Campagne viticole 2002-2003
L´Onivins évoque l´intérêt d´un gel des plantations
Campagne viticole 2002-2003
En cette période caractérisée par les excédents, l´Onivins prépare les esprits et commence à évoquer l´intérêt d´une pause dans les plantations. Il n´est pas sûr que les dits esprits l´entendent de cette oreille.
"Le sujet ne doit plus être tabou", a indiqué Jean-Luc Dairien, directeur de l´Onivins en évoquant l´intérêt d´étudier un gel des plantations pour les vins de pays et les vins à A.O.C. .
Encore 1,5 million d´hectolitres à éliminer
L´objectif sera d´analyser les conséquences négatives et positives d´un gel de l´augmentation du vignoble, a encore souligné le directeur de l´Office. "Nous voulons faire valoir qu´au-delà des aspects micro-économiques, doivent être pris en compte des évolutions macro-économiques concernant le contexte international et l´évolution des marchés. La somme des intérêts particuliers ne fait pas forcément l´intérêt général." Un adage qui s´est encore vérifié récemment avec la faible souscription à la distillation de crise, dont le prix de base européen s´accompagnait pourtant d´un complément national, demandée à cor et à cri par les professionnels. Sur le quota de quatre millions d´hectolitres ouvert par Bruxelles, seulement 2,352 millions ont été souscrits. "Il y a toujours 1,5 million d´hectolitres à éliminer", constate l´Onivins. Voilà qui ne prêche guère en faveur d´une augmentation du potentiel de production du vignoble. Professionnels et pouvoirs publics cherchent des explications à cette désaffection alors que les appels "solennels" à souscrire s´étaient multipliés: un déficit d´information, des délais de paiement trop longs, une période de souscription trop courte, un prix pas assez attractif...
Convaincre de la nécessité de réformer l´organisation commune de marché
Les responsables professionnels font aussi leur mea culpa et reconnaissent que si autrefois, il existait une cohésion certaine entre les choix professionnels nationaux et les protestations de la base, il y aurait aujourd´hui comme un décalage. Il n´en demeure pas moins que la France se retrouve en délicatesse vis à vis de l´Europe. Surtout au moment où la première veut convaincre la seconde de la nécessité de réformer l´OCM (Organisation commune de marché) sur les volets gestion de marché et du potentiel viticole. "Que venez-vous nous parler de réforme structurel alors que vous n´êtes même pas fichus d´évaluer correctement vos excédents?", risque de s´entendre répondre celui qui aura la difficile mission de négocier pour la France cette réforme. "Aussi, prendre la décision de geler pour cette campagne, les plantations serait un signe important donné aux services de la Commission européenne et aux autres pays producteurs", estime Jean-Luc Dairien.
Vins de pays et A.O.C. réclament des droits de plantation
Pour l´instant, vins de pays et A.O.C. font leurs comptes, tableaux de bord économique à l´appui. Les premiers estiment leurs besoins à 1 976 hectares, les seconds à 4 300 hectares dont 3 200 en droits de plantation externes et transferts. Ces derniers ne comprendraient pas qu´ils pâtissent de la situation de crise que traversent certains vins de pays. Certaines A.O.C. se portant bien, il semblerait légitime de leur accorder un droit à la croissance, indique la Cnaoc (Confédération nationale des vins à A.O.C.). Quant aux vins de pays, ils pourraient s´interroger sur l´utilité de remplir des tableaux de bord s´il n´est tenu aucun compte des résultats qu´ils affichent. En dernier ressort, la décision de geler ou non les plantations appartient au ministre de l´Agriculture qui devrait rendre son verdict avant l´été. "Celui-ci sera sans doute dans une logique de modération", indique Jean-Luc Dairien.