Les éleveurs du Sud-Ouest se forment à la biosécurité
Sans attendre les instructions techniques officielles, les éleveurs de palmipèdes du Sud-Ouest se mettent en ordre de marche pour reprendre leur activité et sortir du vide sanitaire par le haut.
Sans attendre les instructions techniques officielles, les éleveurs de palmipèdes du Sud-Ouest se mettent en ordre de marche pour reprendre leur activité et sortir du vide sanitaire par le haut.
Basées sur l’arrêté biosécurité du 8 février, les formations dispensées depuis le mois d’avril permettent aux éleveurs de palmipèdes de se préparer à l’après-crise. Certains regrettent « d’avoir perdu du temps à ne pas tenir compte des petites alertes de la dernière décennie », mais aujourd’hui il faut avancer. Ces formations bâties sur un socle commun (historique et définition de l’influenza, évaluation des risques, méthodes pratiques de prévention) apportent une vision nouvelle sur la façon de travailler dans les exploitations, sans pour autant tout révolutionner. Il est utile de rappeler aux « récalcitrants » que la biosécurité, « ça marche, et il ne faut pas attendre de savoir d’où c’est venu, mais combattre dès maintenant », assure Aurélie Lelièvre, vétérinaire du réseau Cristal et formatrice.
La difficile remise en cause de son organisation
Connaître et hiérarchiser les risques internes (effluents, nettoyage du matériel et des bâtiments, mélange d’espèces) et externes (transports entrants et sortants, intervenants extérieurs) permet de mieux cibler les progrès à faire en matière de sécurisation. La démarche de groupe permet à chacun de mieux mesurer les enjeux sociétaux et professionnels, de combattre les habitudes ancrées et surtout de repenser son organisation. Cette démarche pragmatique rassure et incite l’éleveur à réfléchir à comment s’organiser différemment. « On leur demande beaucoup en très peu de temps. C’est un effort énorme, souligne Aurélie Levièvre. Au-delà des idées reçues, de la réglementation souvent ressentie comme une contrainte, il faut créer la confiance pour faire du bon travail. L’intérêt, c’est de générer une réflexion collective pour que chacun reparte avec des solutions applicables chez lui, et que nous suivrons ensemble. » Dans ce qui peut s’apparenter à un casse-tête, « ce travail en commun permet de trouver des solutions sans être obligé de tout changer. C’est aussi l’occasion de partager nos expériences », remarque une éleveuse de Chalosse.
Être logique dans sa démarche sécuritaire
Une meilleure étanchéité sanitaire entre stades d’élevage et entre fonctions doit désormais s’opérer. Les unités de production, le choix de la bande unique ou de l’autarcie en multiâge, le suivi rigoureux des vides sanitaires bousculent les habitudes. Et c’est là que le bât blesse. « Du jour au lendemain, tout a basculé. Aujourd’hui, nous devons revoir toutes nos bases de travail ; c’est dur à accepter, mais on n’a pas le choix, il faudra s’adapter », confie un autre participant. La délimitation de zones sur l’exploitation (publique, professionnelle et sécurisée) complique l’organisation du travail. Propres à chaque configuration, les voies de circulation à sens unique corsent la situation. Une fois ces deux points clés résolus, il convient selon le mode d’élevage (bande unique ou multiâge) de définir les espaces réservés, de prévoir l’emplacement des sas sanitaires et des passages de tracteurs, les lieux d’accès aux véhicules extérieurs, et les délimitations physiques (chaîne, clôture…). Passé ce cap, organiser les vides sanitaires, les plans de nettoyage et de désinfection s’apparente davantage à une logique d’organisation du travail qu’à une contrainte.
En travaillant en atelier, la quinzaine d’éleveurs présents à la journée organisée par Réseau Cristal à Amou (40), sont repartis en ayant réglé bon nombre de leurs difficultés. Pris au jeu, les participants y auraient bien consacré un deuxième jour pour approfondir. Au-delà des cas personnels, la dimension collective de la biosécurité prend le dessus. « Il nous faut absolument prolonger l’effet du vide sanitaire. La densité géographique des élevages nous obligera à mieux faire respecter les règles par tous. Et je n’ai pas envie de revivre cette période », soulignait un éleveur à l’issue de sa formation.
Les vétérinaires publics se forment aussi
À l’initiative du ministère de l’Agriculture, l’École nationale des services vétérinaires a réalisé une formation sur l’influenza diffusée via internet, accessible du 4 mai au 6 juin 2016. Elle était destinée aux vétérinaires sanitaires non spécialistes de la santé avicole, qui ont pu suivre trois modules d’une heure chacun, avec des vidéos de spécialistes de l’influenza, des diaporamas et des documents téléchargeables. Un espace forum était aussi disponible pour les échanges entre participants.