Une signature minérale pour faire sortir ses vins du lot
Une nouvelle entreprise lyonnaise, M & Wine, propose une analyse très précise des éléments minéraux et métalliques des vins.
Une nouvelle entreprise lyonnaise, M & Wine, propose une analyse très précise des éléments minéraux et métalliques des vins.
Découvrir la « signature » minérale de ses cuvées, démontrer l’impact de son terroir sur son vin ou encore tracer une cuvée des années après sa vente. Telles sont trois des possibilités offertes, ou qui le seront bientôt, par l’entreprise M & Wine. Cette société lyonnaise propose en effet des analyses de vin par ICP-MS (spectrométrie de masse à plasma à couplage inductif), qui dosent la concentration en 40 à 50 sels minéraux, oligoéléments et métaux lourds d’un vin. Et ce, qu’ils soient présents sous forme de traces ou d’ultratraces.
Une fois les concentrations établies, la firme les compare avec celles d’environ 10 000 vins disponibles dans sa base de données. Elle en tire des indications, qu’elle communique au viticulteur. « Nous pouvons par exemple comparer la typicité d’un champagne avec les 500 autres de notre base et dire au vigneron que son vin a plus de sodium ou moins de zinc que la moyenne », détaille Théodore Tillement, CEO et fondateur de l’entreprise.
Ce type d’analyse permet aussi de comparer les millésimes entre eux, les différentes parcelles, des modes de conduite distincts (bio, biodynamie, conventionnel) ou encore de vérifier l’absence de métaux lourds en cas de doute.
Une preuve de l'impact d'un terroir sur un vin
Pour d’autres, l’intérêt de ces analyses réside dans la preuve de l’impact d’un terroir. « Un vigneron voulait vérifier qu’il y avait bien un cratère de météorite sur sa parcelle, rapporte le CEO. Nous l’avons analysé et avons en effet retrouvé des traces d’éléments de météorite. »
Le dernier volet, encore en développement, portera sur la traçabilité. « Nous dosons des molécules inorganiques, qui sont stables dans le temps, poursuit Théodore Tillement. Avec 5 ml, nous serons donc capables de dire si une bouteille contient bien le vin mentionné sur l’étiquette. » De même, l’entreprise pourra, en partant d’un vin, dire d’où il vient, et de quel cépage il s’agit. « Nous avons testé cela sur 3 500 vins et avons déjà une précision de plus de 90 % », se réjouit-il.
Une future aide aux itinéraires de vinification
À terme, travaillant en partenariat avec les concours, il souhaite corréler les signatures des vins aux informations sur leur qualité. « Cela permettrait d’anticiper la qualité d’un vin et notamment d’être une aide à l’assemblage, ou à la vinification », illustre le fondateur.
D’un point de vue concret, obtenir la « signature » d’une cuvée coûte 75 euros HT. « Nous prenons en charge l’envoi de l’échantillon », précise-t-il. M & Wine expédie un tube « metal free » au vigneron, qui le remplit et le renvoie à l’entreprise. Il reçoit en retour un petit livret avec ses résultats et une analyse par rapport aux autres vins de sa région.
plus loin
Voici quelques éléments dosés :
Sels minéraux (en mg/l) : Na, Mg, P, S, Cl, K, Ca
Oligoéléments (en ng-µg/l) : B, Cr, Mn, Fe, Cu, Zn, Br, Li, I, Ba
Métaux lourds et assimilés (en µg/l) : Al, As, Cd, Tl, Pb
Traces métalliques (en ng-µg/l) : Ti, V, Co, Ni, Rb, Sr, Zr, Sn, Cs
Ultratraces métalliques (en ng/l) : Sc, Y, Nb, La, Ce, Pr, Nd, Sm, W, U.
Témoignage : Loïc Peychon, vigneron au Domaine Loïc Peychon, à Champagne, dans l’Ardèche
« Renforcer le positionnement de notre futur vin IGP »
Si la « signature » est proche, cela permettra de renforcer le positionnement du vin IGP et de contribuer à un bon choix de prix. J’ai pour le moment fait analyser deux millésimes de ma cuvée Le Pizon. Je vais bientôt faire analyser un troisième millésime puis ce sera au tour des vins IGP lorsqu’ils seront produits. D’un point de vue financier, tout est toujours trop cher, mais le MWP est accessible et son prix n’est pas un frein à notre démarche en lien avec les terroirs. »