« 46 % du miel sur le marché européen suspecté d’être frelaté »
Le miel est l’une des produits les plus fraudé. Vendu pour la moitié du prix dans les rayons, il a un impact considérable sur l’économie de la filière apicole française.
Le miel est l’une des produits les plus fraudé. Vendu pour la moitié du prix dans les rayons, il a un impact considérable sur l’économie de la filière apicole française.
À l’occasion de la journée mondiale des abeilles qui s’est déroulée le 20 mai, la FNSEA a appelé les grandes enseignes à retirer les miels asiatiques, souvent frelatés, de leurs rayons. « 46 % du miel importé des pays tiers et mis sur le marché de l’Union européenne est suspecté d’être frelaté. 74 % du miel en provenance de Chine est frauduleux ! Or la Chine est le premier fournisseur du marché européen, totalisant 37 % des importations de miel dans l’Union européenne, en progression de 39 % depuis 2020 », a-t-elle indiqué dans un communiqué de presse daté du 18 mai. En cause : les ajouts de sucre qui font baisser les coûts de production et rendent le produit d’importation beaucoup compétitif que les produits locaux et naturels. Le 11 avril, le Parlement européen a voté un texte rendant obligatoire l’étiquetage sur les pots de miel indiquant le détail des pays où il a été récolté. Mais ce texte n’a pas encore été approuvé par le conseil agricole pour qu’il puisse entrer en vigueur. Le miel fait partie des produits les plus fraudés dans le monde.
L’Union européenne plaide également pour une révision de la directive Miel prévoyant un étiquetage du pays d’origine, le renforcement de la traçabilité et le développement d’analyses robustes pour identifier les miels frelatés. La France vient de connaître trois de ses meilleures années de production de miel en 2020, 2022 et 2023 avec plus de 30 000 tonnes par an. Malheureusement, les Français achètent moins de miel dans le contexte actuel d’inflation et les stocks s’accumulent, les apiculteurs n’arrivant plus à les écouler. De surcroît, la France a recours à des importations massives de miels à bas prix pour couvrir la consommation nationale.
Une problématique européenne
La question de la fraude se pose aussi au niveau européen : en 2023, la Commission européenne a tiré la sonnette d’alarme. Selon un rapport, « le marché européen est une véritable passoire qui permet aux fraudeurs d’écouler leurs faux produits ». Pour parvenir à ce constat, la Direction générale de la santé et de la sécurité alimentaire de la Commission européenne (DG Santé) a coordonné une importante opération de contrôle des miels importés au sein de l’Union en collaboration avec 16 pays européens, la Norvège, la Suisse et l’Office européen de lutte antifraude (OLAF). C’est de cette opération que le chiffre de 46 % a été révélé. Les prélèvements ont été effectués essentiellement dans les grands ports où les produits frauduleux arrivent avant de sillonner les routes européennes. En moyenne, un miel importé en Europe coûte 2,17 euros par kilo alors que les sirops de sucre coûtent environ deux fois moins.
« Apiculture et agriculture sont intrinsèquement liées et partagent des objectifs communs : préservation de nos activités, sauvegarde d’un outil de production de qualité et protection des abeilles, qui assurent la pollinisation de nos cultures. Cela n’est pas compatible avec l’importation massive de miels frauduleux en provenance de l’autre bout du monde », plaide la FNSEA.
Si des avancées législatives sont en cours de discussion avec les révisions de directives, la situation reste, pour le moment, compliquée pour les apiculteurs français et européens.