Une DRH externe pour rédiger le document unique d'évaluation des risques professionnels
À Venteuil, dans la Marne, le domaine familial champenois Autréau-Lasnot a fait appel à une spécialiste des ressources humaines pour rédiger son DUERP, le document unique d’évaluation des risques professionnels. Une collaboration qui a donné pleine satisfaction.
À Venteuil, dans la Marne, le domaine familial champenois Autréau-Lasnot a fait appel à une spécialiste des ressources humaines pour rédiger son DUERP, le document unique d’évaluation des risques professionnels. Une collaboration qui a donné pleine satisfaction.
Depuis fin novembre 2018, Virginie et Florent Autréau ainsi que Véronique et Fabrice Autréau, le quatuor à la tête du champagne Autréau-Lasnot, disposent d’un document DUERP en bonne et due forme. Pour rédiger ce document obligatoire, ils ont fait appel à Hélène Raza, une juriste en droit social installée en portage salarial (voir encadré). Au domaine, les épouses de Florent et Fabrice Autréau gèrent l’administratif et le commercial. Florent s’occupe des vignes, tandis que son frère Fabrice est responsable de la partie vinification. Si Virginie Autréau avait déjà rédigé un premier document de DUERP, elle le jugeait insuffisant. Elle voulait pouvoir s’appuyer sur un document qui lui donne plus confiance, notamment du fait de l’embauche d’une tractoriste et de la période des vendanges où la démultiplication des personnes présentes sur le domaine est une source de risques. Les Autréau trouvaient très utile d’avoir un œil extérieur, pour être sûrs d’être dans les règles et de ne rien oublier. « Cela nous a ouvert les yeux sur tous les secteurs de l’entreprise, du matériel au circuit de visite. On s’est rendu compte que nous avions beaucoup de choses de faites, mais aussi d’autres à perfectionner. Quand on est sur le terrain au quotidien, on ne se rend pas compte de ce qu’il y a à changer », constate Florent Autréau. L’élaboration du document a mobilisé trois demi-journées au domaine. Au total, le travail s’est étalé sur deux mois entre le premier rendez-vous et la remise du rapport.
La signalétique, un nouveau réflexe à intégrer
Le premier rendez-vous a été consacré à un tour de l’exploitation et du matériel viticole : enjambeurs, chenillards, tracteurs… Les transformations à envisager concernaient surtout la prévention. Les Autréau ont commandé des affiches et des stickers à ajouter pour rappeler les règles et précautions d’utilisation de certains matériels, dont certaines finissent par s’oublier. La deuxième demi-journée était consacrée à la partie vinicole : du pressoir à la cuverie et aux caves. Si là aussi le constat était plutôt rassurant, "des aménagements sont à prévoir au niveau du quai de chargement », précise Florent Autréau. En attendant de lancer un chantier de réaménagement dont le budget est évalué à 20 000 euros, des solutions sont prévues, notamment pour prévenir les chutes de matériel stocké en hauteur. D’autres adaptations sont toutes simples, comme la pose d’une bande fluorescente au sol, à 1 m des gyropalettes pour rappeler qu’il ne faut pas s’en approcher ou des panneaux pour signaler des marches. Une pancarte a été posée sans attendre dans le monte-charge situé dans la cave pour bien préciser qu’il ne faut pas y monter, l’installation étant réservée aux palettes de bouteilles. Également facile à réaliser, l’obtention d’un certificat de conformité électrique dont l’obligation leur avait échappée. La nécessité de prévoir pendant les vendanges un parcours sécurisé pour les visiteurs afin de limiter les risques dans cette période d’effervescence sur l’exploitation est aussi apparue. La configuration des lieux ne rend pas la chose facile mais les Autréau réfléchissent à la pose de pancartes. Quant aux fiches destinées aux vendangeurs, elles vont être traduites à destination du personnel étranger.
Une rédaction qui mobilise l’ensemble de l’exploitation
La troisième demi-journée a été consacrée aux entretiens individuels avec les salariés de l’exploitation. " Impliquer les salariés dans la rédaction du document n’est pas obligatoire, mais cela permet une meilleure sensibilisation aux risques existant sur l’entreprise", souligne Hélène Raza. C’est un point que les Autréau ont trouvé particulièrement intéressant. Au-delà de l’implication, l’intervention d’une personne extérieure permet aussi aux salariés de parler plus librement. Des remarques sont remontées sur les lunettes de travail fournies, jugées inadaptées pour être portées régulièrement. Autre idée : être formés au secourisme, notamment dans la perspective des journées de vendanges. L’idée sera mise en œuvre dès cette année. D’ores et déjà, des trousses de secours ont été installées dans tous les véhicules de l’exploitation. Les Autréau ont investi 1200 euros TTC dans la rédaction de ce document. Une somme qu’ils estiment justifiée compte tenu du temps passé et de la qualité du document qu’ils ont reçu. « Quand on voit aujourd’hui ce qui peut advenir pour le moindre problème, ça fait partie des frais à ne pas négliger », estime Virginie Autréau que ce document rassure. "L’idée n’est pas de laisser le document dans un coin. On fera appel à Hélène Raza d’ici deux ans pour savoir où on en est », conclut-elle. En attendant, le document de plus d’une trentaine de pages a fait naître de nouveau réflexes.
repères
Champagne Autréau-Lasnot
Surface 16 hectares sur 10 villages différents dans la vallée de La Marne
Production 80 000 à 100 000 bouteilles par an
Effectifs permanents de l’exploitation 3 salariés + 4 membres de la famille
Commercialisation 80 % de la récolte en propre, 10 % à l’export
Mode de culture raisonnée, 50 % des sols ne sont pas désherbés. Début d’une conversion en bio en 2019.
Gamme une dizaine de cuvées de champagne et un ratafia
Prix public à partir de 16,10 euros la bouteille pour le Carte bleue brut, 25 euros le brut millésimé.
voir plus loin
Une DRH en portage salarial
En assurant des missions comme la paye, gestion du personnel, rédaction des documents obligatoires ou de contrats, mise en place d’élections… Hélène Raza joue le rôle d’une DRH externe. Elle a opté pour le portage salarial. C’est donc l’entreprise de portage qui facture ses prestations aux vignerons. Structuré par une convention collective depuis 2017, le portage salarial permet, selon Hélène Raza, de travailler en confiance. Elle conseille ainsi une vingtaine de domaines viticoles.