Déforestation importée : Le poulet non pris en compte dans le projet de réglement
Le Parlement européen a majoritairement adopté la proposition de règlement visant à lutter contre la « déforestation importée » à travers des matières premières agricoles et alimentaires.
Le Parlement européen a majoritairement adopté la proposition de règlement visant à lutter contre la « déforestation importée » à travers des matières premières agricoles et alimentaires.
Le 19 avril, 552 députés européens contre 44 (et 43 abstentions) ont adopté la proposition de règlement arrêtée avec la Commission européenne au mois de décembre dernier. Elle prévoit d’interdire l’importation en Europe de soja, huile de palme (et certains dérivés), viande bovine, café, cacao (et chocolat), bois (et meubles, papier imprimé), caoutchouc, issus de terres cultivées après la déforestation ou la dégradation de forêts, réalisées postérieurement au 31 décembre 2020.
Les entreprises importatrices devront exercer un devoir de vigilance (la « diligence raisonnable ») et prouver la traçabilité de leurs produits, via des données précises de géolocalisation des cultures, qui pourront être associées à des photos satellitaires. Pour l’instant, le système administratif n’est pas construit, mais il devra l’être avant l’entrée en application fin début 2024 à mi 2025.
Augmentation des distorsions UE-Pays tiers
Dans les deux ans suivant l’entrée en vigueur du règlement, la Commission européenne devra évaluer la possibilité d’étendre le règlement à d’autres écosystèmes boisés (par exemple le Serrado au Brésil), ainsi qu’à d’autres produits de base, comme la volaille ou le maïs.
Les professionnels européens de la volaille ont réagi par la voix de l’Avec. L’association des abatteurs européens estime que « ce projet manque de sérieux en oubliant la réciprocité ». En effet, l’UE oublie d’exiger le non-usage de soja issu de déforestation à la viande de volailles produite dans les Pays Tiers et vendue dans l’UE. Comme le soja déforesté ne sera plus exporté vers l’UE, il sera utilisé sur place à moindre coût, ce qui augmentera encore le différentiel de prix entre le poulet des pays tiers et le poulet européen.
L’Avec rappelle aussi que les émissions européennes de gaz à effet de serre pour produire des protéines animales sont parmi les plus faibles au monde.
Ce constat est partagé par les fabricants français d’aliments du bétail. Stéphane Radet, directeur du Syndicats national des industriels de la nutrition animale (Snia), rappelle que la profession demande depuis de nombreuses années une législation à large périmètre, au moins à l’échelle européenne, qui permet d’être vraiment efficace pour lutter contre la déforestation et qui évite les distorsions de concurrence entre ceux qui l’appliquent avec des surcoûts et les autres.
Les fabricants français n’ont pas attendu pour agir. Ils se sont engagés à travers la démarche Duralim à utiliser 100 % de soja non déforesté au 1er janvier 2025. De quoi tordre le cou aux fake news d’opposants anti-élevage affirmant que l’élevage français entretient la déforestation.