Plus de peur que de mal ?
46,8 millions d’hectolitres. Tel était le volume de vendange sur lequel le service de la statistique et de la prospective (SSP) du ministère de l’Agriculture tablait à la mi-juillet. Soit une hausse de 27 % par rapport à 2017 et de 7 % par rapport à la moyenne quinquennale. Pourtant, la campagne aura été vécue comme un véritable cauchemar par nombre de viticulteurs. Pluies diluviennes retardant l’entrée dans les vignes et désorganisant les travaux, épisodes de grêle à répétition, coulures éparses et mildiou en pagaille n’auront cessé d’inquiéter et de stresser les vignerons, aussi bien bio que conventionnels. Le SSP signale d’ailleurs que le mildiou et la grêle ont atteint de nombreux bassins et amputé les volumes. Ce que confirmaient les professionnels sur le terrain. Dans les côtes-du-rhône, un opérateur évoquait des pertes atteignant 50 % ; dans le Bordelais, un autre craignait une baisse de 20 %.
Heureusement, pratiquement toutes les régions bénéficiaient d’une très belle sortie de grappes, compensant les pertes liées aux aléas climatiques ou aux maladies. Malgré tout, les 46,8 millions d’hectolitres annoncés par le ministère semblaient un peu optimistes.
En revanche, à l’heure où nous écrivions, la précocité des vendanges ne faisait aucun doute. Le SSP rapportait qu’en Alsace, la vigne semblait avoir une dizaine de jours d’avance, que la Champagne et le Val de Loire faisaient montre d’une précocité de quinze jours. Et que le bassin Bourgogne-Beaujolais était même en avance de trois semaines. Même topo dans les autres régions où certaines grappes étaient entièrement vérées au 25 juillet. Du jamais vu ou presque !
Cette précocité confirme bel et bien que le changement climatique est en marche et que l’adaptation est chaque jour plus nécessaire et urgente. Il est primordial d’arriver à vinifier des vins qui ne soient pas trop alcooleux et chauds afin de répondre aux attentes des consommateurs. Or cette question, en discussion depuis des années au sein de la filière, n’a toujours pas débouché sur des mesures concrètes. Il serait temps que ce soit le cas.