L’agrivoltaïsme s’implante sur les parcours des volailles
Émergeant depuis moins de cinq ans, l’agrivoltaïsme avicole – ou plutôt « l’aviphotovoltaïsme » – combinant la production d’électricité photovoltaïque à l’élevage de volailles en plein air, décolle à l’initiative d’investisseurs et d’équipementiers. Le mouvement pourrait prendre de l’ampleur car il répond à la nécessité nationale de développer les énergies renouvelables avec l’accent porté sur le photovoltaïque, de plus en plus compétitif. L’agriculteur a le choix entre deux modèles économiques, l’un en investissant, l’autre en apportant le foncier. À lui de faire son choix, sans a priori.
Émergeant depuis moins de cinq ans, l’agrivoltaïsme avicole – ou plutôt « l’aviphotovoltaïsme » – combinant la production d’électricité photovoltaïque à l’élevage de volailles en plein air, décolle à l’initiative d’investisseurs et d’équipementiers. Le mouvement pourrait prendre de l’ampleur car il répond à la nécessité nationale de développer les énergies renouvelables avec l’accent porté sur le photovoltaïque, de plus en plus compétitif. L’agriculteur a le choix entre deux modèles économiques, l’un en investissant, l’autre en apportant le foncier. À lui de faire son choix, sans a priori.
L’objectif de la loi de transition énergétique est qu’en 2030 la France puisse produire 40 % de son électricité grâce aux énergies renouvelables (ENR), notamment avec le solaire voltaïque. Ainsi, la dernière programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) prévoit une capacité photovoltaïque de 35 à 44 gigawatts (GW) en 2028 (37 % des ENR nationales), contre 20 GW en 2023 (27 % des ENR). C’est un doublement en cinq ans !
Une réponse globale aux enjeux climatiques
Dans ces conditions, toutes les options de développement sont explorées par les pouvoirs publics, en commençant par les plus compétitives, à savoir les centrales au sol de grande dimension. L’objectif affiché par la PPE est d’aller progressivement vers leur déploiement sans subvention.
Actuellement, ces installations d’une puissance supérieure à 500 kilowatts crête (kWc) doivent remporter un appel d’offres de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) qui propose un prix du mégawattheure (MWh) pendant vingt ans. Ces projets concernent les terrains déjà artificialisés ou dégradés, les très grandes toitures, les parkings, mais pas les terres agricoles où c’est interdit.
Les surfaces non agricoles ne suffiraient pas à satisfaire rapidement les ambitions de la PPE. C’est de cette urgence qu’est née la loi pour l’Accélération des énergies renouvelables (AER), incluant l’agrivoltaïsme, ce nouveau concept associant agriculture et photovoltaïsme pour « contourner » la réglementation précédente.
Des interrogations zootechniques
La loi AER qualifie et encadre pour la première fois l’agrivoltaïsme. Elle ne fait qu’acter un mouvement qui prend de l’ampleur. Mais que sait-on des avantages et des inconvénients de l’agrivoltaïsme, notamment pour l’élevage ?
Les installations agrivoltaïques sont conçues pour atteindre les prévisionnels énergétiques. Quant aux impacts agronomiques ou zootechniques, ils sont davantage flous, vu le très petit nombre d’installations suivies.
Des essais sont lancés pour les ovins et ruminants, et ce ne sont que les prémices en volailles. Les attentes sont spécifiques, dans la mesure où la vocation du parcours n’est pas fourragère ou agronomique, mais agroforestière en privilégiant la protection et le confort des volailles. Le terme « aviphovoltaïsme » serait d’ailleurs plus approprié. L’Itavi a commencé une pré-étude en 2022, à la demande d’un développeur (NovaFrance Energy) et lance deux projets d’étude. L’unité expérimentale « systèmes d’élevage avicole alternatifs » de l’Inrae va démarrer le suivi d’un élevage de poulets dans une installation de Technique solaire. Les investisseurs ont besoin d’arguments pour convaincre les aviculteurs du bien-fondé de leur démarche et répondre aux interrogations des aviculteurs.
Une pluralité de modèles économiques
Deux options sont aujourd’hui possibles pour les aviculteurs qui s’intéressent à l’aviphotovoltaïsme. Ils peuvent décider d’investir eux-mêmes dans des installations de moins de 500 kWc, comme celles de Triangle élevage. Leur production électrique sera vendue aux tarifs réglementés et/ou autoconsommée. Avec la baisse des coûts des panneaux, cette option peut s’avérer intéressante si l’éleveur a la capacité financière ou est suivi par sa banque.
Les aviculteurs peuvent aussi choisir de mettre leur parcours à la disposition d’un développeur commercial, en échange d’une location ou d’un apport initial (soulte), sachant qu’à la fin du contrat emphytéotique de trente ans ils deviendront propriétaires des installations. Ce dispositif peut intéresser ceux souhaitant donner la priorité à d’autres investissements, ou n’ayant pas la capacité financière, ou encore souhaitant bénéficier d’un apport gratuit (bâtiment, équipements…). La dimension des projets peut varier de 100 kWc à plusieurs mégawatts crête. Pour l’instant le nombre d’opérateurs vraiment engagés est restreint (Nova France Energy et Technique solaire), mais la palette s’élargira. Les développeurs comme Irisolaris, Photosol, UNITe ont déjà planché sur des dispositifs adaptés aux élevages avicoles ; d’autres, comme Solewa, attendent que la réglementation se précise.
« 2 % de la SAU française en agrivoltaïsme (500 000 ha) produirait autant que le parc nucléaire français » selon Christian Dupraz, chercheur Inrae et président de l’association mondiale d’agroforesterie
Peu d’intervenants en volailles
Encore peu nombreuses, quelques entreprises ont fait connaître leur intérêt pour équiper les parcours des volailles (liste non exhaustive) :