables rondes ?" A peine le seuil du centre culturel de Trielle franchi, deux ou trois jeunes accueillent leurs invités ce jeudi après-midi. Après cinq semaines de formation, ils ont non seulement acquis de nombreuses connaissances dans le monde agricole et rural, mais aussi une facilité d´expression et de prise de parole en public. Témoins, les quelques saynètes qu´ils ont jouées devant les responsables des organisations professionnelles agricoles venus assister à la dernière journée de stage. Ces dernières retraçaient la réalité qu´ils ont ou vont bientôt affronter, sous forme de clin d´oeil, parfois teinté d´ironie. Par exemple lorsqu´il est fait allusion à la lenteur administrative ou lorsqu´il est demandé un travail ingrat ou épuisant lors du stage 6 mois
Mais bien plus que des acteurs sur une scène, ils entendent bien être "acteur du monde rural". C´est justement l´intitulé de cette formation qui s´est articulée en cinq chapitres : la communication, le fonctionnement des organisations professionnelles agricoles (OPA), la diversification, les institutions et la préparation d´un forum.Enthousiastes, mais réalistesDix stagiaires ont ainsi bénéficié de cours de l´Ifocap (Institut de formation des cadres paysans), rencontré les principaux responsables départementaux, suivi le congrès de la FDSEA, rencontré le député Marleix à l´Assemblée nationale, organisé des débats sur les thèmes qui leur tiennent à coeur. Ils ont convié les OPA à débattre sur l´installation, l´avenir de l´agriculture de montagne et les conditions de vie de l´agriculteur du XXIe siècle. Il est notamment ressorti de ces tables rondes que les circuits courts, de type vente directe, peuvent représenter une sérieuse concurrence pour les bouchers et commerçants dont le monde rural a également besoin. "Mieux vaut rechercher de la valeur ajoutée avec l´ensemble de la filière, par une réflexion commune", ont-ils conclu. Ces jeunes s´interrogent cependant du devenir de l´AOC cantal, qu´ils estiment pourtant être l´alternative la plus intéressante à une politique agricole commune qui les inquiète au plus haut point. En général, ils s´intéressent également de près à l´agrotourisme, l´accueil à la ferme. Mais, dans tous les cas de figure, ils ne veulent plus être esclaves du travail comme ont pu l´être leurs aînés. Reprenant le thème du dernier congrès des Jeunes agriculteurs, ils tiennent à se préserver une certaine qualité de vie. Ils n´ignorent pas qu´il faut au préalable "faire évoluer les mentalités", mais sont d´ores et déjà prêts à s´engager dans des structures comme les Cuma ou les groupements d´employeurs pour se dégager un peu de temps.Vers un engagement dans la vie ruraleAu cours de ce dernier débat, l´idée de s´associer à un tiers, autre que la famille, pour fonder un Gaec est souvent ressortie. Les stagiaires ont réclamé moins d´individualisme au sein de la profession. Nombreux se sont félicité de pouvoir constituer désormais un Gaec partiel qui n´intéresse, par exemple, qu´une production principale et conserve l´autonomie de chacun des exploitants pour une éventuelle diversification. Des idées plutôt neuves, énoncées par un groupe de jeunes très motivés, ayant foi en l´avenir. Un optimisme qu´ils entendent désormais faire partager : nombreux sont ceux qui, dès à présent, promettent de s´engager dans le syndicalisme, le monde associatif ou la vie de leur commune.Pour plus d´informations, consultez L´Union agricole et rurale du 7 décembre 2002.