Adapter la gestion d'un lot de poules blanches en volière
Une poule blanche n’a pas le même comportement ni les mêmes besoins alimentaires qu’une poule rousse, ce qui nécessite d’adapter la conduite du lot, notamment en production alternative.
Une poule blanche n’a pas le même comportement ni les mêmes besoins alimentaires qu’une poule rousse, ce qui nécessite d’adapter la conduite du lot, notamment en production alternative.
En France, plus d’une poule pondeuse sur dix est de souche blanche. Dédiée au marché de la casserie, la blanche est réputée pour sa productivité en nombre d’œufs, son efficacité alimentaire et sa persistance de ponte. Plus dynamique que la rousse, la blanche a un plus petit gabarit et exporte davantage de masse d’œufs.
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Avec des besoins alimentaires et comportementaux différents, un lot de poules blanches ne se gère pas de la même manière qu’un lot de rousses. C’est ce que confirme Jacky Allaire, associé avec son épouse et leurs deux fils au sein du Gaec Le Grand Saut à Sainte-Suzanne-et-Chammes en Mayenne.
Adhérant du groupement Huttepain Aliments, il exploite deux bâtiments identiques en volière plein air de 30 000 poules Lohmann, l’un en souche blanche, l’autre en rousse, facilitant la comparaison. « Le travail n’est pas du tout le même ! La poule blanche est plus facile à élever. » Ses œufs blancs étant rachetés au poids et non à l’œuf, la rentabilité du lot est fortement liée à la persistance de ponte et au poids d’œuf. Tout l’enjeu est de bien préparer la poule à une carrière longue et à produire de la masse d’œufs. « Le dernier lot est resté jusqu’à 85 semaines (25,4 kg d’œufs par poule, 2,15 d’indice de consommation par kilo d’œufs). Nous visons 100 semaines pour celui en cours ! » Le début de ponte est essentiel. Les éleveurs passent beaucoup de temps auprès des poules les premières semaines, pour stimuler la consommation et développer leur capacité de jabotage. « Une poule blanche qui mange est une poule qui pond », résume le producteur.
Des besoins en énergie plus élevés
« Avec un poids vif inférieur de 200 grammes par rapport à la brune, la poule blanche Classic LSL dispose de peu de réserves, est très mobile et exporte beaucoup de masse d’œufs (l’équivalent de quinze fois son poids au cours de sa carrière) : elle a des besoins énergétiques élevés », poursuit Nicolas Destombes, de Lohmann France, leader en poule blanche sur le marché national. Pour y répondre, Jacky Allaire n’hésite pas à « investir » dans l’accompagnement nutritionnel. Il distribue un aliment plus riche d’un pourcent en matières grasses et contenant un probiotique, du fait de la sensibilité digestive de la blanche. Il apporte très régulièrement des compléments alimentaires pour soutenir les organes essentiels (hépatoprotecteur toutes les six semaines…).
Soutenir la consommation d’aliment
En rythme de croisière, il distribue cinq repas quotidiens, entre 6 heures et 18 heures (horaires calés sur ceux de l’élevage de poulette), avec un dernier repas plus important en quantité. L’objectif est d’atteindre une consommation quotidienne de 117 grammes par poule. Ses volières Natura Twin (Big Dutchmann) sont équipées d’un dispositif d’humidification de l’aliment. Mis au point par l’éleveur et alimenté par une petite citerne, il envoie un jet d’eau en pinceau en début de chaîne d’alimentation. Il est mis en route dès qu’il juge nécessaire de stimuler la consommation.
La blanche boit davantage. Le nombre de points d’eau et le débit doivent être adaptés en conséquence.
Tenir compte de son instinct à grimper
Issue de la race Leghorn, la blanche a un instinct naturel de perchage. Très mobile, elle s’adapte facilement à son nouvel environnement en volière. « Nous n’intervenons que les trois premiers soirs pour les faire monter dans la structure. À l’arrivée, le premier repas est distribué uniquement à l’étage du bas pour les inciter à descendre mais il n’y a pas besoin de faire de brassage ensuite. En raison de l’épidémie de grippe aviaire, le premier lot transféré dans cette volière était issu de poulettes au sol et non pas de volières : la moitié des jeunes volailles est restée au sol le premier soir, et seulement une centaine le lendemain », se rappelle l’éleveur.
Bien dimensionner les surfaces de nids
Le comportement au nid est aussi différent. La poule blanche est très attirée par le nid et y passe deux fois plus de temps (1 heure en moyenne contre 30 minutes pour la rousse). Cela nécessite de bien dimensionner les surfaces de nids, plus élevées qu’en rousse malgré son plus petit gabarit. Elle pond volontiers sur les nids du haut. Mieux vaut prévoir suffisamment de bandes à œufs au niveau supérieur, en cas de suppression du ramassage dominical. « Grâce à son comportement de nidification, il y a très peu de pontes hors nid (0,2 % en routine). »
Le déclenchement de la ponte est plus tardif. « 50 % des poules rousses sont au nid 20 minutes après l’allumage du bâtiment. Il faut 3 heures pour les blanches », observe Jacky. L’apport de calcium assimilable est très important lors du premier repas de 6 heures, les poules terminant leur coquille durant la matinée.
Une proximité avec l’homme
Connue pour être plus craintive et nerveuse, la blanche peut aussi être très proche de l’homme. C’est en particulier le cas chez Jacky Allaire, les volailles venant fréquemment à son contact ou se percher sur ses épaules. « Il y a peu de picages. Une poule dominée s’échappera plus facilement. En revanche, elles ont plus tendance à se blesser au niveau des pattes, car leurs griffes sont plus longues et peuvent s’accrocher dans le système. » Il est important d’isoler rapidement les poules blessées en infirmerie, la moindre tache de sang étant d’autant plus visible sur un plumage blanc.
Les vols sont plus nombreux, ce qui nécessite une largeur suffisante entre rangées de volières. « Plutôt aventurières, les poules blanches sortent facilement sur les parcours. Elles y ont accès dès que le pic de ponte est atteint. Elles rentrent d’elles-mêmes dans le bâtiment en fin d’après-midi, même s’il fait encore jour. »
Du confort thermique dès l’arrivée
Jacky Allaire veille au confort des poulettes à leur arrivée à dix-sept semaines. Le bâtiment est préalablement ensemencé en bactéries pour créer un biofilm protecteur. Du copeau dépoussiéré est épandu au sol pour inciter les poules à gratter (100 kg par bâtiment). Pour ce lot démarré en hiver, la salle d’élevage a été préchauffée à 25 °C à l’aide de canons à air mobiles.
Ayant moins de réserves corporelles, la blanche a besoin d’une température d’ambiance plus élevée que la rousse (c’est-à-dire 22 à 23 °C). « En investissant dans du confort thermique (coût de location et de gaz de 500 euros), on favorise le démarrage du lot. On mobilise les calories de l’aliment pour finir leur croissance. » À l’inverse, la poule blanche, moins grasse, est plus résistante aux coups de chaleur. Cela s’explique aussi par sa surface de crête plus élevée, qui sert d’outil de thermorégulation. Très mobile, elle se déplace plus aisément pour chercher une zone plus fraîche.
En chiffres
6,5 millions de poules blanches en France, soit 13 % du marché
2/3 du développement des dernières années en production plein air
100 % des œufs blancs quasiment sont destinés à la casserie
Le saviez-vous ?
Une poule plus durable
Grâce à son efficacité alimentaire, la poule blanche a un moindre impact environnemental que la poule rousse. Un poulailler de 40 000 pondeuses basculant d’une souche rousse à une souche blanche LSL économiserait par an l’équivalent de 10 terrains de foot de culture de blé !