L’élevage dans le viseur des activistes
Référendum pour les animaux, manifestations contre des projets de constructions de bâtiments, pression sur des chaînes de restauration et de distribution, intrusions, les mises en scène des anti-élevage s’intensifient.
Référendum pour les animaux, manifestations contre des projets de constructions de bâtiments, pression sur des chaînes de restauration et de distribution, intrusions, les mises en scène des anti-élevage s’intensifient.
La période récente où l’on encourageait les agriculteurs à produire local pour alimenter les Français semble bien loin, à en croire l’actualité de cet été. Du moins, dans le secteur de la viande. Après Greenpeace courant juin, c’est au tour du journaliste militant Hugo Clément d’agiter le chiffon rouge de la souffrance animale, en faisant la promotion d’un référendum d’initiative partagée (RIP). Ce RIP est porté par une vingtaine d’ONG welfaristes, dont L214, par des « personnalités » médiatiques et, fait nouveau, par trois patrons de l’économie du Net, Niel (Free), Simoncini (Meetic) et Granjon (Ventes privées). Leur projet est de convaincre au moins 185 députés et de recueillir 4,7 millions de signatures pour contraindre le Parlement à envisager une proposition de loi. Leur projet tient en six mesures « bric-à-brac » mais très fédératrices, dont l’interdiction des cages et de tout nouvel élevage intensif. Elles sont censées mettre fin à la souffrance animale. Cette opération est appuyée par un sondage indiquant que l’immense majorité des Français se prononce contre la souffrance animale. Le contraire aurait étonné. L’arrivée de patrons de la nouvelle économie peut paraître étrange. Ils suivent leurs collègues américains avec quelques années de retard. L’un d’entre eux a eu des chevaux de courses (qu’il faudrait abolir), un journal hippique et finance 77 Foods, une start-up à l’origine d’un ersatz végétal de bacon.
Stratégie médiatique bien rodée
Cette initiative, où l’on devine la patte de L214, est la énième péripétie du combat de l’association végane antispéciste qui avance toujours masquée. En jouant sur la souffrance, elle vise ni plus ni moins l’éradication des élevages quels qu’ils soient. L214 continue son travail de sape en s’attaquant à des chaînes de distribution (Aldi et Lidl) et de restauration rapide (Domino’s et Cofigeo aux marques William Saurin et Garbit). Le procédé est toujours le même. Il faut nuire à leur image de marque avec une vidéo choc (Domino’s et le poulet brésilien) ou parodique (Lidl et ses 20 000 poulets "très très mal"). Quelques manifestations silencieuses ont été organisées devant Domino’s. Le réseau des militants « en canapé » a été invité à « pourrir » le fonctionnement des entreprises (mails, appels téléphoniques, commentaires sur leurs comptes Facebook, Instagram…) tant qu’ils ne céderaient pas. L214 exige qu’ils signent l’engagement pour le poulet standard extensif en 2026 (European chicken commitment). À la mi-août, Aldi et Lidl l’avaient signé, mais ce dernier l’avait assorti de deux conditions. « Après consultation des fournisseurs partenaires, il est apparu que la question de la densité et des souches à croissance lente sont difficilement envisageables, voire inatteignables d’ici 2026. » Depuis, L214 poursuit sa campagne d’intimidations.
Les professionnels finissent par réagir
Jusqu’à présent, les professionnels de l’élevage réagissaient peu à ces provocations dans les médias. C’est pourquoi, il faut souligner la réaction de l’interprofession volaille chair qui a indirectement soutenu Lidl contre les campagnes de désinformation des activistes végans. L’Anvol a rappelé que combattre l’élevage français reviendrait à laisser le champ libre au poulet d’importation et que généraliser l’EEC était peu réaliste compte tenu d’un surcoût de 60 % sur le prix du filet de poulet. Des "anti-Rip" se manifestent aussi à titre individuel sur Facebook. Un autre soutien public est venu des chefs cuisiniers réunis contre la viande artificielle sous la bannière d’Euro-Toques. Les syndicats agricoles ont également soutenu les éleveurs victimes d’intrusions, notamment de graffitis suggérant que la pandémie de Covid-19 serait causée par l’élevage suite à la déforestation en faveur du soja et autres matières importées. En ces temps perturbés à tous points de vue, il serait temps de calmer le jeu. Avec le soutien de la Ligue des droits de l’homme, L214 s’érige en victime de la cellule Demeter, chargée de lutter contre les intrusions, et demande sa dissolution. Décidément, ce monde devient fou.