Groupe LDC : carton plein en 2021-2022 et fortes ambitions d'ici 2027
Après 21 ans à la tête de LDC, Denis Lambert passe la main sur des résultats records. Son successeur Philippe Gélin a en partie dévoilé l’objectif de croissance à cinq ans.
Après 21 ans à la tête de LDC, Denis Lambert passe la main sur des résultats records. Son successeur Philippe Gélin a en partie dévoilé l’objectif de croissance à cinq ans.
Denis Lambert ne pouvait pas rêver meilleure sortie pour sa dernière présentation des résultats annuels au Palais Brongniart où siège la Bourse de Paris. L’alignement de tant de bons résultats ferait pâlir d’envie plus d’un dirigeant agroalimentaire.
En 21 ans sous sa présidence, LDC est devenu le leader incontesté du marché français de la volaille en se développant de 8 % par an, moitié par des acquisitions, moitié par de la croissance interne. Il a élargi l'activité volaille à l’international et est devenu numéro 2 des produits Traiteur en rachetant la société Marie.
Le groupe sarthois a multiplié son chiffre d’affaires par cinq (5,07 milliards d’euros), son Ebitda par six (399 millions d’euros) et ses capitaux propres par dix (1,7 milliard d’euros).
Une année « très bonne et inattendue »
L’exercice 2021-2022 (mars à février) est un des meilleurs crus, malgré un contexte perturbé par la hausse des matières premières. Grâce à la progression des trois pôles (Volaille France, Volaille international, Traiteur), l’activité globale augmente de 14,5 % en valeur (5,1 milliards) et de 7,3 % en volumes. La performance économique suit avec un Ebitda en hausse de 11 % (399 M€) et un résultat net de 165 M€ (équivalant à 144 € par tonne vendue, tous produits confondus).
Selon le directeur financier Laurent Raimbault « ces très bons résultats s’expliquent par l’augmentation de nos tarifs, le redémarrage de la restauration hors domicile et de l’export, ainsi que par l’intégration totale ou partielle d’activités reprises (Ronsard en France, Marnevall en Hongrie, Cap stone au Royaume-Uni). »
À 3,4 milliards et +12,7 %, c’est l’activité du pôle Volaille France qui progresse le moins. Intégrée dans LDC Amont, l’activité « œufs » a eu du mal à répercuter des hausses de prix. Ce qui se ressent sur le résultat opérationnel courant de l’amont qui baisse. Par ailleurs, si le rachat de Ronsard a permis d’apporter 28 000 tonnes de ventes supplémentaires, sa reprise a aussi inclus 12 M€ de pertes. L’activité Volaille France voit son résultat opérationnel stabilisé grâce aux hausses tarifaires de 15 % passées en cinq fois sur l’exercice. Les dix pourcents supplémentaires obtenus au 1er mai impacteront l’exercice en cours. D’autres hausses sont en cours de négociations, en traiteur (+16 %) et en volaille (+10 %).
Quant au pôle international, il a bénéficié de hausses tarifaires, d’un marché plus porteur en palmipèdes et d’un positionnement différencié (poulet plein air, produits élaborés) construit à partir du modèle français pour une clientèle locale.
Le pôle traiteur engrange les bénéfices des efforts des années précédentes sur les investissements, l’innovation (recettes, Nutriscore) et le marketing.
La végétalisation au nouveau menu
Le passage de relais entre Denis Lambert, issu des actionnaires sarthois fondateurs, et le costarmoricain Philippe Gélin embauché en 1996, est l’occasion pour LDC de lancer une nouvelle stratégie de développement. L’objectif est d’atteindre les 7 milliards de chiffre d’affaires en 2026-2027.
Cela ne passera plus seulement par la viande. Issue d’un brain storming interne élargi, la nouvelle vision stratégique intègre trois composantes explique Philippe Gélin : « continuer à attirer des collaborateurs, s’engager plus dans la démarche de durabilité des activités (environnement, bien-être animal, bien nourrir…) et accroître notre offre végétale. » Par exemple, le groupe va créer une structure de formation interne pour ses 180 métiers. Sur la Responsabilité sociale et environnementale (RSE), les efforts portent notamment sur l’élevage (68 % des éleveurs sont Nature d’Éleveurs), sur les produits (93 % en Nutriscore A, B ou C) et sur l’environnement (valoriser les déchets, économiser l’eau…).
Pour conquérir les consommateurs de plus en plus flexitariens, la végétalisation passe par le développement des alternatives à la viande (passer de 3 000 à 10 000 t), et par plus de produits traiteur 100 % végétal. Concrètement, LDC veut devenir le numéro un en occupant tous les segments du marché Traiteur. Il lui manque encore les pâtes fraîches et les salades.
Pour autant, LDC n’abandonnera pas les activités volailles qui vont s’internationaliser. Le groupe ne compte plus sur le marché français de la volaille de chair pour croître fortement (+17 % programmés), sauf dans les produits élaborés à base d’œuf où il se fait la main à petite échelle. En revanche, ses ambitions de croissance sont clairement européennes, avec le projet de doubler le pôle international en cinq ans, en acquérant des entreprises similaires : familiales, bien gérées ayant des produits différenciants et un encadrement stable. La saga LDC est loin d’être terminée, avec une équipe de dirigeants affichant tous 20 à 25 ans chez LDC, mais rajeunir et féminiser les équipes dirigeantes fait aussi partie de la feuille de route.