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La France épargnée par le Fipronil

L’usage massif de Fipronil en Belgique et aux Pays-Bas, déstabilise ces deux pays mais booste les cours européens des œufs.

La hausse des prix est liée à la non mise en circulation d'œufs contaminés en Fipronil au Bénelux, mais aussi en Europe de l'Est.
© CNPO

La production française d’œufs a eu de la chance mais le boulet n’est pas passé loin. De la chance, car le produit miracle mais frauduleux de la société Chickfriend, n’a pas circulé en France, à l’exception d’un élevage près de la Belgique. Les enquêtes DDPP dans tous les élevages ont démontré l’absence d’usage du produit dans tous les élevages (1). Si cela avait été le cas, le scandale aurait été tout aussi retentissant, car depuis septembre 2016 le système de contrôle français n’a pas détecté d’anomalie dans les œufs contaminés importés. De la chance, car le manque d’œufs en Belgique et aux Pays-Bas affole les marchés européens, notamment celui de l’œuf destiné à l’industrie. L’œuf indemne de Fipronil est très recherché. Début septembre, les prix d’achat en libre étaient supérieurs aux prix de vente de l’entier liquide, comme lors de la pénurie de 2012. D’où la revalorisation urgente des contrats de vente demandée par le syndicat des transformateurs (Snipo).

Catastrophe en Belgique et aux Pays-Bas

Au Benelux, la situation des éleveurs est toute autre. Environ 12,5 millions de poules et poulettes contaminées sont à euthanasier, dont environ 2,5 millions en Belgique (au moins un quart du cheptel). Des élevages sont en mue, mais sans garantie de résultat car le Fipronil est stocké dans la graisse et persiste longtemps dans les élevages. Les protocoles de décontamination sont compliqués et les coûts exorbitants, mais incontournables pour espérer produire encore. Les élevages vidés manquent aussi de poulettes saines.

Dans ces conditions, ces filières mettront du temps à repartir et les cours européens pourraient rester hauts durant des mois, à moins d’importer de pays « sains ». En Belgique, les frais d’élimination par incinération (volailles, œufs et fientes) et leur valeur seront pris en charge par l’État. Pas aux Pays-Bas. Les frais de rappel de produits, réalisés si le taux dépasse un seuil aigu, sont théoriquement à la charge de l’éleveur qui a livré les produits non conformes. Des discussions sur l’indemnisation du manque sont en cours en Belgique (pas aux Pays-Bas), mais elles dépendent du feu vert de la Commission. Faute d’être payés pour les produits frauduleux livrés, des éleveurs et des intermédiaires risquent la faillite.

Plan d’actions européen

Officiellement, peu de pays européens sont concernés par l’usage illégal du Fipronil dans leurs élevages : la Belgique (93 fermes bloquées fin août), les Pays-Bas (281 fermes), l’Italie (7 fermes), l’Allemagne (7 fermes), le Luxembourg (2 fermes), la France (1 ferme). Mais, "étrangement", 26 États membres de l’Europe sont concernés par la présence d’œufs ou ovoproduits contaminés sur leur territoire. Le système d’alerte européen (RASFF Portal) mentionne aussi des contaminations sur des œufs de Bulgarie, de Roumanie, de Pologne et de Slovaquie. Le 26 septembre, le commissaire européen à la santé a annoncé un plan d’actions pour éviter de nouveaux scandales, à la demande de plusieurs pays membres dont la France. Il s’agit d’améliorer les échanges d’information entre les États membres, notamment avec des « officiers de liaison nationaux ». Le système d’alerte européen existe, mais la communication se fait mal.

(1) 45 élevages ont utilisé de l’amitraz autorisé pour traiter les ectoparasites des ruminants (Taktic par exemple).

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