Le couvoir de dindes Le Helloco Accouvage mise sur la qualité
Dans un contexte de mises en place déclinantes, le couvoir familial Le Helloco a choisi de monter le niveau qualitatif de ses produits pour gagner des parts de marché.
Dans un contexte de mises en place déclinantes, le couvoir familial Le Helloco a choisi de monter le niveau qualitatif de ses produits pour gagner des parts de marché.
Le secteur français de l’accouvage de la dinde est désormais réduit à quatre entreprises, dont Le Helloco Accouvage reste le seul indépendant (1). Estelle Le Helloco, fille du fondateur Pierre, distingue deux dynamiques de marché bien différentes. D’un côté, les œufs à couver qui s’exportent de mieux en mieux (+ 19 % en 2016 par rapport à 2015, +18 % en 2015) ; de l’autre, les ventes françaises de dindonneaux d’un jour qui ne cessent de reculer, avec une baisse cumulée de 100 000 par semaine ces trois dernières années. « C’est ce que nous produisions il y a quinze ans », rappelle la dirigeante. Au point que 60 % de l’activité totale du secteur est destinée à l’exportation, contre moins de 50 % il y a trois ans. La part export du couvoir de Loudéac atteint 35 % du chiffre d’affaires (22 millions d’euros en 2016). « Ce n’est pas un choix, mais nous devons aller là où les marchés sont porteurs. » À moyen terme, la dirigeante craint que la domination du débouché export impose au marché français une génétique quasi exclusive de souches lourdes. « Si le marché français se redresse, nous aurons peut-être des difficultés à le fournir en médium. »
400 000 dindonneaux par semaine
En visant les 400 000 œufs incubés par semaine cette année, l’entreprise entend bien consolider ses positions sur le marché français (2) considéré comme sa priorité. Pour y parvenir, il lui faut fournir un dindonneau différencié par sa génétique, par le sanitaire, par la technique. C’est ainsi que Le Helloco Accouvage a été le premier à commercialiser la génétique Grade maker d’Hybrid Turkeys dans les années 2000, mais aussi la Premium d’Aviagen plus récemment. Chez Le Helloco, c’est aujourd’hui la génétique dominante pour le marché français.
Le recrutement de nouveaux éleveurs devient de plus en plus périlleux. L’entreprise travaille avec 25 éleveurs, surtout en futur repro, mais elle a fait le choix de développer son parc de ponte. Elle investit globalement un million d’euros par an en moyenne. Enfin, Estelle Le Helloco s’inquiète du développement de l’élevage de poules pondeuses en plein air. « Il faut s’attendre à un fort regain des mycoplasmes dans les cinq à dix ans à venir. C’est déjà notre risque sanitaire numéro un. »
(1) Aviagen Turkeys (ex-Le Sayec), Hybrid Turkeys (ex-Grelier), Bétina LDC (ex-Doux Bétina).(2) En moyenne 1,1 million d’éclosions françaises par semaine et moins de 900 000 dindonneaux mis en place.
Comment maintenir la qualité
Depuis la création de sa société d’accouvage en 1970, Pierre Le Helloco a toujours mis le sanitaire en tête des priorités, dans une démarche d’amélioration continue. Et il a transmis le virus à sa fille Estelle. Les colibacilles sont l’objet d’un programme de prévention vaccinale réalisé avec des autovaccins, à partir de deux ou trois sérotypes. Ces autovaccins concourent à une meilleure protection des dindonneaux commerciaux durant les premiers jours. Les E. coli candidats sont choisis avec le fabricant (Biovac-Ceva) à partir d’un panel de souches présentes sur des reproducteurs, des éclos et des animaux du terrain.
L’autre levier améliorateur de la qualité est la maîtrise de l’incubation. Un grand saut qualitatif a été franchi avec la construction du couvoir de Loudéac en 2005, dont la capacité a été étendue en 2010 et 2015. Le Helloco Accouvage a été le premier au monde à tester et à adapter la technologie Restore de Petersime conçue pour le poulet. Quelques heures de préchauffage des œufs stockés un certain temps permettent de récupérer du taux d’éclosion perdu avec le stockage. L’amélioration est en moyenne de 5,5 % selon Guy Whetherly l’expert de Petersime, « ce qui est considérable ». Le niveau de récupération varie avec la durée de stockage et l’âge des reproducteurs. « Nous généralisons cette technique, explique Estelle Le Helloco, car nous sommes persuadés que cela a aussi un effet positif sur les jeunes dindonneaux. »
P.L.D.