Des dindes Premium moins gourmandes en eau
La sélection sur les consommations d’eau des souches Aviagen Turkeys commence à porter ses fruits. Avec à la clé une meilleure tenue de litière et une amélioration de la santé digestive et locomotrice des dindes.
La sélection sur les consommations d’eau des souches Aviagen Turkeys commence à porter ses fruits. Avec à la clé une meilleure tenue de litière et une amélioration de la santé digestive et locomotrice des dindes.
Les premiers effets de la sélection Aviagen Turkeys sur les critères de consommation d’eau sont visibles depuis mi-2015 dans les élevages de chair, » a annoncé John Ralph, directeur de la R & D d’Aviagen Turkeys lors de son symposium le 22 mars. Pour répondre aux difficultés de tenue de litière rapportées sur sa souche Premium et obligeant les éleveurs à pailler davantage, le sélectionneur a entrepris dès 2013 un programme de sélection sur les ratios eau/aliment pour retirer des populations de sélection les pedigrees trop gourmands en eau. « Il existe de grosses variations de comportement entre individus, a-t-il expliqué. La prédiction génétique de la baisse annuelle de consommation d’eau est de 0,158 l/sujet entre 6 à 14 semaines. » Cela équivaut à une réduction d’1,88 litre de consommation d’eau pour un dindon de 21 kg. Moins d’eau surconsommée, c’est aussi moins d’eau dans les litières ou d’humidité à évacuer par la ventilation.
Quinze minutes par jour passées à s’abreuver
« D’après les résultats de terrain, la Premium consomme 8 % d’eau de plus que la concurrence et l’écart est surtout visible à partir de 8 semaines. Il s’explique surtout par le meilleur poids vif de notre souche. Ramenée au kilo, la différence est très faible », relativise Jérôme Noirault, qui ne nie pas le problème de litière humide à gérer. La sélection n’est pas la seule composante à prendre en compte pour réduire la consommation d’eau. Elle a ses limites. « Elle ne doit pas se substituer au travail de l’éleveur pour maîtriser la qualité des litières. L’objectif n’est pas non plus d’aller vers des litières trop sèches », souligne le conseiller technique d’Aviagen Turkeys France.
L’eau est le premier aliment des volailles et l’objectif n’est surtout pas de restreindre les animaux. Plus une dinde mange, plus elle boit. Le ratio eau/aliment varie selon l’âge entre 1,25 et 1,9 litre/kg d’aliment (premiers jours exceptés), soit 1,8 l/kg en moyenne pour les pedigrees. « C’est entre 7 et 14 semaines qu’il est le plus élevé, raison pour laquelle nous avons ciblé les contrôles sur cette période. » Le sélectionneur travaille également sur le comportement à l’abreuvoir des lignées pures. Une dinde s’abreuve une dizaine de fois par jour pendant des phases d’1,5 minute. « En cumulé, cela représente un quart d’heure par jour à s’abreuver. C’est très peu ! D’où l’importance d’avoir une eau facilement accessible (nombre de points d’eau suffisant, préhension facilitée) et de qualité », rappelle Jérôme Noirault. Il prône les abreuvoirs en cloche (placés assez haut pour éviter les coups d’ailes et le gaspillage) plutôt que les pipettes, qui demandent plus d’effort à l’animal pour s’abreuver.
• 70-80 litres : c’est la consommation totale d’eau consommée par dindon pedigree de 21 semaines. 20 % sont intégrés aux tissus et le reste est excrété.
• La dinde consomme à peu près un millilitre d’eau par calorie mangée.
• Au-delà de 21°C, la consommation d’eau croit de 6 à 7 % à chaque augmentation d’1°C de l’ambiance.
• Grâce au système d’identification par puce transpondeur, Aviagen étudie le comportement alimentaire de ses lignées pures. Ainsi en moyenne, les pedigrees font 6 repas et s’abreuvent une dizaine de fois par jour. En cumulé, cela correspond à 16 minutes d’abreuvement et à 40 minutes d’alimentation par 24 heures.
De nouveaux critères de mesures du rendement viande
• « Le rendement filet est l’indicateur prioritaire de notre schéma de sélection », a rappelé John Ralph, directeur R&D d’Aviagen Turkeys. La pression de sélection sur ce critère a augmenté depuis 2012. Le sélectionneur annonce un gain annuel de 0,2 % sur la souche Premium. En plus des mesures habituelles (conformation et détection des défauts sur les sujets vivants, rendement découpe sur les frères des pedigrees), le sélectionneur utilise de nouvelles méthodes de mesure sur animaux vivants : ultrasons pour informer sur la profondeur de la masse musculaire, test de mesures par tomographie assistée (scanner).
• Le potentiel génétique de la souche atteint 26,7 % de rendement en filet (il est de 21-23 % en élevage en France), avec un poids vif des mâles de 26,4 kg à 20 semaines et un indice de consommation de 2,19. La sélection sur l’amélioration de l’indice de consommation (3-4 points par an) commence à se voir sur le terrain.
Un avantage sur le poids vif
Depuis trois ans, Aviagen Turkeys recueille les résultats terrain en dindes de chair, toutes souches confondues. L’échantillon représente 40 à 50 % de la production française. « Les données de 2015 (1) confirment l’avance de la Premium sur le poids vif par rapport à la souche medium de la concurrence (Grade Maker d’Hybrid) : + 400-500 g en mâle à 126 jours, +200-300 g en femelle à 91 jours. L’indice de consommation est favorable (-4 pts). Le rendement filet est comparable (-0,1 % d’écart). Mais du fait d’un poids vif supérieur, la Premium présente des pièces de blanc plus lourdes, précise Jérôme Noirault. Le taux de saisie est inférieur en Premium (-0,03 %) et la viabilité plus élevée (-0,6 % de mortalité), et l’écart s’accentue depuis 2014. Notre objectif est d’améliorer la robustesse de nos volailles ainsi que la qualité de litière et la consommation d’eau. C’est sur ces critères que nous sommes le plus attendus. »
Aviagen s’attache à maintenir une sélection équilibrée entre les critères de reproduction, de croissance, d’efficacité alimentaire, de rendement. Ceux liés au bien-être et à la santé pèsent pour plus d’un tiers dans le schéma de sélection.
Autre information issue de la base de données Aviagen : le mouvement de baisse de la densité entendu sur le terrain ne se lit pas encore sur les résultats. « Elle baisse certes, mais de façon encore trop faible (7,64 têtes/m2 en 2015 contre 7,69 en 2014). »
(1) Sur 23,5 millions de dindes en 2015 dont 0,5 million de N 300 et But 10, 7,7 millions de Premium et 15 millions de Grademaker du concurrent Hybrid.