Synthèse d'essais
L'Itavi valide la technique du compostage bactérien
L’Itavi et la Chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire ont réalisé des essais de compostage du fumier de volailles par ajout de complexes bactériens et ont validé l’efficacité de cette technique alternative aux méthodes de compostages mécaniques.
![L’ensemencement par complexe bactérien peut être réalisé sur la litière ou en sortie de fumier. Ici, pulvérisation avec le complexe Bactivor de GBP Environnementsur un mélange de fumier de poulettes et de lisier de lapins.](https://medias.reussir.fr/volailles/styles/normal_size/azblob/2023-06/XYAYGTAP1_web.jpg.webp?itok=i8J7HM7N)
L’ajout d’un complexe bactérien au fumier vise à accélérer l’implantation des microorganismes responsables du processus de compostage et de s’affranchir de l’apport d’oxygène réalisé par les retournements ou l’aération pulsée. Certains additifs bactériens existent depuis plusieurs années mais on ne disposait pas jusqu’à présent d’études techniques complètes sur lesquelles s’appuyer pour faire reconnaître cette méthode de compostage. C’est désormais chose faite. Dans son édition de mars, la revue technique Tema de l’Itavi édite la synthèse d’essais de compostage réalisés en partenariat avec la chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire. Ils portent sur deux types de complexes testés en poulet de chair : les produits Bactériolit de Sobac et Filaflor Compost de Filavie. L’inoculum bactérien Bactivor de GBP Environnement a été testé antérieurement et a fait l’objet d’une publication sur le co-compostage (avec des déchets de couvoirs). Quel que soit le produit ensemencé sur la litière ou à la sortie du fumier, les résultats vont dans le même sens. Dès les premiers jours de stockage, la technique permet une montée en température suffisante pour satisfaire la réglementation (température supérieure à 50 °C pendant 6 semaines ou supérieure à 55 °C pendant 15 jours).
Taux de matière sèche proche de 45%
Les analyses bactériologiques confirment l’hygiénisation du produit dès la phase active de compostage (42 jours). Les auteurs préconisent un taux initial de matière sèche du fumier proche de 45 % (apport d’eau nécessaire) et de ne pas dépasser une hauteur d’andain de deux à trois mètres. « La composition chimique des composts obtenus est conforme à la norme d’amendement organique NFU 44-051, précisent- ils. La valorisation agronomique est d’autant plus intéressante que ce procédé semble réduire les pertes de masse d’azote totale et de matière organique par rapport aux procédés de compostage mécanique (meilleur équilibre azote/phosphore). » Cette méthode permet en outre de limiter le temps de travail et l’énergie nécessaire à la mise en oeuvre de procédés de compostage mécaniques. « C’est une technique qui marche bien, résume Claude Aubert, de l’Itavi. La prochaine étape reste sa reconnaissance par l’administration.Un groupe de travail va être constitué à l’initiative de la Dréal Bretagne pour statuer sur les additifs bactériens de compostage. J’invite les fabricants à déposer un dossier complet. »
Une homologation toujours en attente
"Un comité technique légitime, composé d'experts, doit être créé"
La technique du compostage par complexes de microorganismes (bactéries ou champignons) du fumier de volaille n’est à ce jour pas officiellement reconnue par l’administration comme le sont, les méthodes par retournementmécanique et par aération pulsée. Le compostage bactérien a été accepté dans quelques arrêtés d’installation classée, mais dans des conditions d’utilisations particulières et ils sont spécifiques à quelques départements. « L’administration n’est pas du tout fermée à ce type de process, assure Pascale Ferry, inspectrice ressource des installations classées de la Dréal Bretagne. Des éléments de cadrage sont en cours de rédaction. Nous sommes d’accord pour travailler sur une obligation de résultats, tout en ayant des garanties en termes de maîtrise des fuites d’azote (pas d’écoulement, propreté des abords…). » Il s’agira aussi de repréciser les attentes en termes d’équipements, de cahier des charges des fabricants et de traçabilité, et ceci quelle que soit la méthode de compostage. « Il faut harmoniser les pratiques, souligne-t-elle. Les instituts techniques ont accumulé une somme conséquente de résultats concernant les techniques émergentes relatives au compostage. Ce qui manque aujourd’hui c’est la mise sur pied d’un comité technique légitime, composé d’experts, qui puisse se prononcer sur l’innocuité et surtout sur l’efficacité des produits commercialisés. » La Dréal est prête à s’investir, en lien avec son ministère de tutelle, dès lors qu’une demande forte aura été exprimée par la profession agricole.