Volinéo croit au « Brood and Move » collectif en dindes
Pour produire plus avec un parc en contraction et attirer de nouveaux éleveurs, la coopérative Cavac a lancé le démarrage et l’engraissement séparés, désormais étendu aux deux tiers de sa production.
Pour produire plus avec un parc en contraction et attirer de nouveaux éleveurs, la coopérative Cavac a lancé le démarrage et l’engraissement séparés, désormais étendu aux deux tiers de sa production.
Historiquement, la coopérative Cavac est plutôt un spécialiste de la production de canards de Barbarie. De ce fait, sa production de dindes a eu tendance à décliner depuis les années 2000 dans un contexte chahuté. La relance est arrivée en 2016, avec la volonté de polyvalence des productions, avec l’arrivée de Fabrice Rocheteau comme responsable technique et avec la demande du principal client abatteur de la coopérative vendéenne. « Nous avions encore de bons éleveurs, mais moins nombreux et surtout le parc marquait une certaine vétusté, rappelle le responsable technique. Les éleveurs spécialisés avaient la tentation de ne faire que deux lots par an pour éviter la période fortement consommatrice de gaz. De plus, nous avions du mal à trouver de nouveaux éleveurs, compte tenu de la mauvaise réputation technique et économique de la dinde face au poulet. » Pour remotiver l’équipe technique et les éleveurs, la Cavac a décidé d’organiser collectivement le démarrage et l’engraissement sur des sites séparés, sans l’imposer. « Il nous fallait faire aussi plus de volume avec moins de surface », précise Fabrice Rocheteau.
Partir des engraisseurs pour trouver les démarreurs
Les oiseaux sont démarrés sur copeau - en moyenne à 12 par mètre carré - pour être ensuite transférés à jeun entre 28 et 35 jours au maximum, avec un poids objectif optimal à 28 jours de 1,2 kg en mâle et 1,05 kg en femelle. « On se rend compte qu’il faut être vigilant sur la densité des mâles, constate le technicien Fabien Chauvet. Idéalement, il faudrait être à dix au mètre carré. » En engraissement, les dindes sont à 7-7,5 par mètre carré avec un ratio mâle/femelle de 50/50 en effectif et 60/40 en espace. Les éleveurs sont démarreurs ou engraisseurs. Leur contrat tient compte du reste à charge différent : 80 % de la prophylaxie pour le démarreur (vaccinations RTI, entérite hémorragique, Newcastle, E. Coli), ainsi que 66 % des frais de gaz et 50 % de la litière. L’engraisseur prend en charge le coût du transfert. L’organisation pratique est assumée par le planning de Volinéo. « Nous partons des mises en place souhaitées en engraissement pour trouver le bâtiment de démarrage adéquat. » Le planning s’occupe aussi du transport en containers à tiroirs.
Une démarche gagnant-gagnant
« Au bout du compte, la rentabilité globale n’est pas améliorée, estime Fabrice Rocheteau, mais cela nous a permis de développer notre planning, de satisfaire des éleveurs et d’en attirer de nouveaux. » Les démarreurs, plutôt éleveurs de poulets, y voient un résultat régulier, assuré par un minimum garanti. Il est souvent dépassé, même si la dinde réclame beaucoup plus d’attention, notamment les premières 48 heures. Les engraisseurs peuvent continuer à utiliser des bâtiments, limités par leur isolation et par une ventilation statique insuffisante pour élever du poulet standard. Ils peuvent aussi réaliser trois lots par an.
Tel est le cas de Nadine Rambaud en Gaec à Bournezeau (Vendée). Cette ancienne éleveuse Doux a toujours fait du poulet export dans son Louisiane de 1350 m2, aujourd’hui âgé de 27 ans. « Avec mon mari Didier, nous sommes en fin de carrière. Lorsque nous avons arrêté avec Doux en avril 2018, deux organisations nous suggéraient de la dinde. Nous avons choisi la Cavac qui nous proposait d’engraisser. Et cela nous va très bien. » Le premier lot est entré début septembre 2018 et le troisième a été transféré début mai. Le Gaec a investi 25 000 euros pour améliorer le matériel (pipettes à balancier, descente de mangeoires modifiées). Ils ont aussi acheté une pailleuse Josse-Valmétal à la moitié du second lot. « On s’est vite rendu compte qu’il fallait s’équiper pour améliorer notre confort de travail et celui des dindes. Nos frais concernent surtout la litière de paille broyée dans nos champs. Il faut compter 5 kg/m2 au départ puis une quinzaine durant le lot. Nous avons consommé environ 900 kg de gaz par lot. »
Plus de confort pour produire plus et mieux
Comme les autres éleveurs engraisseurs, Nadine Rambaud mise sur le confort en peaufinant la litière et l’ambiance. Ses frais sanitaires sont réduits (trois rappels de vaccination : E. Coli, RTI et Newcastle). L’adoption du « brood and move » s’est traduite par une amélioration sanitaire globale. « Nos indicateurs d’exposition des lots aux antibiotiques sont en baisse constante ; les cas d’histomonose ont cessé depuis 2015 ; nous avons beaucoup moins de problèmes avec les salmonelles, souligne Fabrice Rocheteau. "Vis-à-vis des mycoplasmes, nous sommes vigilants pour choisir les poussinières. » La clé de la réussite tient à la qualité du démarrage, mais pas seulement. « Notre dernier lot était très moyen au transfert, remarque Nadine Rambaud. Nous avons été aux petits soins un bon moment, avec du chauffage, du paillage, des vitamines. Finalement, le résultat a été très bon. » Sa marge sur dindonneau-aliment a atteint 18,8 euros/m2 pour un lot gardé 99 jours (dindes de 7,3 kg à 89 jours et dindons de 16,1 kg à 130 jours). Quant au démarreur, il avait tout de même réalisé 10,2 euros de MPA (à 11,7 animaux/m2), soit une MPA globale de 3,4 € par dinde mise en place et 3,57 € par dinde abattue.
Un contrat recadré pour les démarreurs
Initialement, les démarreurs étaient rémunérés en fonction de la mortalité et de l’aliment consommé. Mais ce contrat a été révisé depuis quelques semaines. « Le niveau minimum garanti a été rabaissé de 10 à 8 euros/m2, précise Fabrice Rocheteau. Nous avons introduit des primes à la qualité sur un poids minimal à respecter à 28 jours (1 kg en femelles et 1,14 kg en mâle) sur les pododermatites (score moyen inférieur à 2,5), sur le copeau obligatoire et sur les non-mélanges de sexes. De sorte qu’un éleveur respectant l’objectif atteindra le même niveau de rémunération. » Il est de l’ordre de 9 € à 28 jours et de 11,5 € vers 33-34 jours (avec une prime par jour supplémentaire).