Aller au contenu principal

Entretien avec le président de l'Anvol : « Pour les filières avicoles, 2022 est l’année des inédits »

La filière volaille encaisse la hausse des intrants agricoles et de l’énergie, la grippe aviaire, la guerre russo-ukrainienne, les dérèglements climatiques, mais elle veut rester optimiste explique Jean-Michel Schaeffer, président de l'interprofession de la volaille de chair.

Entretien avec le président de l'Anvol : « Pour les filières avicoles, 2022 est l’année des inédits »
© ADocom

Quelle est la bonne nouvelle à retenir en cette rentrée d'automne ?

Jean-Michel Schaeffer.
 
Il faut se féliciter que la France soit redevenue la championne d’Europe de la consommation de viandes de volailles en 2021 avec 28,5 kg par habitant. La consommation a globalement augmenté de 2,1 % (+3,6 % par an depuis dix ans), avec le poulet qui se taille la part du lion à 76 %. Seul, le Royaume Uni aurait fait mieux que nous en restant dans l’UE. Par ailleurs, la volaille reste la viande la plus abordable en termes de prix. La filière est armée pour répondre à cette demande et pour affronter les difficultés.

Certes la consommation augmente, mais que devient la production ?

J-M. S.
 
En raison de l’épizootie d’influenza aviaire, la production de chair devrait reculer de 9,7 % en 2022 par rapport à 2021. Douze millions de volailles de chair ont été abattues pour freiner l’épizootie et beaucoup d’autres non produites à la suite des restrictions sanitaires ou des manques d’oiseaux d’un jour. L’impact est très inégal selon les espèces. Les plus touchées seront le canard à rôtir (-30,3 %) et la pintade (-17,7 %), mais aussi la dinde (-17,7 %) qui est passée après le poulet pour redémarrer après l’influenza. Le poulet reculera de 3,3 %. L’interprofession estime les pertes liées à la grippe à environ 500 millions d’euros (M€), dont 370 M€ en sortie d’élevage et 110 M€ d’exportation de génétique.

Si la production baisse, c’est que les importations augmentent…

J-M. S.
La filière ne profite pas à plein de la reprise de consommation, de plus en plus approvisionnée par les importations européennes. Sur les cinq premiers mois de 2022, l’import représente 49,6 % de la consommation française de viande de poulet (44,3 % en 2021). Il vient principalement de Pologne (+22 %) et de Belgique (+21 %) où une part importante est originaire de pays Tiers. Ce qui nous inquiète le plus, c’est la déferlante ukrainienne vers l’UE de poulet à bas prix. On enregistre + 96 % au 1er semestre (72 400 tonnes d’équivalent carcasse), alors que le quota annuel sans taxe était de 70 000 tec. L’import direct vers la France augmente de 122 % mais il est faible (1 900 tec). Je dis « était », car depuis le 24 juin les vannes sont ouvertes pour le seul opérateur MHP. L’aviculture européenne est piégée par la suspension des droits de douane sur le poulet ukrainien, décidée pour une année. On s’attend à dépasser 150 000 tec en 2022.

Quelles sont les perspectives en termes de coûts et de prix ?

J-M. S.
 
Dans le cadre des négociations commerciales, depuis deux ans la filière volailles a déjà fait passer 30 à 35 % de hausses de prix aux distributeurs pour couvrir les hausses de matières premières. Mais cela ne suffira pas, en raison de la flambée de l’énergie qui touche tous les maillons. Après le premier mur des matières premières est arrivé le deuxième mur de l’énergie d’intensité variable selon les éleveurs et les entreprises. Nos premiers chiffrages (à affiner) seraient d’obtenir encore 5 à 7 % de revalorisations d’ici la fin de l’année pour juste compenser cette hausse.

Les hausses des prix de vente vont-elles se répercuter à l’amont ?

J-M. S.
 
C’est une nécessité, car sinon la contractualisation est en danger. Pour le moment, les organisations de production absorbent les hausses des coûts alimentaires, mais se retrouvent dans le rouge. Bientôt, ce sera le tour des éleveurs impactés directement par les hausses du gaz et de l’électricité. Officiellement il n’y a pas eu d’ouverture de négociations, mais le maillon aval va devoir bouger s’il veut abattre suffisamment de volailles en fin d’année. Sinon des éleveurs pourraient ne pas mettre en place de volailles.

Curriculum

Jean-Michel Schaeffer est éleveur de poulets label rouge en Alsace. Président de l’interprofession de la volaille de chair (Anvol), il est aussi président de la Confédération française de l’aviculture (CFA) et de l’Itavi.

Les plus lus

Confirmation d'influenza aviaire dans un élevage breton

Le premier foyer d'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) de la saison 2024-2025 est confirmé ce mardi 13 août dans un…

Huit ans après son premier poulailler dynamique produisant essentiellement du poulet, Clémence Bellanger récidive avec un statique donnant accès à une véranda.
« Je suis passée du dynamique au statique dans mon poulailler avec jardin d'hiver»
Productrice de dindes et de poulets avec un bâtiment dynamique créé en 2016, Clémence Bellanger a construit un second poulailler…
Jérôme Chasles espère amortir en cinq ans son installation de récupération d’eau de pluie qui lui aura coûté 15 000 euros.
Consommation d'eau en volailles : "Je réduis ma facture en récupérant l'eau de pluie"

Pour abreuver ses vaches à moindre coût, l’éleveur breton Jérôme Chasles a installé une citerne souple et un traitement de l’…

Graphique : En 2022, le parc de bâtiments, stable en Label, s’est à nouveau contracté en standard et certifiéÉvolution du parc de bâtiments en volailles de chair ...
Le parc de bâtiments de volailles de chair s’est contracté en 2022
L'enquête bâtiment réalisée par l'Itavi aide à suivre l'évolution du parc de poulaillers de chair, en tenant compte des…
Graphique : Schéma du montage du système Ekorain d’OcènePrêt à brancher et à fonctionner, le container Ekorain assure toutes les étapes de la potabilisation de ...
Hygiène : Un traitement pour changer l’eau de pluie en eau de boisson pour l'élevage 

La société Ocene commercialise un module de traitement à base d’ultrafiltration, spécifiquement destiné à potabiliser l’eau de…

Nouveaux visuels, affichage, spot radios et TV, Galliance met le paquet sur la communication.
Galliance : « Notre relance en volailles Label rouge s’appuie sur un ancrage régional »
Durement impacté par la grippe aviaire, deuxième opérateur de la volaille mais troisième en Label rouge, Galliance joue la carte…
Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)