Le bien-être animal concerne aussi les filières label rouge et bio
La troisième édition
« Biosécurité label-bio » du Réseau Cristal* a mis l’accent sur la nécessité pour les productions sous signes de qualité de s’intéresser elles aussi au bien-être animal.
Depuis le 1er juillet 2010, les producteurs de poulet standard doivent appliquer la directive européenne sur le bien-être animal. Selon Jocelyn Marguerie, vétérinaire, membre du Réseau Cristal, le bien-être tel qu’il est défini par des critères objectifs (obligation de moyens et de résultats) pourrait aussi s’appliquer aux productions label rouge ou bio dans un futur qui n’est pas si éloigné. Avec des principes reposant sur un socle commun avec les productions standard : connaître la règle (formation et certificat), respecter un chargement (trois paliers en standard), maintenir les paramètres d’ambiance à certains niveaux (lumière, gaz, température), limiter la mortalité (3,1 % au maximum à 35 j en standard) et les lésions à l’abattoir. Si les producteurs standard ont intégré ces contraintes par l’échange de bonnes idées et une révision des fondamentaux de l’élevage, les productions label et bio doivent envisager une réflexion similaire, estime le vétérinaire. Néanmoins, l’uniformisation des procédures d’applications devra prendre en compte la diversité des modes de production.
Hervé Ameloot, médecin vétérinaire de MC-Vet Conseil, estime que « le bien-être animal, ce dossier « chaud » qui parle à toute la société, s’avère complexe à résoudre. Il doit être abordé dans toutes ses composantes, médicale, technique, sociétale ». Il rappelle que l’état d’harmonie ou d’adaptation entre l’animal et son environnement s’appuie sur cinq règles fondamentales, définies par les besoins physiologiques élémentaires (alimentation, boisson), l’environnement (confort de l’animal), le sanitaire (éviter les maladies et les blessures donc éviter la douleur), les effets psychologiques (la peur ou l’anxiété), et l’expression du répertoire comportemental de l’espèce.
Prendre en compte la douleur animale
En médecine vétérinaire, la prise en compte de la douleur a permis de réévaluer le ressenti réel des animaux. La montée au créneau des associations de protection animale a soutenu cette exigence nouvelle. Limiter l’intensité et l’impact de la douleur, vecteur de stress conduisant à la contre-performance en élevage, demeure un objectif constant. Supprimer les sources de douleur en évitant les manipulations, les contentions inappropriées ou les mutilations inutiles sont des lieux communs. « La formation des éleveurs, le choix des pratiques d’élevage, la certification et la communication sont des outils de réflexion et d’action, mis à disposition pour trouver des solutions acceptables, analyse Hervé Ameloot. Concilier l’optimisation de la production et le bien-être de l’animal en croissance, c’est tendre vers la labellisation de la bien-traitance. »
D’autres voies d’atténuation de la douleur sont explorées. Les moyens pharmacologiques apportent une réponse partielle, tout comme la sélection génétique, avec les travaux sur les aplombs, la résistance au stress, les troubles comportementaux.
Pas de fatalité pour les « petits maux »
Abordant concrètement le sujet, le vétérinaire landais Laurent Deffreix demande si « les petits maux quotidiens de l’élevage plein-air sont une fatalité ou y a-t-il des pistes conciliant bien-être et meilleures performances ? » Il y répond : « les picages, étouffements, griffures, prédations et maux de pattes sont souvent la manifestation de conditions d’élevage défaillantes ».
Dans le cadre du management général de l’élevage, il préconise un élément souvent jugé secondaire : le parcours enrichi et agroforesté. « Trop de parcours sont réduits à une simple aire d’exercice, alors qu’ils sont un support incontestable à la croissance des animaux et à leur bien-être. » La présence d’arbres et d’ombre, des surfaces assainies et réensemencées, améliorent considérablement le bien-être. Les ampoules de bréchet peuvent être liées à la mauvaise qualité d’un parcours (obstacles, perchage). Protéger le parcours réduit l’incidence des prédateurs.
La qualité de la litière demeure, elle aussi, un élément important du bien-être. La quantité initiale et sa qualité protègent les oiseaux du sol froid et de l’humidité.
La préparation à l’enlèvement se trouve favorisée par le « nettoyage » des plumes et des pattes.
Pour Laurent Deffreix, il n’y a donc pas de fatalité. « Il faut faire ce qu’on dit : respecter le cahier des charges. Objectiver le bien-être par des mesures. Communiquer davantage entre les maillons abattage et élevage pour réduire les petits maux. L’utilisation d’appareils de mesure d’ambiance apporte aussi des solutions intéressantes pour évoluer en positif. »
* Spécialisée en productions animales, l’association Réseau Cristal fédère dix-neuf entreprises vétérinaires qui mettent en place et développent des compétences professionnelles multiespèces, une politique « qualité » et des méthodes de travail harmonisées. Ses membres adhèrent à une charte, « le contrat de progrès ».
Une formation à la métrologie
Appliquée à l’élevage, la métrologie regroupe l’ensemble des techniques permettant d’effectuer des mesures (vitesse, température, humidité, pH…) qui caractérisent les facteurs intervenant sur l’élevage des animaux (air, gaz, eau, lumière…), de garantir
leur exactitude et de les interpréter.
Afin de mieux appréhender ces techniques et d’optimiser les conditions d’élevage, Réseau Cristal Services Formation peut proposer une formation à la métrologie. Le stage s’effectue sur une journée, partagée entre exposés, visites d’élevage et travaux pratiques (mesures, interprétations des résultats et mesures correctives des conditions d’élevage).