Connaissez vous le push-pull pour sauver les maïs ?
Cette technique agricole est notamment utilisée au Kenya. Moins de ravageurs, moins de produits phytosanitaires et surtout plus de rendement. En Afrique de l’est, le système de protection intégrée push-pull permet de lutter contre les deux principales causes des pertes en culture : la pyrale du maïs et l’adventice Striga. Une méthode de lutte biologique complexe mais efficace.
Cette technique agricole est notamment utilisée au Kenya. Moins de ravageurs, moins de produits phytosanitaires et surtout plus de rendement. En Afrique de l’est, le système de protection intégrée push-pull permet de lutter contre les deux principales causes des pertes en culture : la pyrale du maïs et l’adventice Striga. Une méthode de lutte biologique complexe mais efficace.
Push & pull. Ces deux mots anglais veulent dire pousser et tirer. En agriculture, ces verbes associés désignent une démarche de lutte biologique qui consiste à éloigner les insectes ravageurs d’une culture. La technique est basée sur la répulsion et l’attraction des ravageurs. Le push-pull consiste à introduire une plante dite répulsive ayant la propriété d’éloigner les ravageurs de la culture et/ou une plante-piège ayant la propriété de les attirer en dehors de la culture.
Cette approche innovante peut apporter beaucoup aux paysans, notamment en Afrique. C’est ce que pense Hans Rudolf Herren, entomologiste fondateur de la fondation suisse Biovision, qui développe l’agriculture durable. Pour lui, le push-pull est une des « méthodes complexes » qui « permettent aux agriculteurs d’acquérir une certaine indépendance à l’égard des grandes multinationales qui vendent les semences et les engrais ». Dans une vidéo diffusée sur YouTube, il présente le push-pull, développé par sa fondation en Afrique de l’Est. Au Kenya, la technique testée depuis 7 ans par la fondation a permis de lutter contre la pyrale du maïs.
Le Desmodium chasse la pyrale, l'herbe à éléphant l'attire
Les travaux sur ce système de protection intégrée ont démarré en 1993 au Centre international sur la physiologie et l’écologie des insectes (Icipe) à Nairobi et à l’Institut de recherche agronomique du Kenya Rothasted Research au Royaume-Uni. « Dans ce système, le maïs est associé à une culture intercalaire de Desmodium, une plante de la famille des légumineuses, » explique la revue Travaux et Innovations. En parallèle « une graminée fourragère courante, l’herbe à éléphants, est plantée en bordure, tout autour du champ ». Les substances chimiques volatiles et odorantes produites par le Desmodium attirent les pyrales et émettent un faux signal qui indique à tort aux pyrales que la zone est déjà infestée et les pousse à chercher d’autres zones pour pondre. L’herbe à éléphant produit également des substances qui attirent les femelles du lépidoptère puis sécrète une substance collante qui piège les larves qui se nourrissent sur ces tiges.
Au Kenya, des pertes de rendement très importantes sont également dues à une mauvaise herbe, la Striga, qui se nourrit des racines des plantes de maïs. Les chercheurs ont découvert que le Desmodium se comporte également comme une « fausse plante hôte » de la Striga, détaille encore la revue. En exsudant des substances chimiques, le Desmodium induit la germination des semences de l'adventice et inhibe ensuite la croissance de ses racines. En « deux saisons », les parcelles de maïs sont « quasiment exemptes de Striga, » rapporte la revue.
Selon Biovision, plus de 96 000 paysans utilisent actuellement cette méthode en Afrique de l’Est. Un chiffre qui reste encore faible car le savoir est difficile à transmettre. « L’agriculture écologique exige des connaissances très pointues, » observe Hans Rudolf Herren. Pour le chercheur, davantage de recherches sont encore nécessaires. « Il s’agit d’observer comment fonctionne la nature et faire comme elle ».