Ted s’occupe du cavaillon
Le robot Ted de Naïo technologies est opérationnel depuis plusieurs mois. Les ingénieurs étudient de nouveaux itinéraires techniques adaptés à ses caractéristiques.
Le robot Ted de Naïo technologies est opérationnel depuis plusieurs mois. Les ingénieurs étudient de nouveaux itinéraires techniques adaptés à ses caractéristiques.
Avec le robot Ted, Naïo technologies n’en est pas à son coup d’essai. Après avoir lancé le petit automate bineur Oz, la start-up toulousaine a décidé de voir plus grand, et de cibler plus précisément le marché de la vigne en développant un enjambeur.
L’engin de 800 kg est équipé de quatre roues motrices directionnelles avec moteurs électriques, développant 14 ch. Il se repère dans l’espace par GPS, avec une précision centimétrique, grâce à une cartographie des parcelles préalablement réalisée par drone. « La fiabilité du système est manifeste, estime Christophe Gaviglio, ingénieur mécanisation à l’IFV, et qui essaie Ted depuis plusieurs mois. Le robot garde sa ligne, fait son travail et se met en défaut s’il sort de son périmètre. On est même plus serein qu’avec un tractoriste ! »
Toutefois, la présence d’un opérateur à proximité est encore indispensable, que ce soit au niveau réglementaire, ou pour intervenir lorsque la machine s’arrête par sécurité, ce qui arrive encore de temps à autre. À l’heure actuelle, le robot est capable de travailler avec des outils passifs, notamment des lames interceps et bineuses à doigts.
Mais la puissance manque pour y atteler des décavaillonneuses et aborder un rang où les adventices ont eu le temps de s’implanter. « Si la machine est au point techniquement, il reste encore à travailler sur l’agronomie, avoue le technicien. La technologie nous permet d’imaginer de nouveaux itinéraires, pour lesquels il faut définir la fréquence d’intervention, la succession d’outils, la gestion de la terre sous le rang… » Car Ted ne peut pas tirer les mêmes outils qu’un tracteur, mais il peut passer plus souvent.
Quatre à cinq hectares de travail par jour.
L’idée est donc, puisqu’il travaille seul et que l’électricité représente un faible coût, de ne pas laisser le sol se fermer, en renouvelant les interventions tous les quinze jours. D’autant plus que son faible poids lui permet de rentrer dans les parcelles très rapidement après la pluie, sans même risquer de créer des ornières.
Avec une vitesse maximale en activité de 4 km/h, Ted peut traiter quatre à cinq ha/j. Ainsi, un seul robot peut potentiellement gérer 40 à 50 ha. « Ce chiffre dépend de la longueur des rangs, car il perd du temps lors des demi-tours », prévient Guillaume Delprat, responsable marché vigne chez Naio. Ses batteries se rechargent complètement en une nuit, et l’autonomie est d’une demi-journée de travail. Un système de charge rapide permet toutefois de l’alimenter à 80 % en deux heures seulement. Il n’est donc pas indispensable d’avoir deux jeux de batteries pour assurer les sept heures de travail journalier.
Les concepteurs ont également pensé à la protection des systèmes électriques, l’étanchéité est ainsi suffisante pour laisser au robot le temps de retourner au hangar. Pour l’instant, Ted supporte difficilement les pentes, « mais ajouter de la motricité ne sera pas très difficile », rassure le technico-commercial. De même, l’entreprise prévoit un modèle pour vignes étroites, car les dimensions actuelles de 1,80 m de large et 2 m de haut en font un outil réservé aux vignes larges.
Des attelages supplémentaires sont déjà à l’étude
La firme pense aussi à équiper Ted de nouveaux outils pour multiplier les travaux. Rogneuse, épampreuse ou encore tondeuse ont notamment été évoquées. Ted devrait être commercialisé dès 2019 pour un tarif avoisinant les 150 000 €. Une somme importante, mais qui est amenée à baisser rapidement, à la faveur d’une production à plus grande échelle. « Il faut absolument que cela soit rentable pour le vigneron, nous ferons donc en sorte d’être compétitifs avec les autres solutions », assure Guillaume Delprat. Pour ceux qui ne seraient pas prêts à mettre le prix, Naïo parle également d’un service de location.
Repères
Ted, Naïo technologie
Poids 800 kg,
Puissance 14 kW
Travaux binage interceps
Type de vignes larges
Maturité début de commercialisation
Prix environ 150 000 €