Choyer ses canetons Barbarie au démarrage
Préparer le bâtiment d’élevage, être bien équipé, accompagner les premiers jours des canetons de Barbarie… Les conseils de Guillaume Vincent responsable de production Barbarie chez Grimaud frères.
Préparer le bâtiment d’élevage, être bien équipé, accompagner les premiers jours des canetons de Barbarie… Les conseils de Guillaume Vincent responsable de production Barbarie chez Grimaud frères.
Préparer soigneusement le bâtiment
Le démarrage des canetons s’anticipe avant le départ du lot précédent, avec la planification des éventuels travaux d’entretien de l’équipement et la préparation du vide sanitaire. Celui-ci nécessite un lavage et une désinfection dans les règles, en utilisant un détergent/désinfectant adéquats, à la dose et au temps d’action préconisés.
Incapables de réguler leur température les premiers jours, les canetons ont besoin de chaleur et sont sensibles aux courants d’air. Le bâtiment est donc à préchauffer jusqu’à 29-30 °C. Guillaume Vincent préconise un chauffage localisé par radiant, au moins les 4-5 premiers jours, car le flux d’air chaud d’un canon à gaz accroît la déshydratation à laquelle le canard est très sensible les cinq premiers jours.
Pour éviter le risque d’entassement, il conseille de réaliser des parquets de 4,5 à 9 m² pour 500 à 1 000 animaux sur un tiers de la surface totale, avec le matériel disposé en périphérie. Pour que le caneton puisse trouver facilement l’eau et la nourriture, il faut ajouter du matériel de démarrage, à raison d’un point d’eau et d’aliment pour 100 individus environ.
Fournir une eau d’abreuvement potable en bout de ligne d’abreuvement est indispensable. L’eau corrigée à pH plutôt acide (6-6,5) est recommandée, « pour avoir moins de gaspillage, moins de déjections aqueuses du fait d’un meilleur équilibre digestif et au bout du compte un meilleur indice alimentaire ». Le technicien rappelle aussi l’importance d’un bon éclairage pour stimuler les canetons.
Être présent et attentif à ses canetons
« La première semaine est la plus importante et conditionne en grande partie la réussite d’un lot », insiste Guillaume Vincent.
Une fois les canetons mis en place, l’éleveur passe les voir toutes les deux heures le premier jour pour les humidifier au pulvérisateur (sans les mouiller) avec de l’eau à température ambiante. Puis la fréquence diminue (cinq passages à 2-3 jours, trois à 4 jours, deux à 5 jours). Ce passage fréquent les stimule aussi à aller boire et manger.
Les abreuvoirs siphoïdes, alvéoles, becquées, seront remplis régulièrement. « Avec un aliment et de l’eau ajoutée fréquemment, la consommation est encouragée. »
Observer leur comportement donne des indications pour la suite. Des canetons de début d’éclosion ont tendance à s’éparpiller et sont plus secs, alors que ceux de fin d’éclosion sont plus frais et se serrent.
D’autres vérifications simples sont praticables : contrôler leur prise alimentaire (tâter l’œsophage), apprécier leur température corporelle (test des pattes chaudes posées sur la joue, constater des palmes légèrement rosées et non fripées, ainsi que le duvet (jaune et doux plutôt que sombre et dur).
Entre trois et cinq jours de présence, les canetons sont libérés d’un coup sur toute la surface. C’est le moment où le chauffage d’ambiance prend progressivement le relais des radiants positionnés en ligne centrale et à hauteur suffisante pour ne pas déshydrater les canetons. L’éleveur surveille aussi la transition progressive vers l’utilisation du matériel adulte (pipette, abreuvoir, mangeoire) achevée en fin de seconde semaine.
Suivre la prise de poids
Ces bonnes pratiques aideront le caneton à bien consommer et à prendre du poids en suivant la courbe de croissance préconisée pour chaque souche.
« Les pesons automatiques sont de plus en plus utilisés », se réjouit le technicien, car sans eux les éleveurs commencent à peser seulement à partir de la deuxième ou troisième semaine. Or, suivre l’évolution de la prise de poids dès les premiers jours est important.
Le poids à 7 jours signe la qualité du démarrage. Ces bonnes pratiques renforcent aussi la réponse immunitaire du canard à la vaccination contre la parvovirose. Celle-ci est réalisée systématiquement vers 15-21 jours. S’ajoutent parfois un autovaccin (contre la riémerellose et la colibacillose), selon le statut de l’élevage et le contexte régional.
« Depuis quelques années, les performances des canards se sont nettement améliorées et l’usage des antibiotiques s’est fortement réduit. C’est grâce au renforcement des barrières sanitaires, au travail sur la qualité de l’eau, à la rénovation des bâtiments et à l’amélioration des conditions de démarrage et d’élevage, souligne Guillaume Vincent. Quand on lui offre les bonnes conditions, le canard exprime pleinement son potentiel génétique. »
Faire mieux pour les canetons "traités"
Quel que soit l’âge auquel l’intervention sur le bec et les griffes est pratiquée, elle génère un stress. Elle est habituellement réalisée vers 15-21 jours lors du rappel de vaccin contre la parvovirose, ou bien en décalé pour réduire ce stress supplémentaire. Le traitement peut aussi être fait à l’éclosion dans un couvoir Grimaud, avec une technologie utilisant la lumière pulsée. Dans ce cas, l’accouveur recommande de renforcer trois points :
- Augmenter la température de consigne de 1 à 2°C ;
- Poser du papier de démarrage sur un tiers du caillebotis, l’idéal étant de démarrer les canetons sur la litière ;
- Humidifier plus abondamment les oiseaux jusqu’à 5 jours, toujours avec de l’eau à température ambiante
Ces canetons traités sont susceptibles de démarrer moins rapidement, mais il faut viser au moins 100 g de poids à 7 jours. Par la suite, ils ne connaissent pas le blocage de croissance des canetons débecqués et dégriffés entre 15 et 21 jours et il y a moins de risques pathologiques.
À retenir
Les normes en matériel de démarrage
Matériel de démarrage : un abreuvoir siphoïde et une becquée (ou alvéole) pour 100 oiseaux jusqu’à la deuxième semaine,
Matériel adulte accessible en deuxième semaine : une pipette d’abreuvement spécial canard et multidirectionnelle pour 5-10 têtes, un abreuvoir cloche et une mangeoire automatique pour 50-100.
Engagement zéro salmonelle
Les palmipèdes sont réputés plus résistants que les autres espèces de volailles à des germes comme Salmonella et E. coli. Mais cela n’empêche pas les fournisseurs de canetons de faire beaucoup d’efforts pour en rendre les reproducteurs quasiment indemnes.
« Notre engagement est de livrer des canetons indemnes de salmonelle, bien protégés par les anticorps maternels, explique Guillaume Vincent. Nous y tendons par des efforts importants sur la biosécurité, les barrières sanitaires, la qualité de l’eau, la prophylaxie vaccinale des parents, les contrôles réguliers et systématisés, la maîtrise de l’ambiance, l’investissement dans la nutrition des reproducteurs, les démarches de qualités, l’agrément COHS et la charte sanitaire du Sna. »