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En Bretagne : Un premier poulailler neuf « Dinde Côté jardin »

La Sarl Le Guernué, dans le Morbihan, vient de construire un bâtiment de dindes avec une véranda destinées à la marque "Dinde côté jardin" du groupe LDC. Outre une réponse à la demande sociétale de bien-être animal, les éleveurs attendent des gains techniques.

Avec une rémunération supplémentaire de 50 euros la tonne de vif, les associés de la SARL Le Guernué à Larre (56) ont fait confiance à l’organisation Huttepain Bretagne pour construire le premier bâtiment du groupement estampillé « Dinde Côté jardin ». Les trois gérants ont profité de l’opportunité pour s’engager vers la voie du bien-être animal tout en espérant des gains techniques en plus.

« Notre bâtiment précédent a brûlé. L’argent de l’assurance a été un plus pour nous lancer dans l’aventure, d’autant que les résultats techniques restent encore flous », commente Damien Hamon, l’un des gérants. Et son frère Romain de reprendre : « Néanmoins, l’espace supplémentaire doit permettre à la dinde de se rapprocher de son comportement naturel pour mieux exprimer son potentiel génétique. »

Pas de dégriffage ni de débecquage

 

 
<em class="placeholder">La paroi externe du jardin se compose d’une longrine béton de 80 cm de haut au maximum, d’un rideau brise-vent autorégulé (isolé ou non) et d’un grillage ...</em>
La paroi externe du jardin se compose d’une longrine béton de 80 cm de haut au maximum, d’un rideau brise-vent autorégulé (isolé ou non) et d’un grillage pare-oiseau en maille de 5 cm au maximum. © B. Plesse

Le bâtiment de 1680 m² (Coquelin bâtiment), dont 480 m² de « jardin », accueillera 9000 animaux avec la garantie d’une « volaille bien élevée ». La dinde dispose ici de 40 % de surface en plus (le cahier des charges en impose 30 % minimum), d’un milieu enrichi avec des objets à picorer et des perchoirs comme la charte Nature d’éleveurs, et surtout à partir de six semaines d’âge d’un accès à une véranda bénéficiant d’une aération naturelle et d’une visibilité vers l’extérieur. Ainsi par une densité plus faible (5,3/m² contre 7,5/m² antérieurement), l’espace clos supplémentaire doit sécuriser sanitairement le lot tout en apportant du confort aux animaux.

 

 
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La véranda doit représenter au minimum 30 % de la surface du poulailler (ici 40 %), sans abreuvement ni alimentation, seulement de l’éclairage. Sa toiture doit être isolée (4 cm au minimum). © B. Plesse

« Avec moins de stress, les bagarres sont peu fréquentes. Le dégriffage et le débecquage sont donc ici inutiles et interdits », précise Lise Josset, leur technicienne d’Huttepain Bretagne. La ventilation est stato-dynamique, avec des entrées d’air par des échangeurs de chaleur (Lead Leroy Concept) au tout début puis par les entrées d’air latérales, et une extraction par le lanterneau du bâtiment. La température de la véranda est régulée en fonction de l’âge par l’automatisation (Tuffigo-Rapidex) du rideau brise-vent.

 

 
<em class="placeholder">Les onze trappes d’accès au jardin mesurent ici 2,70 m de large pour 0,80 m de haut. Elles doivent être de  60 cm de haut minimum pour 2 mètres linéaires pour 100 m² ...</em>
Les onze trappes d’accès au jardin mesurent ici 2,70 m de large pour 0,80 m de haut. Elles doivent être de 60 cm de haut minimum pour 2 mètres linéaires pour 100 m² de bâtiment. © B. Plesse

Surcoût de 100 000 à 150 000 euros

Au total sur les 580 000 euros investis, environ 55 000 euros d’aides ont été accordés par le groupement Huttepain Bretagne qui participe à 30 % des investissements nécessaires pour répondre à la charte LDC-Nature d’éleveurs et le jardin à 50 %. Ici, Damien Hamon chiffre le coût du jardin à un peu plus de 90 000 euros.

 

 
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Les dindes doivent disposer de 20 m² de perchoir pour 1000 m² de bâtiment. © B. Plesse

« Pour un bâtiment neuf, le surcoût de la véranda est estimé à 100 000 euros contre 150 000 euros pour une extension sur un élevage existant », détaille Guillaume Gannat, chargé du développement et de la communication chez Huttepain Bretagne. Et de poursuivre : « À travers ce cahier des charges, notre objectif est de relancer l’activité de la dinde pour qu’elle reste dans notre planning en apportant un nouveau segment au marché. Néanmoins, ce dernier restera une niche. » Pour l’instant, au sein du groupement, trois bâtiments avec extensions sont en cours de construction et une dizaine d’autres projets en rénovation serait dans les tuyaux.

 

« Redorer l’image de la dinde en créant du plein air couvert »

 
<em class="placeholder">Yvan Le Nevé, responsable amont filière dinde et canard de la société bretonne de volailles (SBV).</em>
Yvan Le Nevé, responsable amont filière dinde et canard de la société bretonne de volailles (SBV). © B. Plesse

Avec la « Dinde Côté jardin », SBV souhaite remettre cette viande de volaille au goût du jour. Yvan Le Nevé, initiateur du cahier des charges, explique la démarche plus en détail.

Quelle est l’ambition de SBV à travers le cahier des charges « Dinde Côté jardin » ?

Yvan Le Nevé – « En créant ce nouveau cahier des charges mieux-disant sociétalement, qui est une extension de Nature d’éleveurs, l’objectif de SBV est de redorer l’image de la dinde avec plus de naturalité et de susciter le besoin auprès de nos clients en RHD. Nous pensons que c’est une matière noble qui peut toujours susciter l’intérêt auprès d’eux et notamment de la restauration collective. Ce cahier des charges nous permet aussi d’être éligible à la loi Egalim en restauration collective et de diversifier notre offre de volaille avec un prix plus raisonnable que la production bio ou fermière. »

Quels en sont les résultats techniques attendus ?

Y. L. N – « Depuis un an, les abattoirs SBV sont fournis par une dizaine de bâtiments en Bretagne et pour l’instant les résultats techniques sont très satisfaisants avec de meilleures croissances – trois jours sont au minimum gagnés sur le poids –, un rendement filet très bon, et moins de problèmes sanitaires. Néanmoins, nous attendons d’avoir une période plus longue pour valider ces bons chiffres. Même si du travail supplémentaire est demandé aux éleveurs, ceux qui ont souscrit à la démarche ne sont pour l’instant pas près de revenir en arrière car leur rapport à l’animal a changé. Ils témoignent de l’impression de ne plus produire des dindes, mais de les élever. »

Quels sont vos objectifs de croissance à moyen et long termes ?

Y. L. N – « Faire le plus possible de volume, tout en sachant que cela reste pour l’instant un marché de niche ! SBV souhaite se tourner vers ce type de production car il répond à une partie de la demande sociétale qui désire plus de bien-être animal. C’est aussi plus plaisant pour les éleveurs et cela apporte une meilleure image de la dinde qui doit être remise sur le devant de la scène. »
Rédaction Réussir

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