Mise en œuvre du plan de filière
L’interprofession de la volaille de chair Anvol en ordre de marche pour la reconquête du marché
Dans un contexte de consommation en hausse, l’interprofession Anvol réaffirme sa volonté de redynamiser ses filières, annonçant un besoin d’investissement de 2,7 milliards d’euros pour retrouver de la compétitivité et répondre aux attentes des consommateurs.
Dans un contexte de consommation en hausse, l’interprofession Anvol réaffirme sa volonté de redynamiser ses filières, annonçant un besoin d’investissement de 2,7 milliards d’euros pour retrouver de la compétitivité et répondre aux attentes des consommateurs.

Alors que la consommation globale de viande est en berne, toujours plus sujette à la controverse, la volaille fait figure d’exception. D’après les estimations de l’Itavi, chaque Français a consommé en moyenne 28,5 kg de viande de volaille en 2018, en hausse de 2,7 % par rapport à 2017 qui affichait déjà une progression de 3 %. Paradoxalement, l’an dernier, les achats par les ménages relevés par le panel Kantar, ont diminué dans pratiquement toutes les espèces sauf en canard à rôtir. Les habitudes de consommation évoluant, cela montre bien que c’est surtout la Restauration hors domicile (RHD) qui profite de l’augmentation de la consommation. Or, ce secteur est la principale porte d’entrée des viandes importées, principalement des Pays-Bas, d’Allemagne et de Belgique. Elles représentent un tiers de la consommation avicole française et 41 % du poulet consommé. Nouvellement réunies au sein de l’interprofession Anvol, reconnue officiellement en septembre 2018, les filières de volailles de chair entendent bien profiter de l’effet moteur de la consommation pour retrouver une dynamique et reprendre des parts de marchés sur les importations. Démarrée il y a deux ans, cette reconquête tarde pourtant à porter ses fruits. « La part des volailles importées n’a pas diminué mais s’est stabilisée », a reconnu Gilles Huttepain, du groupe LDC et vice-président de l’Anvol. « C’est surtout sur les gammes de produits transformés que l’on a davantage de difficultés, notamment sur le poulet pour la sandwicherie. Mais les grands groupes de restauration jouent le jeu de la volaille française. »
Investir dans tous les maillons
À l’occasion d’une conférence de presse, l’interprofession a rappelé son ambition de diminuer de 1 % par an la part des volailles importées pour l’abaisser à 23 % d’ici 10 ans. C’est l’un des deux objectifs majeurs du plan de filière — présenté l’an dernier au gouvernement — avec le développement des productions sous signes de qualité pour répondre aux attentes du citoyen-consommateur. Pour y parvenir, la filière estime les besoins d’investissement d’ici 5 ans à 2,7 milliards d’euros. L’essentiel (2,3 milliards) concerne la rénovation (1 million de m2) et le développement du parc de poulaillers, la modernisation des couvoirs et des bâtiments de reproducteurs. Les 400 millions restants sont affectés pour moitié à la spécialisation des sites d’abattage et aux investissements dans les ateliers de découpe et de transformation, pour mieux répondre à la demande des nouveaux circuits de consommation (RHD et produits transformés). Le financement se fera semble-t-il essentiellement par les entreprises et les éleveurs, avec le soutien des aides PCAE. « Nous mettions beaucoup d’espoirs dans le grand plan d’investissement qui avait été annoncé et qui aurait permis d’accélérer les investissements. Ils se feront, mais moins rapidement », regrette Jean-Michel Schaeffer, président de l’Anvol. L’interprofession a rappelé les objectifs de développement des productions sous signes de qualité d’ici 5 ans : + 15 % de volailles label pour atteindre 152 millions de têtes annuellement et + 50 % des volumes en bio pour passer de 10 à 15 millions de têtes par an. « Le développement en bio se fera en maintenant un lien au sol et une taille de bâtiment limitée », a souligné Éric Cachan, président du Synalaf. « La contractualisation amont pour développer les productions végétales biologiques sera encouragée. » En label rouge, il est aussi prévu de passer le taux de découpe de 30 à 50 % et la part d’exportation de 4 à 8 %. Une campagne de communication a par ailleurs démarré en 2018 et se poursuivra jusqu’à 2020 avec les autres filières viandes label rouge (budget de 2,3 millions d’euros/an). Le développement des achats de label rouge dépendra fortement de la mise en œuvre de l’ordonnance sur les promotions dans le cadre de la nouvelle loi Egalim.
Les espoirs déçus du grand plan d’investissement
En chiffres
La volaille en 2018
• 1,96 Mt de production dont 67 % en poulet, 20 % en dinde, 11 % en canard
• 23 % de part des poulets entiers dans les achats par les ménages (36 % en 2008) ; 48 % en découpe et 29 % en produits élaborés
• 1 poulet sur 4 est sous signe de qualité (15 % en label rouge, 8 % en certifié et 2 % en bio)
• 87 % des poulets prêts à cuire achetés par les ménages sont sous signes de qualité (62 % de label rouge, 15 % en certifié, 10 % en bio)
• À 55 %, le poulet standard reste majoritaire dans les achats de découpe, mais diminue au profit du certifié (29 %).