Afterres 2050
A quel changement climatique l'agriculture française va devoir s'adapter selon Solagro ?
Solagro, dans le cadre du scénario de prospective Afterres 2050, a proposé le 28 janvier 2025 un webinaire sur l’adaptabilité des filières agricoles face au changement climatique, en s’appuyant sur les prévisions de Météo-France.
Solagro, dans le cadre du scénario de prospective Afterres 2050, a proposé le 28 janvier 2025 un webinaire sur l’adaptabilité des filières agricoles face au changement climatique, en s’appuyant sur les prévisions de Météo-France.

« La vulnérabilité du secteur agricole face au changement climatique : faire face aux risques » était l’intitulé du webinaire organisé ce 28 janvier 2025 par Solagro dans le cadre du scénario de prospective Afterres 2050. Afin d’éclairer le monde agricole sur ce qui l’attend, Solagro a fait appel à Sophie Martinoni-Lapierre, directrice de la climatologie et des services climatiques de Météo-France. Elle a rappelé que les autorités françaises ont défini en 2023 une Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (la TRACC) fixant une cible commune d’adaptation et visant à préciser à quoi s’adapter en termes de climat durant le 21e siècle. Cette trajectoire s’appuie sur l’ensemble de projections climatiques régionales produites dans le cadre du projet Explore2.
A relire : 2024 confirmée pour être l’année la plus chaude jamais enregistrée
Un réchauffement plus marqué en France que dans le reste du monde
Les projections tablent sur un réchauffement de 1,5 °C en 2030, de 2 °C en 2050 et de 3 °C en 2 100 à l’échelle mondiale. Sophie Martinoni-Lapierre souligne que le réchauffement sera plus fort en France, notamment parce que les continents se réchauffent plus vite que les océans. Ainsi dans l'Hexagone, on pourrait tabler sur + 2 °C en 2030, + 2,7 °C en 2050 et + 4 °C en 2 100, tout en rappelant que le réchauffement moyen d’origine anthropique est évalué à 1,7 °C en 2023. Elle souligne que le scénario à + 4 °C est « plutôt optimiste » et qu’il n’est pas fait pour « renoncer mais s’adapter ». L’évolution des températures annuelles présente des incertitudes faibles mais il apparaît cependant une variabilité spatiale de l’ordre de 1 °C en fin de siècle entre le sud-est du pays et les Alpes qui se réchauffent plus et le nord-ouest du pays un peu moins. Le réchauffement est plus marqué en été qu’en hiver, de l’ordre de 1 °C.
Vers une température moyenne de 14,2°C ?
La température moyenne annuelle en France pourrait atteindre + 14,2 °C avec des pointes à + 15 °C dans l’agglomération parisienne (climat actuel de la région de Montpellier) et au-delà de + 18 °C pour la moitié sud (climat actuel de l’Andalousie).
D’importantes incertitudes pour les précipitations
L’évolution des précipitations présente des incertitudes importantes selon Sophie Martinoni-Lapierre. Les simulations projettent une légère augmentation sur le quart nord-est du pays et sur le reste de l’Hexagone, une légère baisse sur le sud-ouest au niveau de réchauffement le plus élevé.
À l’échelle de la France, le cumul de précipitations est stable mais les précipitations utiles (différence entre précipitation et évaporation) vont diminuer sous l’effet de la hausse des températures. Les évolutions présentent des contrastes saisonniers avec une dominante de hausse des précipitations en hiver et de baisse en été. En hiver, la hausse domine quasiment sur l’ensemble du pays (hors Alpes et Pyrénées) avec une bonne confiance sur le signe du changement à l’exception des régions les plus méridionales mais aussi une partie de la Bretagne au niveau de réchauffement le plus élevé.
Précipitations : +15% en hiver, -20% en été
Toujours pour les précipitations, elles devraient augmenter en moyenne de 15 % en hiver sur toute la France. En été, la baisse domine sur tout le pays mais la confiance sur le signe du changement reste limitée pour les niveaux de réchauffement + 2 °C et + 2,7 °C voire même pour le niveau de réchauffement + 4 °C dans le quart nord-est. Les pluies en été devraient diminuer en moyenne de 20 % sur toute la France.
40 jours de sécheresse des sols supplémentaires
Pour ce qui est de la sécheresse des sols, avec un réchauffement à + 4 °C, on peut s’attendre à 40 jours supplémentaires de sécheresse modérée en moyenne et à une augmentation plus forte pour la moitié sud de la France où elle approche souvent les deux mois supplémentaires.
Comment faire évoluer les différentes filières agricoles ?
Alors comment faire évoluer les différentes filières agricoles ? Difficile de répondre à cette question selon Solagro. « En 2050, il y aura une vulnérabilité pour toutes les filières qui se retrouveront en situation délicate » estime Nicolas Métayer, directeur adjoint de Solagro et responsable agriculture-climat. L’ensemble du monde agricole qui s’accorde à demander un accès à l’eau pour toutes les filières devra utiliser des leviers de type efficience, substitution ou reconception pour faire face à ces changements climatiques et s’adapter.
Alors que les agriculteurs ont commencé à faire preuve d’ingéniosité face au changement climatique, selon Solagro de nombreuses mesures « externes » devront être prises en matière de génétique, d’outils d’aide à la décision agricole (OAD), de vaccination et de technologies. Il faudra en particulier rechercher des solutions ciblant majoritairement les stress hydriques. Quant aux investissements, ils devraient principalement avoir trait aux bâtiments d’élevage, à la conservation des grains et des fourrages ou encore aux moyens de mettre les vergers « sous abri ».