Aller au contenu principal

Règles de biosécurité : comment visualiser l’efficacité du lavage des mains

Grâce à une méthode pédagogique visuelle et pragmatique, une vétérinaire et une technicienne donnent un coup de jeune aux vieilles leçons sur les règles de biosécurité.

Un dicton populaire dit qu’« il faut voir pour le croire ». On pourrait ajouter « et pour mieux comprendre ». C’est ce qu’on fait Claire Jacquinet et Amandine Adam, respectivement vétérinaire dans le Sud-Ouest et technicienne de Terres du Sud Foie gras. À l’image des experts des séries télévisées recherchant des preuves invisibles, elles détectent les défauts d’application en matière de biosécurité. Leurs armes ? Quelques flacons de poudre ou de gel orange ou incolore, une torche à lumière ultraviolette. Transmissibles par contact, ces substances traçantes simulent bien le portage d’un agent pathogène.

Il suffit d’éclairer la zone à inspecter avec une lampe UV, après avoir enduit les mains, les vêtements, les bottes ou des surfaces avec ces produits. En visualisant l’absence ou la présence des taches colorées dues aux résidus de traceur, les UV montrent que les procédures de biosécurité ont été correctement assurées ou pas. « Notre but n’est pas de mettre en difficulté, mais bien de faire prendre conscience de l’importance des gestes, rappellent-elles. Et de corriger les comportements ou les situations inadaptés ». Claire Jacquinet et Amandine Adam ont pu s’en rendre compte au quotidien, en visualisant les erreurs fréquemment et involontairement commises. « En pratique, on se rend bien compte que c’est dur de tout faire bien. »

Les applications de cette approche visuelle sont assez nombreuses : sensibilisation d’éleveurs et d’intervenants aux risques de contamination, formation, pédagogie au quotidien sur des sites sensibles, validation de procédures de nettoyage, utilisation lors d’interventions à risque sanitaire élevé… Le succès des règles de biosécurité résulte du cumul de petits détails. Le respect de ces consignes dans la durée (l’observance) sera plus efficace si les invitations orales à mieux faire sont fréquentes, si les conseils sont compris et si les équipements sont faciles à utiliser.

Un long lavage des mains

Un lavage efficace et complet des mains doit durer 30 secondes avec du savon. Quand il est fait, c’est rarement le cas, y compris par l’éleveur. Un test consistait à serrer la main de l’éleveur avec une main imprégnée de traceur. Bien souvent, la main serrée révélait le produit après le passage par le sas. Pour obtenir des mains propres, le lavage avec du savon est le plus efficace et sera facilité avec de l’eau chaude ne serait-ce qu’avec l’allongement de sa durée. « Un bon compromis est un lavage des mains au savon puis application de gel hydroalcoolique », estime Claire Jacquinet. Elle rappelle aussi que les éclaboussures autour du lavabo peuvent potentiellement contaminer.

Le pédiluve ne doit pas devenir un bouillon de culture

La vétérinaire et la technicienne ont confirmé que le pédiluve fait plus de mal que de bien. Elles ont retrouvé du traceur dans les crampons de semelles passées par le pédiluve. Pour être efficace, il faudrait tremper des bottes plutôt propres (sans matière collée) pendant plusieurs minutes. Le liquide désinfectant est aussi à changer très régulièrement. Le pédiluve est à réserver aux interventions extérieures, en mettant à disposition une brosse pour frotter les bottes des intervenants (attrapeurs, chauffeurs…), voire un lave-bottes. La meilleure solution est d’avoir des bottes sur place pour les visiteurs réguliers.

Attention aux équipements de protection qui fuient

Dès qu’un contact est établi avec le milieu ou l’animal, l’intervenant peut contaminer ses vêtements. Claire Jacquinet et Amandine Adam ont montré que les produits traçants peuvent traverser le tissu des combinaisons jetables. Il en va de même pour des gants, même caoutchoutés. Le traceur se retrouvait sur les mains des ramasseurs. Le problème est le même pour les pédisacs qui vont fuir dès qu’on marche. La meilleure solution, c’est une tenue propre fournie par l’élevage.

Un kit de formation au lavage des mains

Des produits de traçabilité, comme ceux du canadien Glo Germ, ont été conçus pour sensibiliser aux bonnes pratiques d’hygiène dans des centres de soins, des écoles, des restaurants collectifs…

 

 
Les produits traçants de Glo Germ utilisent les ultraviolets comme révélateur © P. Le Douarin

 

 
 

Un sas sanitaire mal conçu et mal utilisé

Un des points les plus difficiles à régler concerne le sas sanitaire avec ses deux zones, la « propre » (donnant sur la partie élevage) et la « sale » (à l’entrée du sas) séparées par des lignes tracées au sol ou par des planches non étanches. Si de plus, il n’y a rien pour faciliter le lavage des mains (lavabo mal placé) ou l’habillage (mettre la combinaison et les pédisacs), le visiteur est quasiment certain de poser ses pieds ou ses mains là où il ne faut pas. De sorte que tout le sas finit par être « contaminé ». La solution est connue : le sas à trois zones physiquement séparées (bancs à parois pleines), avec une zone intermédiaire pour transiter sans ses chaussures et pour se laver les mains.

 

 
Avec un sas trois zones, le lavabo doit se trouver en zone intermédiaire et non sale comme dans cette configuration (en partie visible en bas à gauche de l’image) © P. Le Douarin

 

 

Les plus lus

<em class="placeholder">biodevas Olivier Rousseau qualité de l&#039;eau poulets éleveur surveillance travail</em>
Deux enquêtes sur le bien-être des éleveurs de volailles 

Deux enquêtes récentes auprès d’éleveurs de volailles ont aidé à définir différentes dimensions de la qualité de vie au…

<em class="placeholder">Les grands bâtiments de reproducteurs deviennent la règle pour fournir le groupe d’accouvage BD France.</em>
Un bâtiment de poules reproductrices fait pour durer au moins trente ans

Le bâtiment de Nicolas Grellepoix est ce qu’il y a de mieux pour assurer une production d’œufs à couver nombreuse et de…

<em class="placeholder">Marina et Nicolas Grellepoix. Détenu par Nicolas, le bâtiment neuf complète idéalement l’atelier de 9000 poules parentales de Marina, situé à proximité.</em>
En Bretagne, Nicolas Grellepoix se reconvertit avec un grand atelier de poules reproductrices

À 51 ans, Nicolas Grellepoix change de métier pour devenir producteur d’œufs à couver à Loguivy-Plougras, dans les Côtes-d’…

<em class="placeholder">Sylvain Privat : « J’ai deux heures de lavage manuel, contre douze heures auparavant. La période du vide sanitaire était la plus fatigante. Aujourd’hui, je peux ...</em>
« Le robot de lavage soulage mes épaules », explique Sylvain Privat, producteur de canards gras

Trois engraisseurs de canards du Périgord ont investi dans un robot de lavage, Evo Cleaner, pour faciliter le…

<em class="placeholder">éleveur avec poussin dans la main dans son poulailler</em>
« Je gagne dix fois plus en volaille qu'en bovin par heure de travail"

Loeizig Rivalan raisonne toutes ses décisions sur l’exploitation en fonction du temps de travail, qu’il mesure au quotidien.…

<em class="placeholder">Le bloc à picorer stimule les comportements d’exploration des poulets</em>
Des synergies entre bien-être des éleveurs et des poulets
Des éleveurs de poulets standard enrichi enquêtés par l’Itavi sur leurs pratiques d’amélioration du bien-être se disent…
Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)