"Convoi de la solidarité"
1200 km en tracteur depuis la Mayenne
Le Cantal manquera de fourrage pour nourrir le bétail cet hiver, alors que la paille et le foin sont excédentaires dans certaines régions : les transports posent un réel problème. Ne comprenant pas la "léthargie des pouvoirs publics", des agriculteurs de Mayenne ont décidé d´amener eux-mêmes de quoi aider les éleveurs cantaliens.
"Quand on veut, on peut". Si le vieil adage s´applique bien à l´opération que vient de conduire la FDSEA de la Mayenne au profit de celle du Cantal, il semble moins applicable aux pouvoirs publics, du moins aux yeux des organisateurs de ce "Convoi de la solidarité". Pas moins de 24 tracteurs, attelés de lourdes remorques, sont partis lundi 22 septembre des Pays de Loire, chargés de 200 tonnes de foin. Ils sont arrivés mercredi après-midi à Ruynes-en-Margeride. 48 chauffeurs mayennais se sont ainsi relayés -bénévolement- pour apporter un quart du foin excédentaire qu´ils proposent de rétrocéder au Cantal. Le président de la commission agricole du Conseil général de Mayenne, lui-même agriculteur, participe à ce cortège avec son propre tracteur. Il a partagé le volant avec Yannick Favennec, député UMP qui a tenu à participer activement à cette aventure.
La honte
"J´ai honte", lance cet élu de Mayenne. "Il est inadmissible que nous soyons obligés de traverser la France à 25 km/h pour livrer des paysans dans la détresse, parce que les pouvoirs publics ne se mobilisent pas ; parce que la SNCF ne consent aucun effort ; parce que l´armée ne fait rien ou presque", martèle M. Favennec. "Combien de temps va-t-on devoir encore envahir de nouveaux les routes avec nos tracteurs ?", finit par se demander le député. Alors il a une idée. Une proposition qu´il formule sous forme d´une lettre adressée au président de la République depuis le Cantal : "Créer un ministère de la Solidarité nationale". Il aurait pour missions la prévention, l´organisation et la simplification, explique le parlementaire mayennais en insistant sur la notion d´interlocuteur unique.
Une Lettre au président Chirac
Pour l´heure, il considère que son rôle d´élu est "d´être aux côtés des agriculteurs qui dénoncent des dysfonctionnements administratifs et technocratiques". Un discours qui fait pâlir de jalousie les syndicats du Cantal qui ont déploré l´absence des parlementaires cantaliens et du président du Conseil général, tant lors du pot d´accueil aurillacois que lors de l´arrivée à Ruynes-en-Margeride : ils étaient aux côtés du ministre des Transports de passage à Saint-Flour, à quelques kilomètres de là. M. de Robien ne promit pourtant rien de plus, laissant le monde agricole sur sa faim. Le fil de cette journée et les premières réactions à cette action, à suivre dans L´UNION du 27 septembre.