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Trubtube, pour filtrer ses bourbes à moindre coût

L’ICV vient de lancer une innovation à destination des petits domaines : le Trubtube. Ce sac permet de filtrer les bourbes dans le pressoir pneumatique du domaine. Les premiers utilisateurs sont conquis.

<em class="placeholder">Sacs Trubtubes de l&#039;ICV.</em>
Les Trubtubes sont des sacs en polymères réutilisables. Insérés dans un pressoir pneumatique, ils filtrent les bourbes.
© ICV

« C’est très rapide, cela permet d’être autonome et cela revient beaucoup moins cher que de faire appel à un prestataire. » C’est par ces mots que Sébastien Alban, au Château Juvenal, à Saint-Hippolyte-le-Graveyron, dans le Vaucluse, résume les avantages des Trubtubes, des sacs en polymères réutilisables, capables de filtrer les bourbes dans un pressoir pneumatique. Il les a testés en 2023 et 2024, sur des bourbes de rosés et de blancs et en possède désormais quatre pour un volume vinifié d’environ 200 hl de blanc, et donc de 15 à 20 hl de bourbes. « C’est très bien quand on a de petits volumes de bourbes, témoigne-t-il, car on peut les filtrer petit à petit. Avant, je devais attendre d’avoir un volume suffisant pour faire venir le prestataire et du coup, certaines bourbes partaient en FA. »

C’est ce côté qualitatif : pouvoir travailler sur des bourbes fraîches, avec très peu de SO2, et sans avoir besoin d’employer de froid pour les conserver, qui a séduit Daniel Vandikman, vigneron au Domaine de Marotte, à Carpentras, dans le Vaucluse, il y a une dizaine d’années. Hollandais d’origine, il a à l’époque découvert ces sacs en Allemagne. Depuis, ils sont importés et commercialisés en France par l’ICV. « Ça m’intéressait beaucoup car cela évite le gaspillage et permet de récupérer les bourbes, très riches aromatiquement. En outre, cela évite de dépendre d’une entreprise de prestation », récapitule-t-il. Il vinifie environ 450 hl de blanc par an et 150 hl de rosé dont il filtre les bourbes à l’aide de Trubtubes depuis environ dix ans et assure que « cela vaut le coup ».

Une homogénéisation du mélange un peu ardue

Tout commence par la préparation des bourbes. Pour ce faire, il y mélange 3 à 5 kg/hl de perlite selon le cépage et la qualité des bourbes ainsi que, selon la viscosité, 1 à 3 kg/hl de fibres de cellulose (Trub-ex d’Erbslöh), qu’il achète en Allemagne, ayant des difficultés à s’approvisionner en France. Il prévient que la bonne homogénéisation du mélange n’est pas si aisée, du fait de la pulvérulence de la perlite. « J’ai testé le remontage sans air avec ma pompe, mais ce n’était pas top, décrit-il. Depuis, je prends ma fourche de décuvage en plastique pour mélanger. Ce n’est pas facile à préparer. C’est vraiment pour de petites structures ; ce serait trop compliqué pour des grosses. » Il précise qu’il s’équipe de gants et d’un masque pour manier la perlite, dangereuse pour les poumons. Sébastien Alban estime quant à lui que les sacs sont simples à employer. Il ajoute de la perlite aux bourbes à raison de 5 kg/hl, mais pas de fibres. « J’ai fait une fois un essai sans perlite mais ça a été une catastrophe, prévient-il. Il faut absolument ajouter ce produit. »

Une fois le mélange effectué, il faut disposer les sacs horizontalement dans un pressoir pneumatique et les remplir un par un aux trois quarts, puis les fermer via des Rislan. Il est également possible d’employer des cordons résistants ou des serre-câbles. Daniel Vandikman double quant à lui le Rislan par une corde en nylon, pour ne prendre aucun risque. Reste l’étape la plus sportive : le remplissage des sacs. « Pour ce faire, il faut entrer dans le pressoir et rester dans une position pas très confortable », regrette Daniel Vandikman. Par ailleurs, à moins d’être doté d’une pompe avec télécommande, « il faut être deux, un dans le pressoir et un autre à la pompe, ce qui génère un coût supplémentaire, note Sébastien Alban. Néanmoins, cela reste rentable et plus qualitatif, vu que les bourbes ne s’abîment pas ».

Un cycle adaptable à la demande

Leurs pressoirs peuvent contenir deux à quatre sacs. Une fois que le sien est rempli, Sébastien Alban le lance manuellement. « On envoie l’air dans la membrane, ça pousse les sacs, observe-t-il. Puis on fait un quart de tour pour que la partie ajourée soit en bas, et on monte par paliers de 200 grammes. » Il souligne qu’il n’a pas besoin d’aller au-delà de 600 grammes et que l’opération dure quinze à vingt minutes. De son côté, l’ICV informe que l’opération prend environ une demi-heure. Chez Daniel Vandikman, le cycle dure environ deux heures, peut-être en raison de la cage fermée. Le viticulteur positionne les trous au-dessus de la maie mais le débit est certainement moindre qu’avec une cage ajourée. En outre, il préfère « y aller doucement ». « La montée en pression dépend de ce qui coule, justifie-t-il. Je monte petit à petit, jusqu’à 1,2 bar. »

<em class="placeholder">Sac Trubtube de l&#039;ICV.</em>
Chaque sac a une capacité de 250 litres. Il ne doit en revanche pas être rempli jusqu'en haut afin de pouvoir être fermé. © ICV
Les deux viticulteurs sont ravis de la qualité des jus qui s’écoulent. « On dirait un vin blanc, cela marche très très bien », se réjouit Sébastien Alban. Il n’a pas vu de différence qualitative avec avant, lorsqu’il faisait filtrer sur filtre-plaque par son prestataire. Même satisfaction au Domaine de Marotte, où les jus issus des bourbes sont « très intéressants, riches, aromatiques ». Sur 10 hl de bourbes, Daniel Vandikman évalue le volume récupéré à 7 ou 8 hl.

Il est également possible de filtrer les lies, mais aucun des deux vignerons n’a testé cette configuration. Une fois le jus écoulé, Sébastien Alban vide le contenu du sac qui est « très sec » dans le bac avec les marcs et les rafles, et l’ensemble part à la distillerie. Daniel Vandikman évacue quant à lui ces déchets dans son compost.

Des sacs simples à nettoyer et robustes

Après utilisation, il faut rincer les sacs au jet d’eau, « mais surtout pas au Kärcher », alerte Sébastien Alban. Daniel Vandikman les passe à l’eau et les fait tremper dans de l’acide citrique. L’ICV précise qu’il est également possible de les laver dans un lave-linge à 30 °C, sans détergent. En fin de saison, Sébastien Alban désinfecte tous ses sacs, les fait sécher et les plie. Ils ne bougent pas. De même, il n’a constaté aucune rupture de sacs ou aucun trou, malgré la pression appliquée dessus. « C’est bien fait car la membrane du pressoir appuie de manière uniforme partout. Que ce soit au niveau des coutures, du nœud, rien ne bouge, se satisfait-il. C’est du costaud, c’est vraiment un bon produit. » Et Daniel Vandikman peut en témoigner, lui qui est équipé de ces sacs depuis dix ans. « Entre-temps, la composition des sacs a changé, nuance-t-il, mais les premiers sont toujours fonctionnels. Les nouveaux sont mieux et très robustes, c’est un produit très qualitatif. »

<em class="placeholder">Vidage du Trubtube.</em>
Une fois le jus écoulé, on vide le contenu du sac qui est sec dans un bac. © ICV
Même s’ils reviennent moins cher qu’une prestation, ces sacs constituent un investissement conséquent puisqu’il faut débourser 350 euros par Trubtube. « C’est cher pour ce que c’est, juge Daniel Vandikman, mais cela dure longtemps et on a un vrai gap qualitatif ; on travaille sur des bourbes saines et fraîches. » Un levier de réduction du prix réside certainement dans le fait de se grouper à plusieurs, le tarif étant dégressif à partir de cinq unités.

fiche technique

Trubtube, de l’ICV

Composition polymères

Capacité 250 litres par sac

Poids moins de 1 kg par sac

Compatibilité pressoirs pneumatiques de 10 à 100 hectolitres

Dosage 1 à 2 sacs pour 10 hectolitres de cage de pressoir

Pression de service 1,2 bar maximum

Température de lavage 30 °C maximum

Prix 350 € HT hors transport, tarif dégressif à partir de 5 unités

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