Grippe aviaire : Capacités d’accouvage des canards très fortement dégradées en Pays de la Loire [mise à jour le 22 décembre ]
Situés dans les départements les plus touchés par les virus de l'influenza aviaire (70% des foyers au 15 décembre), les accouveurs de canetons paient une fois de plus un lourd tribut, pouvant déstabiliser l'ensemble des filières canards.
Situés dans les départements les plus touchés par les virus de l'influenza aviaire (70% des foyers au 15 décembre), les accouveurs de canetons paient une fois de plus un lourd tribut, pouvant déstabiliser l'ensemble des filières canards.
Au 15 décembre, le nombre de foyers déclarés (hors basses cours) a dépassé le seuil des 200 signalements (voir détail en pièce jointe), avec un mois d’avance par rapport à la précédente épizootie 2021-2022. Soixante-dix pourcents des foyers en élevage se situent dans trois départements : la Vendée (83), le Maine et Loire (32) et les Deux Sèvres (30). Le sud-ouest est épargné jusqu’à présent, à l’exception de 7 cas en Dordogne.
Selon Yann le Pottier, directeur général de Grimaud Frères, l’épizootie d’influenza aviaire en cours dans les Pays de Loire met à mal le maillon accouvage-sélection depuis deux-trois semaines. Interrogé par Réussir Volailles le 16 décembre, il a indiqué « qu’au moins 50 % des canes reproductrices sont touchées par le virus. » De sorte que la fourniture de canetons sera fortement impactée dans les semaines et mois à venir, en canards de chair comme en canard à foie gras.
Ces propos sont confirmés par des éléments diffusés au conseil d'administration du Cifog le 20 décembre. Le nombre de foyers du 1er juillet au 8 décembre avait atteint 13 lots en reproducteurs Barbarie (98 000 animaux) et de 24 en reproducteurs Pékin (120 000 animaux). Un lot de 900 Grand parentaux Pékin a été atteint le 18 décembre. Pour la filière à foie gras, ces pertes représentaient 21 % du potentiel national.
La proportion de cheptels reproducteurs atteints semble plus importante qu’en février-mars : 37 à comparer à 52 en canards à rôtir, 30 en prêts à engraisser et 13 en engraissement. « Peut-être parce que les foyers sont mieux renseignés ou qu’il y a moins de canards commerciaux en élevage (NDLR : par manque de canetons) », avance le directeur. Beaucoup de ces cheptels sont des canes en début de ponte qui proviennent d’élevages situés hors zones réglementées. Une charge virale très forte combinée à une période plus stressante pour les reproducteurs (la montée en ponte) expliquent peut-être cette hécatombe. Selon Ségolène Guerrucci, du Syndicat national des accouveurs, l’Anses a été sollicitée pour enquêter.
Ce nouvel épisode va faire mal aux accouveurs de palmipèdes des Pays de la Loire, déjà très affectés par la vague précédente. Ayant perdu 80 % de leurs reproducteurs, ils ont dû réinvestir avant de toucher les aides de l’Etat (le guichet de dépot des demandes est ouvert au maillon accouvage-sélection depuis le 16 décembre). Là, ils sont touchés avant même d’avoir commencé à rentabiliser les troupeaux. Par ailleurs, ils ont été obligés de sacrifier la moitié des canetons éclos, à la suite des interdictions de livraison émanant des DDPP des élevages destinataires.
« Malgré tout cela nous devons réfléchir à comment reconstituer nos futurs troupeaux, si l’on veut que les filières canard de chair et à foie gras puissent continuer à fonctionner dans quelques mois, souligne Yann Le Pottier. Et sans aucune avance de l’Etat pour l'instant. »
"Un plan de sauvegarde de la génétique est en cours de finalisation" a admis le 22 décembre le cabinet du ministre de l'agriculture lors d'une conférence de presse distancielle précédant la visite du ministre en Vendée en fin d'après midi. Plusieurs pistes de travail seraient explorées : obtenir que les DDPP ne bloquent plus les canetons allant d'une zone réglementée vers une zone indemne ; protéger les sites de sélection indemnes en dépeuplant prioritairement autour, voire demander une vaccination d'urgence avec les vaccins expérimentaux restés par l'Anses ; transférer en zone indemne les lots de reproducteurs qui peuvent l'être ; enfin aider financièrement les accouveurs et sélectionneurs (ou rassurer les banques) pour qu'ils puissent relancer l'élevage de la génération de remplacement indispensable pour les deux filières canards.