Vendanges manuelles : « cette grue permet de débarder seul sans se fatiguer »
Le viticulteur marnais Dominique Cadel, a testé une grue de débardage durant les vendanges. Il juge l’outil « formidable » pour manipuler les caisses à vendange sans se fatiguer.
Le viticulteur marnais Dominique Cadel, a testé une grue de débardage durant les vendanges. Il juge l’outil « formidable » pour manipuler les caisses à vendange sans se fatiguer.
Débarder les caisses à vendange de 50 kg mécaniquement, il fallait y penser ! Victime de douleurs dorsales, Dominique Cadel, vigneron marnais situé à Louvois, s’est penché sur le sujet il y a environ un an et demi. « Jusqu’alors, je faisais le débardage manuellement avec mon frère, plante-t-il. Mais avec mon problème discal, je ne peux plus le faire et c’est de plus en plus difficile de recruter des saisonniers pour les travaux physiques. J’ai donc cherché une solution pour alléger cette tâche. »
Une potence à l’origine employée pour les cagettes de fruits en Australie
Il avait bien repéré une potence chez un voisin, mais elle ne permettait pas de placer les caisses sur la remorque, juste de les faire passer de la brouette au plateau de la remorque. De même, il jugeait les poses-à-terre intéressants car plus bas que les remorques, mais insuffisants car il fallait tout de même charger les caisses dessus à la main.
Il a donc surfé sur le web à la recherche d’une alternative mécanisée. « Je suis tombé sur l’entreprise drômoise Icko Apiculture, située à Saint-Paul-Trois-Châteaux », poursuit-il. Ni une, ni deux, il s’est rendu sur place, afin d’étudier la potence de transhumance et de manutention des ruches présentée sur le site de la société. « Cette grue Easyloader est en fait originaire d’Australie où elle sert à lever les caisses de fruits, précise Dominique Cadel. Mais la filiale d’Icko Apiculture, à Bollène, a une licence de fabrication et de vente. »
La grue Easyloader se branche sur la batterie du tracteur
Convaincu, le vigneron a commandé la grue avec une pince à la place de la nacelle et a fait appel à un chaudronnier pour l’installer sur sa remorque à plateau. Télescopique, elle mesure 25 cm de large, pour 2 m de long et 1,45 m de haut repliée, ce qui fait qu’elle ne prend pas trop de place sur la remorque. « En hauteur, elle arrive au même niveau que la ridelle avant », indique le champenois. Et, même s’il la laisse à demeure, la grue est démontable, moyennant le dévissage de deux ou trois boulons.
Dominique Cadel a lui-même réalisé le branchement électrique de la grue sur la batterie de son tracteur Landini. Un montage qui fonctionne parfaitement. « La grue lève au maximum 84 caisses par demi-journée, témoigne le viticulteur. Et pour le moment, je n’ai jamais été à plat. » Ce système alimente une petite centrale hydraulique, qui actionne les vérins de la machine et le treuil hydraulique. Celui-ci peut soulever jusqu’à 125 kg d’un coup, soit un peu plus que le poids de deux caisses de raisin. La mise à niveau est électronique.
« C’est un appareil qui change la vie »
Le fonctionnement est très simple. Le vigneron place la pince télescopique sur la caisse du bas de la brouette. Il presse le bouton « lever » situé sur le manche de la pince. Il tire le filin dans la direction souhaitée, positionne les caisses au bon endroit et appuie sur le bouton « baisser ». Il retire la pince et pousse les caisses pour les faire tenir dans celle du dessous. « Travailler avec la grue nécessite une petite prise en main, confie Dominique Cadel. La grue est parfois un peu juste en hauteur, ce qui fait qu’il vaudrait mieux la mettre sur une cale. Ensuite, il faut bien veiller à mettre d’abord une caisse au sol, puis deux en même temps au-dessus et non l’inverse. Enfin et surtout, il faut laisser de l’espace entre les caisses et décaler celles qu’on apporte, afin de pouvoir enlever les bras de la pince. »
Lors de notre reportage, après une semaine d’utilisation quotidienne, Dominique Cadel n’avait subi aucune panne. Il n’avait pas encore eu à nettoyer ou entretenir la grue, mais ces opérations ne lui semblaient pas poser de problématique particulière. En revanche, il avait identifié quelques améliorations souhaitables pour la prochaine version : « les boutons de levée et descente seront déplacés et la pince sera un peu différente », dévoile le vigneron. Mais hormis cela, il juge cet outil formidable. « C’est un appareil qui change la vie même si on peut avoir l’impression qu’il s’agit d’un gros investissement pour seulement 10 jours par an », observe-t-il. Il estime que cet appareil ne modifie pas la durée de travail, mais plutôt la pénibilité et les risques de blessures au niveau des doigts.
Par ailleurs, « avant, le débardage mobilisait deux à quatre personnes, pour un travail fatigant, résume-t-il. Là, il n’y a plus besoin que d’une seule personne ». Cette machine, qu’il a acquise aux environs de 13 000 euros, auxquels il a dû ajouter près de 1 500 euros de montage, peut donc être rentabilisée assez vite. Et ce d’autant plus que Dominique Cadel a de nombreuses idées d’utilisations alternatives. « J’aimerais peut-être l’adapter aux sacs d’engrais, glisse-t-il. Et elle pourrait aussi servir à débarder les grumes. » Autant de pistes qui laissent présager de beaux jours à cette grue.