Trois solutions pour dégonfler la facture d’électricité en élevage de volailles
Trois réponses sont envisageables pour s’adapter à la nouvelle donne énergétique. La première concerne l’urgence ou non de la renégociation du contrat de fourniture d’électricité La deuxième est d’économiser sur ses consommations, en adoptant des bons gestes mais surtout en modifiant son matériel. Enfin, à long terme, investir pour produire de l’électricité devient presque obligatoire pour réduire sa facture globale, tout en devenant plus résilient.
Trois réponses sont envisageables pour s’adapter à la nouvelle donne énergétique. La première concerne l’urgence ou non de la renégociation du contrat de fourniture d’électricité La deuxième est d’économiser sur ses consommations, en adoptant des bons gestes mais surtout en modifiant son matériel. Enfin, à long terme, investir pour produire de l’électricité devient presque obligatoire pour réduire sa facture globale, tout en devenant plus résilient.
« Personne n’a vu venir le coup. Avant l’an dernier, la facture électrique était un non-sujet, car cela faisait partie des charges fixes, résume cet éleveur breton très impliqué dans sa coopérative. Aujourd’hui, on cherche à s’adapter. » Mais comment en est-on arrivé là ?
Union européenne oblige, le prix de l’électricité payée en France n’est plus fixé au niveau national. L’électricité se vend selon des règles à celles d’autres matières premières (prix spot, marché à terme). Compte tenu de l’impossibilité de stocker, le prix spot fluctue selon l’état de la demande et de l’offre, avec une volatilité qui s’est accrue. Ce prix dépend aussi du Merit Order des coûts de production en fonction des technologies en œuvre (nucléaire, charbon, gaz, renouvelable). Le coût marginal de production le plus élevé oriente le prix. Or depuis 2021, les centrales thermiques à gaz ont vu leur coût de production exploser.
Anticiper la fin de son contrat de fourniture
La hausse des couts de production de l'électricité se répercute sur le prix de contrat proposé aux professionnels. Les petits consommateurs (moins de 36 kVA de puissance) sont protégés par le tarif réglementé de vente (TRV). La situation de ceux ayant des contrats liés au marché varie au cas par cas, selon la date du contrat et le mix de prix choisi (fixe, variable, avec ou sans Arenh). Avec un contrat de marché à renouveler à brève échéance, il est conseillé de chercher à accroître la part de tarif régulé et de mettre des fournisseurs en concurrence. Tout comme il est recommandé d’anticiper.
Adopter des pratiques économes
Même si l’on est encore protégé par un contrat passé à la bonne période, il est intéressant de réduire ses consommations électriques. À condition de savoir où se trouve la surconsommation. Peu de références de consommation sont disponibles et beaucoup de sites n’ont pas de compteur spécifique. Les économies paraissent difficiles sur les consommations incontournables (pompes, moteurs d’alimentation), mais envisageables sur des travaux décalables (séchage de fientes), sur l’éclairage (passage aux Leds) et sur la ventilation dynamique. Sur ce poste, est possible la modification des ventilateurs et de leur programmation. En revanche, toucher au renouvellement d’air risque de pénaliser l’ambiance intérieure, donc les performances et le confort des animaux.
Investir pour l’autonomie énergétique
Lles économies à long terme passent par des investissements dans la production d’électricité photovoltaïque. Les experts estiment que les temps de retour sur investissements sont bien en dessous de dix ans. Cette crise énergétique inattendue aura eu le mérite de faire prendre collectivement conscience de la nécessité d’accélérer la transition énergétique et de s’engager dans la décarbonation de l’agriculture. Même si l’aviculture ne représente que 0,06 % des émissions françaises de GES, cela ne doit pas empêcher le secteur de réduire son empreinte carbone.
« Un éleveur de volaille de chair sait combien il consomme de gaz par mètre carré mais rarement de combien de kWh »
Quelques repères de consommation énergétique
Un enchaînement d’imprévus
L’envolée des prix énergétiques ne date pas de la guerre en Ukraine.
En 2020, la Covid-19 a fortement ralenti l’activité économique ; les cours des prix de gros du gaz et de l’électricité ont été les plus bas jamais observés.
En 2021, la reprise mondiale a tiré la demande, donc les prix, tandis que le fournisseur russe Gazprom ne remplissait pas ses stocks européens. Dans le même temps, la demande européenne en gaz augmentait pour remplacer le charbon dans les usines de production d’électricité.
S’en est suivie la baisse de disponibilité du parc nucléaire français déjà entamée en 2020 (Fessenheim fermée et 24 réacteurs en révision sur 56, puis 26 fin 2022), de sorte que fin 2021 la France a dû importer de l’électricité au prix fort, tout en restant exportatrice nette sur l’année. Le prix journalier moyen du MWh a doublé (109 euros) par rapport aux années précédentes. En décembre, le prix de base d’une livraison au 1er trimestre 2022 atteignait 772 € le MWh.
En 2022, la situation a encore empiré après le déclenchement de la guerre en Ukraine. Le prix de gros a dépassé les 1 000 euros le MWh fin août. Depuis, le marché se détend, avec des cours hebdomadaires en dessous des 500 euros pour 2023. La France a réussi à remplir ses stocks de gaz, mais la question se reposera fin 2023 après la fermeture totale du robinet russe.