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Concilier économies et agrément : des poules pour moins de déchets ménagers

Jusqu'en juillet, 1200 poules et 600 poulaillers seront donnés à des particuliers par Trivalis, le syndicat de traitement des déchets ménagers de Vendée, afin de réduire les volumes collectés.

Daniel Gachet (à gauche) et Régis Libaud ont distribué les 124 poules attribuées aux particuliers du territoire du Smeom de Luçon.
Daniel Gachet (à gauche) et Régis Libaud ont distribué les 124 poules attribuées aux particuliers du territoire du Smeom de Luçon.
© V. Bargain

Rendez-vous avait été donné à soixante-deux habitants du territoire ce 13 mai au Syndicat mixte pour l'élimination des ordures ménagères de Luçon (Smeom). À intervalle de 5 minutes, ils ont chacun reçu deux poules, une Marans et une Sussex, un poulailler, un sac de 10 kg de blé, un guide pratique sur l'élevage des poules et le cahier J'élève mes poules destiné aux enfants. Régis Libaud, d'Antigny Nutrition, qui a fourni les poules, leur a fait les recommandations de base : « nourrir et abreuver les poules chaque jour, compléter les restes alimentaires par du grain, passer à un aliment pondeuse quand la ponte commence, changer la litière... »

Poule familiale recycleuse de déchets

En échange, les bénéficiaires ont signé une Charte d'adoption des poules dans laquelle ils s'engagent à bien s'en occuper. Ils se sont aussi engagés à noter le nombre de fois qu'ils sortent leur bac d'ordures ménagères, durant le mois précédent l'arrivée des poules et les deux mois suivants. « L'objectif, explique Daniel Gachet, président du Smeom et vice-président de Trivalis, est de mesurer l'impact de ces deux poules sur les quantités d'ordures ménagères. Une poule peut ingurgiter 75 kg par an de restes alimentaires. On peut espérer diviser par trois les déchets générés par ce foyer, tout en lui permettant d'avoir des oeufs. »

Motivations citoyennes et personnelles

Pour les citoyens, les intérêts sont multiples. La gratuité des poules et du poulailler est un élément déclencheur important. Mais au-delà, l'obtention d'oeufs frais produits à partir d'aliments connus est une motivation essentielle. « Nous avons déjà un âne, une jument, deux chiens et deux chats, explique Romaric venu chercher ses deux poules. Nous voulions des poules pour avoir des oeufs. Quand nous avons vu l'annonce de l'opération, nous avons sauté sur l'occasion. Élever des poules permet à la fois de produire des oeufs et de réduire nos déchets. » Pour Emilie, venue avec sa fille Pauline, l'objectif est avant tout ludique et pédagogique. « Nous avons quatre enfants qui aiment s'occuper des poules chez leur grand-mère, précise-t-elle. Ils auront désormais le plaisir d'élever Gigi et Nuggets à la maison. Et surtout, cela permet de les initier au tri des déchets et de leur donner l'habitude de le faire. »

Sensibiliser à la réduction et au tri des déchets

Comme Luçon, 21 autres collectivités de Vendée ont distribué des poules et des poulaillers sur les 282 communes du département. « La Vendée produit chaque année 430 000 tonnes d'ordures ménagères et déchets verts, précise Thomas Poirier, de Trivalis. Leur traitement coûte de plus en plus cher. De plus, un plan national prévoit de réduire de 10 % les déchets ménagers et assimilés d'ici 2020, d'où l'idée de la distribution de poules. Nous souhaitons que ces premiers foyers servent de relais. C'est aussi un moyen pour sensibiliser la population, notamment les enfants, à la réduction et au tri des déchets, et les amener peut-être à modifier leurs habitudes de consommation. »

Image de notoriété pour la Cavac

Après un essai jugé concluant sur 37 foyers en 2013, l'opération est étendue à 600 foyers, à raison de deux par commune. C'est Antigny Nutrition, filiale de la Cavac spécialisée dans l'élevage de volailles traditionnelles (volailles démarrées et futures pondeuses à destination des revendeurs vendant sur les marchés), qui a été choisie. « Cette opération s'inscrit totalement dans la démarche de développement durable de la Cavac, explique Guy-Marie Brochard, président du groupement volaille de la Cavac. Cela permet aussi de faire connaître l'activité d'Antigny Nutrition auprès du grand public et des collectivités. » Les 1200 poules, âgées de 18 à 21 semaines et vaccinées, ont été fournies par les trois élevages de poulettes d'Antigny Nutrition. L'opération a été financée à 90 % par l'Ademe, le reste par le conseil départemental de Vendée. « En septembre, un bilan sera fait sur les 600 foyers, précise Daniel Gachet. On prendra la décision de poursuivre ou non l'opération, avec sans doute une participation des particuliers, comme cela est fait pour les composteurs. »

LE SAVIEZ-VOUS  ?

570 kg, c'est la moyenne de déchets ménagers et déchets verts produits par habitant par an en Vendée. Le coût de traitement d'une tonne de déchets ménagers est de 131 euros.

La mode des « poules des villes » se développe

L'expérience vendéenne est une des nombreuses initiatives de distribution de poules visant à réduire les déchets ménagers. La plus connue est celle de Mouscron, ville belge de 56 000 habitants, qui a commencé à distribuer des poules en 2010. Deux ans plus tard, Pincé, un petit village de la Sarthe fut le premier à suivre l'exemple belge. La démarche inclut en général la fourniture de deux poules, parfois d'un poulailler, avec un engagement à bien s'en occuper et à peser les déchets distribués.
De plus en plus de particuliers élèvent quelques poules dans leur jardin. On en trouve aussi dans les écoles, les centres de loisirs, les maisons de retraite et jusqu'au jardin de l'Hôtel de ville de Paris. « Depuis le début de l'opération Trivalis, les demandes de particuliers ont beaucoup augmenté" , indique Marinette Bobineau, trésorière d'Aprovol, l'association qui regroupe les éleveurs de volailles d'Antigny Nutrition. "Les poules ont le vent en poupe. En 2014, nous en avons vendu 110 000, contre 100 000 en 2013. »

Naissance d'un business rentable

Cet engouement n'a pas échappé aux entreprises. Les jardineries et animaleries, des artisans, la grande distribution, des sites internet (Omlet, Éco-Poules...) proposent  des poulaillers pouvant accueillir deux à vingt poules. En bois, en plastique, en kit, issus du recyclage de barriques à vin, en forme de cabane arcachonnaise... les poulaillers sont proposés à des prix allant d'une centaine d'euros jusqu'à plus de 1000 euros. Les livres sur le sujet se multiplient (1). Les fournisseurs d'aliments s'y mettent également. Sud-Ouest Aliment a lancé une gamme d'aliments bio spécifique aux petites basses-cours. L'aliment pondeuse est vendu en jardinerie 14,5 euro le sac de 10 kilos. « Avec 120 grammes par jour d'aliment consommé en complément des déchets organiques, cela porte le coût alimentaire journalier à 0,17 euro pour un oeuf par jour », argumente le fabricant.

(1) Un poulailler chez soi, Races de poules et de coqs de France, Les poules - guide pratique pour choisir et élever des poules heureuses et en bonne santé, Petite encyclopédie de la poule et du poulailler.

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