L’UE réglemente la vaccination contre l’influenza aviaire
À partir du 12 mars, un État membre pourra lancer une campagne de vaccination influenza aviaire, en se conformant à la législation européenne.
À partir du 12 mars, un État membre pourra lancer une campagne de vaccination influenza aviaire, en se conformant à la législation européenne.
C’est par un communiqué de presse que Stella Kyriakides, commissaire européenne chargée de la santé et de la sécurité alimentaire, a annoncé le 20 février l’adoption du règlement européen précisant les conditions à remplir pour mettre en place la vaccination contre l’influenza aviaire hautement pathogène. « Les règles présentées permettront une meilleure harmonisation du recours à la vaccination afin de prévenir ou de contrôler la propagation de l’épidémie dans les États membres et de fixer les conditions de déplacement des animaux vaccinés et des produits qui en sont issus. » Elle précise que ces règles sont conformes aux normes internationales définies par l’Organisation mondiale pour la santé animale (ex-OIE).
L’annexe 13 du règlement 2023/2022 (téléchargeable en bas de cet article) détaille les conditions requises pour la vaccination d’urgence ou préventive. Dans les deux situations, les vaccins vivants sont interdits et des mesures de surveillance doivent être appliquées. Le vaccin devra aussi avoir été autorisé, ce qui n’est pas encore le cas des vaccins employés à titre expérimental.
En vaccination d’urgence, le site vacciné réalise un test virologique toutes les deux semaines. Cette surveillance doit permettre de détecter une prévalence du virus inférieure ou égale à 5 %, avec un niveau de confiance de 95 %.
La France va précommander des vaccins
Le président de l'interprofession Anvol, Jean-Michel Schaeffer, a confié à Agra Presse le 27 février que le ministère de l'agriculture est en passe de précommander des doses de vaccins contre l'influenza aviaire, avant que la stratégie vaccinale ne soit finalisée. Le ministère n'a pas confirmé. Cette démarche avait été demandée par les fabricants des vaccins, afin qu'ils puissent enclencher les process de production industrielle.
Les résultats de la vaccination expérimentale, réalisée en France sur les canards, devraient être divulgués par l’Anses courant mars, ainsi que l’avis sur les scénarios de vaccination. Quant au plan français de stratégie vaccinale (quelles espèces, où, quand), il devrait être achevé en avril et annoncé en mai.
Dans son communiqué du 28 février concernant le redémarrage des mises en place en Pays de la Loire, le ministère évoque aussi la stratégie vaccinale, en confirmant qu'il prendra en charge une part du coût de la campagne vaccinale à venir.
En cas de vaccination préventive, la surveillance renforcée (visite vétérinaire tous les mois et test virologique hebdomadaire) dure le temps de détention des volailles. Les mouvements des animaux vaccinés et de leurs produits (œufs…) seront interdits en préventif comme en urgence, sauf dérogations. La plus contraignante pour les détenteurs de palmipèdes à engraisser concernera l’obligation de garder les animaux vaccinés au moins trois semaines après leur arrivée dans l’atelier d’engraissement, sachant que la durée de détention est d’une douzaine de jours actuellement.
Pas d’entrave au commerce intra UE
Si toutes ces conditions sont remplies, aucun État membre ne pourra s’opposer à l’importation sur son territoire de produits issus de volailles vaccinées, à l’exception peut-être de poussins ou œufs à couver issus de reproducteurs vaccinés. En revanche, même si ces règles sont conformes à celles de l’OIE, des pays tiers importateurs pourraient s’y opposer. D’où l’intérêt de la France d’entamer dès à présent des négociations bilatérales avec des principaux clients en produits de volaille et en génétique. C’est ce qu’on appelle " la diplomatie sanitaire".
Aux États-Unis, les scientifiques fédéraux se préparent eux aussi à tester des vaccins contre l’influenza aviaire, selon le média américain CBS news le 9 février, information confirmée par l’USDA, équivalent du ministère de l’agriculture. Ils s’interrogent eux aussi sur la stratégie vaccinale à adopter. Même son de cloche en Russie, selon le site internet World Poultry le 27 février. Selon ce média, l’Union russe des producteurs de volailles (Rosptitsesoyuz) a développé une stratégie de vaccination qu’elle a présentée au ministre de l’agriculture au mois de janvier. Là-bas aussi les industriels du secteur craignent que cette stratégie ait pour effet de "sacrifier" leurs exportations.