Enquête avicole : Les marges brutes se sont redressées en 2021
L’enquête avicole de 2021 montre une amélioration générale des marges poussin-aliment et brute qui rattrape ou dépasse celles de 2020. Mais, les résultats de l’année 2022 seront sans doute moins bons.
L’enquête avicole de 2021 montre une amélioration générale des marges poussin-aliment et brute qui rattrape ou dépasse celles de 2020. Mais, les résultats de l’année 2022 seront sans doute moins bons.
Les chambres d’agriculture ont publié mi-février leur enquête avicole portant sur les lots de volailles de chair produits en 2020 en Bretagne (282 000 m²) et dans les Hauts de France (67 000 m²). La région des Pays de la Loire est encore absente de l’enquête, exceptée la Mayenne (8 400 m²) revenue en 2021. Avec un retard de parution lié à la grippe aviaire qui a freiné la collecte des informations techno-économiques auprès des 153 éleveurs.
Des références sont établies sur les productions de pintade, de canard et sur les volailles labellisées. Elles sont détaillées dans le document de synthèse, mais non présentées ici. Les résultats détaillés concernent la dinde et le poulet, lui-même segmenté en deux productions, « export » et « lourd ». Le petit poulet breton de moins de 1,6 kg est l’exception qui confirme la règle d’un marché évoluant vers du poulet lourd à découper. Produit exclusivement pour le Proche et Moyen Orient (environ 80 000 tonnes par an), le poulet congelé en pièce entière mise sur le haut de gamme et la notoriété de la marque Doux, résiste bien face aux Brésiliens.
Marquée par la Covid, l’année 2020 faisait craindre aux analystes des chambres d’agriculture une année 2021 « préoccupante ». Il n’en a rien été car les résultats économiques sont repassés au vert, grâce aux performances techniques.
Nette amélioration en poulet export
Désormais, les poulets export sont majoritairement de souche JA. L’abandon rapide du poulet à croissance rapide s’est d’abord traduit par un tassement des performances (indice de consommation notamment) et par un recul des marges. Cet écart est en cours de rattrapage depuis trois ans (baisse de l’IC), sans toutefois parvenir à le combler totalement. En 2021, la marge poussin-aliment (PA) a fait un bond de 13 % (+1 euro par mètre carré et par lot) et la marge brute de 17 % (baisse des charges variables de 4 %). En revanche, si l’IC s’améliore (-1,7 %), l’enquête constate que le poids moyen se réduit (abattage plus jeune) et que la vitesse de rotation ralentit de 7 %.
Prime au poulet lourd sexé
Dans les Hauts de France, le poulet lourd est élevé en tout-venant (« lourd non sexé ») tandis que la Bretagne s’est en partie spécialisée dans le poulet en sexes séparés (mâles et femelles côte à côte dans le même bâtiment).
Comme le poulet export, le poulet lourd fait une belle remontée, plus forte en non sexé. En 2020, la Covid avait fortement impacté la rémunération des éleveurs des Hauts de France dont le prix de reprise dépend du marché belge. La cotation Deinze s’était effondrée au premier et surtout au deuxième confinement (jusqu’à 600 euros la tonne de vif). En 2021, les Hauts de France dégagent de moins bonnes marges PA qu’en Bretagne à cause de la hausse des matières premières (contrat moins protecteur). Malgré de meilleurs IC (1,6 contre 1,72) l’écart de MPA est de 2,7 euros par mètre carré et par lot entre les deux régions (MPA de 10 euros par mètre carré en Bretagne).
Le lourd sexé performe toujours mieux que le non sexé, qui malgré ses + 22,8 % de marge brute reste sous les résultats économiques de 2019.
La dinde s’en sort bien aussi
En dinde standard, les poids moyens augmentent de 300 g avec des indices de consommation et une durée d’élevage quasi identique (131,5 jours). La marge PA est donc meilleure de 2 euros par mètre carré et par lot (+6,2 %), un peu atténuée par une densité départ en baisse (7,5 dindes départ par mètre carré). Avec une rotation stable (2,2 lots par an) et des charges en légère hausse, la marge brute « atteint un niveau de 38 euros jamais enregistré dans l’enquête », souligne Élodie Dezat, coordinatrice de l’enquête.
« Ces chiffres 2021 sont publiés alors que la conjoncture de l’année 2022 a été marquée par une augmentation du coût des matières premières, des énergies et des matériaux de construction, s’inquiète Sylvaine Dano, responsable professionnelle de Bretagne. Ce manque de visibilité n’encourage pas les éleveurs à investir. »
Outre l’augmentation inéluctable des charges pour tous, Élodie Dezat pronostique une augmentation des écarts entre les éleveurs, toujours liée à leurs performances techniques et à leur contrat (effet de plus en plus marquant des primes), mais aussi aux prix différents du KWh facturé et au fait d’être plus ou moins impacté par la grippe aviaire. Selon que l’éleveur sera foyer, en zone réglementée imposant des interdictions d’activité ou en zone indemne, le bilan sera bien différent. Réponse espérée fin 2023. « Nos enquêtes sur 2022 ont déjà commencé, avec l’objectif d’une publication plus précoce », annonce Élodie Dezat.
Une variabilité importante entre élevages
Au-delà des données moyennes, Élodie Dezat n’a pas oublié de mettre en avant les écarts entre élevages, en comparant les spécialisés. « Plus les années passent et plus les écarts se creusent », estime l’éleveuse Sylvaine Dano. C’est surtout le cas en poulet. Les points décisifs sont les performances des animaux, mais aussi le modèle de production dû à l’effet contrat (prix et primes). Par exemple, on retrouve plus de lots de poulet lourd non sexé dans le quart inférieur et plus de lourd sexé dans le quart supérieur.