Jonathan Lalondrelle - « En 2014-2015, nous étions sur une production record. Puis il y a eu un tassement de la consommation et des arrêts d’éleveurs (retraite). La production a baissé pendant le Covid alors que la consommation augmentait.
Tous nos repères ont été chamboulés. Enfin, la guerre en Ukraine a très fortement accentué la baisse de consommation Label rouge et accru les coûts de production. Parallèlement, les GMS ont conservé leurs marges et ne prennent plus de risques. La disparition du bio des étals en six mois a été le signal d’alarme. »
Existe-t-il un écart entre l’offre et la demande ?
J. L - « L’offre est cohérente avec la demande, mais nos abattoirs sont au bord de leur seuil de rentabilité. En parallèle, il y a eu une absence de développement pour assurer le renouvellement des élevages. L’élevage label n’étant pas l’atelier principal, nous risquons une décroissance de la production, d’autant qu’elle n’attire plus dans cette conjoncture. »
Les producteurs iraient-ils vers le poulet standard ?
J. L - « Non. En revanche, ils peuvent produire du Free range ou du poulet de 42 jours avec une densité à 17 à 18 volailles dans les bâtiments. C’est une adaptation sans prise de risque. À tout moment, on peut repasser en Label rouge. La difficulté, c’est d’y sensibiliser le consommateur français. Il est habitué soit à la qualité du Label rouge soit au standard, et pas à un produit intermédiaire. »
Quelles sont les solutions pour faire évoluer les élevages ?
J. L - « L’Airvol veut préserver le Label rouge tout en explorant les pistes permettant une meilleure rémunération des éleveurs. Rendre un bâtiment polyvalent (ventilation, brumisation, ajout d’une alimentation) est moins coûteux que d’investir dans du standard. Des essais sont en cours dans le Sud-Ouest. J’en ai conduit un sur mon exploitation et ça s’est très bien passé avec des poulets à croissance intermédiaire. Plus rémunératrice que le Label rouge et plus technique, cette production demande aussi plus de temps de travail. À partir du 1er juillet, le nouveau PCAE de la région Nouvelle-Aquitaine soutiendra les investissements dans les bâtiments et 4 millions d’euros seront alloués par an sur quatre années. »
(1) l’Association interrégionale des volailles maigres en Nouvelle-Aquitaine