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Le groupe Michel fait évoluer sa gamme de volailles certifiées

Avec son concept Terre-Neuve, le groupe Michel est à la recherche du compromis entre un prix accessible pour le consommateur, du confort pour les animaux et du revenu pour les éleveurs.

Équipé de deux vérandas, le nouveau bâtiment de Jérôme Martinière, éleveur à Saint-Patrice-du-Désert dans l’Orne, se veut le premier d’une longue série enclenchée par le groupe Michel. « Notre objectif est d’atteindre 50 à 60 bâtiments neufs de 1 000 m 2 à 1 500 m 2 en trois ans, et de convertir des Louisiane ou statiques traditionnels, plutôt dans la Mayenne et ses départements limitrophes », détaille Alain Salmon, responsable de la production des volailles de chair.

Ce poulailler a été inauguré fin juin et son premier lot de 7 400 dindes de souche Premium a été mis en place le 8 juillet. Jérôme élèvera aussi des poulets JA Hubbard jusqu’à 56 jours. Pour le fabricant d’aliments, il s’agit de faire évoluer le cahier des charges de ses volailles certifiées (80 000 poulets et 40 000 dindes en place par semaine).

Baptisé Terre-neuve, le bâtiment et ses deux jardins d’hiver apportent une différenciation supplémentaire. À partir de la moitié de leur durée d’élevage – 6 semaines en dinde et 23 jours en poulet – les oiseaux ont en permanence accès à 40 % de surface en plus (200 m2 de chaque côté). Les préaux font trois mètres de large, avec un sol bétonné ainsi qu’une toiture isolée (4 cm).

Chez Jérôme Martinière, le côté externe comprend un panneau sandwich de 1,2 m de haut sur lequel vient se poser le rideau latéral coulissant non isolé doublé d’un grillage. La surface est agrémentée de perchoirs et de blocs à picorer. De plus, la densité de démarrage a été réduite à 17 en poussin et à 7,2-7,3 en dindes (avec 50 % de chaque sexe).

Encore une phase d’observation

Le concept Terre-Neuve est en cours de mise au point technique et de calage économique. « Nous aurons besoin de plusieurs lots élevés dans des situations climatiques variées », souligne Alain Salmon. Il reste à affiner la conduite technique, notamment la ventilation, et la gestion du comportement des volailles. Bien que les préaux ne soient pas chauffés, Jérôme Martinière a constaté que des dindes y séjournaient la nuit. Il teste la solidité de différents perchoirs (environ 20 pour 1000 m2).

« Les dindes aiment bien les plateformes, mais il faut que celles-ci soient très robustes », commente-t-il. Les perchoirs à tiges ne leur conviennent pas. Il teste aussi des blocs à piquer (un pour environ 500 individus), de dureté et composition variées. « J’ai aussi essayé des ballots de luzerne compressée pour enrichir le milieu et occuper le bec des dindes. C’est bien, mais le ballot se délite vite. »

Concernant la conception du préau, Alain Salmon reconnaît qu’il a joué la sécurité. « On ne voulait pas trop ouvrir cet espace aux courants d’air et que les volailles ne soient pas effrayées. » Question ventilation, Jérôme tâtonne encore. L’air entrant ayant tendance à retomber derrière le rideau et à passer par les sept trappes basses (17 m2 de surface), il a augmenté le minimum d’ouverture des volets et réduit celui du rideau extérieur. « J’ai essayé divers réglages du rideau et des volets. Je suis parti d’un écart d’ouverture de 30 % pour revenir à une situation sans écart. Dans tous les cas, le chapiteau est deux fois plus ouvert que les volets d’entrée. »

Compenser la baisse de densité par la performance

Sur le plan économique, il faut compenser la baisse de densité et le surcoût des vérandas. En dinde, le groupe Michel a tablé sur l’effet positif de la réduction de densité grâce au jardin. « On estime qu’il est possible de gagner 300 g par femelle, calcule Alain Salmon, et un kilo sur les mâles qui se retrouvent à 2,6 par m2 après le départ des femelles. »

Jérôme Martinière a observé que la croissance accélère avec l’ouverture des jardins. À cela devrait s’ajouter une amélioration de l’indice de consommation et des conditions de confort, avec moins de soucis digestifs ou respiratoires. Le premier lot terminé début novembre est conforme aux attentes.

En poulet, aucun gain technique n’est envisagé, compte tenu du calibre à respecter. « Pour les bâtiments existants et aménagés, nous prévoyons d’octroyer une plus-value de l’ordre de 25 euros par tonne de vif, tandis que pour les bâtiments neufs le contrat reste à finaliser. De plus, l’abattoir et leurs clients prennent en compte les surcoûts de ce cahier des charges. »

Une conception de bâtiment éprouvée

Dans la mesure où le bâtiment Terre-Neuve – 1 000 m2 pour 15 m de large chez Jérôme Martinière – n’a pas vocation à élever du poulet standard conventionnel, les besoins de renouvellement d’air sont moindres. Sur les conseils des Ets Michel, l’éleveur a opté pour une ventilation statique avec des volets continus d’entrée d’air de chaque côté, une pente de 40 %, un lanterneau au faîtage et une régulation automatisée (Avitouch ici).

Ces volets comprennent aussi des panneaux translucides équivalant à 3 % de la surface intérieure. « Nous nous interrogions beaucoup sur la compatibilité entre une ventilation dynamique et des trappes ouvertes en permanence sur le jardin, souligne Alain Salmon. Nous avons préféré ne pas prendre le risque de perturber les circuits d’air de renouvellement. »

Concilier ouverture et ventilation

Avec 6 cm d’isolation, un éclairage par leds, la coque est classée BEBC. Pour limiter le risque de coup de chaleur, une double brumisation a été installée, ainsi que six turbines au pignon. Mais il reste à imaginer une solution technique pour piloter ces turbines tout en maintenant les trappes ouvertes (dépression nulle avec 34 m2 d’ouverture). Toutes les surfaces sont bétonnées.

Le chauffage est localisé, avec deux lignes de dix radiants. Pour assurer la polyvalence, l’intérieur comprend trois lignes de mangeoires Multi Beck et quatre lignes de pipettes (remplacées en dinde par des cloches). L’investissement total se monte à 350 000 euros, dont 55 000 à 60 000 euros pour les jardins.

Cinq engagements des Ets Michel en certifié

- Réduire l’empreinte carbone de 20 % en cinq ans 
- Réduire la médication par des bonnes pratiques d’élevage et le recours à des alternatives (huiles essentielles) 
- Traçabilité en temps réel chez 400 éleveurs connectés 
- Bien-être animal avec la certification Iso 34700 et le déploiement des jardins d’hiver 
- Une alimentation 100 % française et non OGM.

 

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