Maladies du bois : quelle cureteuse fonctionne le mieux ?
Le centre d’expérimentation du Vinopôle Sud Bourgogne, Vitilab, a mené une campagne d’essais sur les cureteuses. Voici son verdict.
Le centre d’expérimentation du Vinopôle Sud Bourgogne, Vitilab, a mené une campagne d’essais sur les cureteuses. Voici son verdict.
Avec le développement des maladies du bois comme l’esca ou le Black Dead Arm (BDA), le curetage est devenue une opération qui tend à se démocratiser. Si elle peut s’effectuer avec des petites tronçonneuses thermiques ou à batterie, celles-ci sont souvent lourdes (autour de 3 kg), bruyantes (pour les modèles thermiques) et nécessitent deux mains pour un usage précis. Depuis, le marché s’est enrichi de machines de curetage spécifiques, avec un port de type pistolet et un guide plus fin, qui se veulent plus maniables et confortables à l’usage.
Dans cette nouvelle famille de produits, l’offre s’étoffe de jour en jour. Afin d’y voir plus clair, le Vitilab a mené, en février dernier, une campagne de tests dans une parcelle de vigne à Davayé, en Saône-et-Loire. Guillaume Paire et Manon Oriol, respectivement animateur et alternante au Vitilab, ont testé quatre modèles de tronçonneuses de curetage, trois étiquetés professionnels (Arvipo MT37, Bahco BCL15IB et Pellenc Selion M12) et un modèle grand public (Parkside PGHSA 12 B2).
Quatorze critères notés entre 0 et 5
Pour ce faire, ils les ont évalués de 0 à 5 sur quatorze critères : l’ergonomie, la maniabilité, la fatigue musculaire, la sécurité, la robustesse, le réglage, l’autonomie de la batterie, le nettoyage, l’affûtage de la chaîne, son graissage, la puissance et la précision de coupe, les fonctionnalités et le prix. Les résultats sont compilés ci-dessous.
Ergonomie : batterie sur l’outil ou dorsale
Les batteries intégrées au manche des modèles Arvipo, Bahco ou Parkside sont suffisamment légères pour ne pas impacter l’équilibre et l’ergonomie. Si toutes les machines proposent une poignée ergonomique, le modèle de Pellenc se distingue par une seconde poignée sur le dessus, favorisant une pression plus élevée sur le guide.
La maniabilité liée aux dimensions de l’organe de coupe
Le poids influe sur la fatigue musculaire
Sécurité : un biseau sur le dessus des scies
Si tous les modèles possèdent une poignée antidérapante et un biseau au-dessus de la lame, seuls l’Arvipo et le Bahco proposent trois boutons à presser simultanément pour activer la coupe.
La robustesse corrélée au prix
Réglage : une clé intégrée chez Pellenc
Pellenc propose une clé télescopique intégrée pour régler la tension de la chaîne et le démontage du guide et de la chaîne. Ces deux réglages sont assurés à l’aide de deux vis sur les trois autres machines.
Autonomie : jusqu’à 11 pieds curetés par batterie
La mesure de l’autonomie a été réalisée sur la base de 5 minutes de coupe par pied. Dotée de la batterie la moins puissante de l’offre du constructeur vauclusien (5,8 Ah, sachant la plus puissante monte à 17,4 Ah), la Pellenc sort du lot avec près d’une heure d’autonomie, soit 11 pieds curetés. L’Arvipo, la Bahco et la Parkside se limitent respectivement à 4, 6 et 3 ceps curetés. À noter qu’Arvipo et Bahco proposent des packs de trois batteries ou des batteries dorsales pour une autonomie supérieure.
Le nettoyage similaire sur les quatre machines
Aucune différence de nettoyage n’a été identifiée entre les quatre modèles, sur lesquels il s’effectue simplement.
Affûtage : avantage aux grosses chaînes
Simple sur les quatre machines, l’affûtage est plus aisé sur la Pellenc du fait de sa chaîne plus large.
Graissage : la lubrification automatique sur les machines professionnelles
Vectrice de confort et de gain de temps, la lubrification automatique distingue les machines professionnelles de la Parkside, qui en est dépourvue. Pensez tout de même à compléter le niveau lors des changements de batterie.
La puissance de coupe liée à la vitesse de chaîne
Il n’a pas été difficile de cureter avec ces quatre tronçonneuses. La puissance de coupe est fortement liée à la vitesse de chaîne. Avec 11 m/s, les Arvipo et Bahco sortent du lot, la Bahco n’ayant jamais stoppé lors de gros efforts. La Pellenc et sa chaîne plus large filant à 10,3 m/s ont eu tendance à marquer l’arrêt en cas de gros efforts. Bien que sciant à un rythme deux fois moins élevé (5,6 m/s), la Parkside est suffisamment puissante pour faire le travail.
La précision de pair avec la taille du guide
Bien que toutes les machines proposent des scies suffisamment compactes pour un curetage performant, les guides plus fins d’Arvipo et Bahco se démarquent en termes de précision pour peaufiner le curetage.
Des affichages de niveau de batterie divers
Le niveau de la batterie est directement accessible sur un écran LCD sur les scies Arvipo et Bahco. Cet affichage est moins pratique sur la Pellenc puisqu’il se situe sur la batterie dorsale. La précision du niveau de la batterie Parkside se limite à trois leds vert, jaune et rouge.
La Parkside très économique
Affichée à 45 euros (+ 30 euros par batterie), la Parkside sort évidemment du lot. Comme probablement beaucoup d’élagueuses grand public qui commencent à inonder le marché, elle n’est pas destinée à un usage intensif, même si ses performances sont loin d’être ridicules. Et la garantie trois ans proposée par Lidl peut faire réfléchir.
À l’opposé, la M12 de Pellenc est vendue 910 euros HT seule, 1 782 euros avec la batterie la moins puissante. Ce tarif se justifie par les bonnes caractéristiques de cette cureteuse qui a fait ses preuves.
Dotée de trois batteries, l’Arvipo est à 455 euros HT, contre 670 euros HT pour la Bahco doté du même nombre de batteries. Ces deux machines proposent un bon rapport qualité/prix, notamment l’Arvipo. Pour un tarif raisonnable, la Bahco propose une autonomie intéressante.
Voir plus loin
L’objectif du curetage est simple : éliminer toute la partie des ceps contaminée par les champignons, que l’on appelle l’amadou et que l’on identifie facilement par une pourriture blanche spongieuse qui s’insinue dans le bois. Cette opération consiste à retirer les parties atteintes à l’aide d’une petite tronçonneuse pour préserver le bois encore fonctionnel et les flux de sève : on ouvre verticalement le cep avec le guide et on creuse jusqu’à élimination complète des parties blanches. Le cep repartira sainement la saison suivante sans apparition de symptôme.
Une nouvelle cureteuse essayée
Depuis l'écriture de l'article paru en format papier, le Vitilab a eu l'occasion de tester une nouvelle version de la cureteuse Pellenc. Baptisée M12 Evo, cette nouvelle génération se distingue de la M12 essayée en premier lieu sur deux points. "Une mise à jour logicielle permet à la cureteuse, avec le même guide essayé précédemment, d'être beaucoup moins sensible au calage, explique Guillaume Paire. Ceci sans impacter négativement l'autonomie, bien au contraire." Par ailleurs, Pellenc propose désormais un guide sensiblement plus long, mais surtout plus fin et avec une maille de chaîne plus fine, qui rend la M12 Evo mieux adaptée au curetage.