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Gérer la biosécurité en circuit court et en autarcie

La Confédération paysanne a conçu un guide, validé par les pouvoirs publics, qui permet aux petits éleveurs de concilier biosécurité et agriculture paysanne.

Les crises sanitaires ont fait prendre conscience aux filières longues mais aussi aux circuits courts, qu’il fallait réviser certains modes de fonctionnement. « Nous avons rapidement compris qu’il fallait communiquer sur nos méthodes de production, différentes de celles de la filière longue, rapporte Sylvie Colas, éleveuse de poulet de chair bio à Lectoure et porte-parole de la Confédération paysanne du Gers. Et nous positionner pour faire valoir notre ligne de conduite. » Partie prenante du long processus de discussions sur les mesures de biosécurité entre professionnels et administrations, le syndicat paysan a « fait des propositions pour aboutir à des règles acceptables et adaptables inhérentes à nos spécificités que sont l’autarcie et le circuit court et à nos méthodes : élevage multiespèces, en bandes multiples, en plein air, avec des volumes beaucoup plus faibles. » C’est ainsi qu’est né le guide de biosécurité qui a été validé par la direction générale de l’alimentation durant l’été 2018. Il s’applique uniquement aux fermes autarciques, en circuit court, et assujetties au règlement sanitaire départemental (RSD). La première partie du guide reprend les points de la réglementation, sur lesquels l’éleveur doit se positionner et s’adapter. « Dans une agriculture paysanne, rien n’est standardisé, souligne Sylvie Colas. Les éleveurs en circuit court sont tous différents. C’est à chacun de trouver sa solution, tout en respectant la règle. » La notion de sas sanitaire par unité de production a été assouplie. « Dans une exploitation autarcique, un sas général en dur situé à l’entrée de la zone d’élevage peut être suffisant. » Les règles de protection des zones d’élevages restent identiques, notamment le respect de la « marche en avant » pour gérer son travail quotidien (commencer toujours par les jeunes volailles ou les endroits susceptibles d’être peu contaminants). Concernant le nettoyage-désinfection-vide sanitaire des bâtiments et parcours, « une expérimentation est menée avec des vétérinaires pour mieux évaluer certains procédés comme le flambage, la vaporisation d’huiles essentielles et de flores bactériennes. »

Apprendre à s’autocontrôler

Le fonctionnement permanent en bandes multiples a été une pierre d’achoppement des discussions avec les pouvoirs publics. Sylvie Colas considère qu’elles sont nécessaires pour vendre des produits frais. En revanche, le syndicat a accepté la séparation des lots de palmipèdes et de gallinacés, ainsi que la possibilité de détenir au maximum trois lots de palmipèdes dans le même local de gavage avec un écart d’âge (au maximum 15 jours avec 200 animaux par tiers). « L’obligation de claustration n’a pas été retenue, en argumentant sur le risque sanitaire dû au mélange des âges des bandes multiples. En cas de risque influenza avéré, c’est à l’éleveur de choisir de réduire la taille de ses parcours, voire d’établir des volières. » Les protections contre l’avifaune sauvage, le stockage de la paille, la gestion des flux (avec des livraisons moins importantes en autarcie), ainsi que le plan de lutte contre les nuisibles sont appliquées sans modification de l’arrêté biosécurité. Pour les petits élevages, la gestion des effluents s’organise à l’identique, mais pour les volailles mortes « la solution du bac d’équarrissage nous semble inappropriée aux dimensions de nos élevages. Nous envisageons de mener des expérimentations sur le compostage et l’incinération des cadavres. » L’éleveur indépendant doit tenir son cahier d’élevage à jour. Sylvie Colas considère l’autocontrôle quotidien nécessaire pour surveiller l’état sanitaire de ses volailles. Elle se veut confiante pour l’avenir. « Nous avons construit un plan conforme à nos spécificités, il permet à l’éleveur responsable de s’inscrire dans une démarche globale de protection. Certes la part administrative s’alourdit considérablement, mais cela démontre que le professionnalisme ne se mesure pas seulement à la dimension des élevages. Ce qui nous importe c’est de concilier la qualité des productions et la préservation de l’identité d’un monde rural. »

 

Simon Graf a renforcé ses pratiques sanitaires

Simon Graf exploite une ferme en polyculture-élevage bio à Estipouy dans le Gers. Il produit en complète autonomie alimentaire et vend en circuit court 18 000 poulets, 1 500 volailles festives et 500 pintades par an livrées aux magasins bio de la région toulousaine et de sa proximité pyrénéenne. Simon doit assurer les commandes chaque semaine, « aussi les bandes multiples sont une nécessité vitale », confie l’éleveur.

Les deux crises d’influenza ont eu un impact sur la ferme du Poc, d’autant qu’au premier épisode elle a été englobée dans une zone de protection rapprochée. « Les deux épizooties m’ont conforté sur la nécessité d’un fonctionnement basé sur l’autarcie maximale et de mieux fiabiliser ma zone d’élevage. » L’éleveur souligne qu’il faisait déjà de la biosécurité avant les crises : rotation longue des parcours, désinfection et nettoyage des cabanes, plan antirongeurs, respect des bonnes pratiques d’élevage. « J’ai rapidement compris que nous devrions aller plus loin. J’ai donc suivi la toute première formation en biosécurité pour prévoir mon plan d’action ».

En profiter pour réorganiser son site d’élevage

Aujourd’hui, Simon a partagé son élevage de 15 hectares en trois unités de production (UP), séparées par des routes. Les trois UP sont entourées d’un grillage permanent. Une aire de lavage et désinfection est en cours de réalisation. Concernant les sas sanitaires, « j’avais déjà un sas. Maintenant, je mets en place un sas par unité de production, sous la forme d’un chalet aménagé. Je souhaitais une solution mariant efficacité et intégration paysagère. » Simon Graf ne regrette pas cette remise en cause qui lui a permis de réorganiser son site. « C’est un investissement important, de l’ordre de 30 000 euros (clôture, sas, aire de lavage), mais il sécurise mieux notre production basée sur le plein air et le multiâge. En cas de risque élevé, je peux réduire la taille des parcours avec des filets électriques. Voire claustrer les bandes par âge, même si le propre des cabanes, c’est d’élever des animaux en plein air pour sortir un produit de qualité supérieure. »

 

Au RSD jusqu’à 714 mulards gavés ou 5000 poulets

Le règlement sanitaire départemental (RSD) concerne les fermes abritant moins de 5000 volailles, animaux équivalents présents et/ou dont la surface des bâtiments est inférieure à 750 m2. Au-delà, elles sont soumises à la réglementation Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). L’animal équivalent varie selon l’espèce : un en poule, poulet, faisan, pintade, deux en canard de chair, 3 en dinde et oie, 7 en palmipèdes en gavage.

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