15 000 signatures récoltées contre les prairies sensibles
Vendredi 16 février, le collectif des prairies sensibles a remis ses pétitions au préfet de Lozère à Malbouzon, sur l’exploitation de la famille Bros, accompagné de plus d’une centaine d’agriculteurs.
Vendredi 16 février, le collectif des prairies sensibles a remis ses pétitions au préfet de Lozère à Malbouzon, sur l’exploitation de la famille Bros, accompagné de plus d’une centaine d’agriculteurs.
Cette manifestation de vendredi était donc l’aboutissement d’un combat commencé l’an dernier sur le plateau de l’Aubrac contre l’établissement de nouveaux hectares de prairies sensibles en Lozère.
À l’occasion des télédéclarations Pac 2023, les agriculteurs ont découvert avec surprise que leurs parcelles ont été désignées « prairies sensibles », sans en avoir au préalable été informé. « 27 300 hectares supplémentaires auraient été classés en prairies sensibles en Lozère », selon les syndicats. Le 11 avril 2023, près de 330 agriculteurs lozériens ont donc découvert avoir subi ce changement, effectif depuis le 1er janvier sans pour autant en avoir été averti. À cause des importantes sécheresses des dernières années, les agriculteurs ont dû trouver des solutions pour préserver au maximum leur autonomie ; de ce fait, de nombreux travaux sur ces parcelles ont été effectués pour la survie des exploitations. Luttant aussi contre le changement climatique et dans l’espoir de devenir un peu plus autosuffisant en fourrage. Avec le classement des parcelles travaillées récemment, les agriculteurs risquent une sanction sur leur enveloppe Pac de 3 à 20 %. Cette extension est justifiée par l’agrandissement de sites Natura 2000 voté par les communes, il y a plusieurs années mais dont les contraintes n’entrent en action qu’à partir de cette année. Cela concerne principalement le site Natura 2000 du plateau de l’Aubrac (plus de 300 exploitations) et celui des gorges du Tarn et de la Jonte (près de 30 exploitations sur les communes d’Ispagnac, Sainte-Énimie et Saint-Étienne-du-Valdonnez). Suite à ces découvertes, et tandis que syndicats et chambre d’agriculture demandaient des comptes à l’administration, les agriculteurs de l’Aubrac se sont organisés en collectif « apolitique et asyndical » pour porter leurs revendications, puisque la plus grosse part de ce nouveau zonage a concerné l’Aubrac. « Nous avons découvert que nos prairies naturelles, situées en zones Natura 2000 étaient classées prairies sensibles. On demande l’annulation de ce classement et la suppression du zonage Natura 2000 ».
Une première manifestation a été organisée le 29 juillet à Nasbinals, avec barrage filtrant et distribution de tracts et de pétition. De nombreux tracteurs avaient été disposés aux carrefours de la ville avec des banderoles dénonçant une « écologie de bureau », et un « ras-le-bol généralisé qu’on les empêche de travailler ». Ils ont aussi lancé une pétition en ligne qui a déjà récolté près de 11 000 signatures et l’ont aussi diffusé dans de nombreux commerces de la Lozère.
Une remise officielle « pour que les choses bougent »
C’est donc en présence du préfet de Lozère, Philippe Castanet, du député Pierre Morel-à-l’Huissier, d’Ève Brezet, conseillère départementale, d’Alain Astruc, président de l’association des maires de Lozère, Christine Valentin, présidente de la chambre d’agriculture et d’élus locaux que le collectif a organisé un rassemblement ce vendredi. Ils ont demandé au préfet de Lozère de faire remonter pétition et revendications au plus haut sommet de l’État. Pétition qui a rassemblé près de 15 000 signatures et qui montre, d’après le collectif, « le soutien fort de la population à notre combat ». Rassemblant plus d’une centaine d’agriculteurs, il a permis un débat franc sur cette problématique entre élus et agriculteurs, qui ont aussi pu témoigner de leurs difficultés face à cette nouvelle et soudaine contrainte.
À ces problématiques, Christine Valentin, la présidente de la chambre d’agriculture a rappelé l’historique réglementaire Natura 2000 et comment élus et agriculteurs ont accepté les contraintes « sans savoir tout ce que cela pourrait impliquer dans le futur ». Un futur qu’ils ont découvert en 2023 et qui ne semble pas s’éclaircir de sitôt.
Si tous ont assuré les agriculteurs de leur soutien sur le sujet, les élus locaux rappelant même que des motions ont été prises contre les zones Natura 2000 cette dernière année, la question de la suite à donner reste entière. Le préfet de Lozère a, pour sa part, assuré qu’il allait « prendre connaissance de la pétition, et je la remonterai à Paris ». Il a cependant rappelé qu’en tant que préfet, il est là « pour faire appliquer la loi. J’ai cependant bon espoir que les choses évoluent ». Liant cet espoir notamment à une possible modification de la BCAE 9 annoncée par le Premier ministre la veille. Qui a cependant prévenu que la simple demande d’une annulation de mesure ne passera pas. « Il faudra que l’on propose une mesure alternative, qui permette de garantir l’environnement sur lequel nous sommes et la possibilité d’autonomie fourragère pour ceux qui ont besoin de cultiver, pour ceux qui ont besoin de reprendre une exploitation ou pour ceux qui ont besoin de se diversifier et de créer d’autres productions ». Tout en avertissant qu’il faut se préparer à la suite dès maintenant, et penser la nouvelle Pac.