Aller au contenu principal

L'hydrogène est encore difficilement accessible pour les viticulteurs

Se ravitailler en hydrogène ne coule pas de source. Mais des pistes existent pour organiser une production locale.

Se fournir en hydrogène est possible dans certaines stations de distribution. Avoir son propre équipement représente encore un lourd investissement.
© Stock57/stock.adobe.com

Si les atomes d’hydrogène sont partout autour de nous, la molécule de dihydrogène (H2), nécessaire aux diverses applications, ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval. Il y a encore quelques années, le moyen le plus usuel de s’en procurer était de l’acheter, de la même manière que l’azote, chez un industriel du gaz comme Air Liquide ou Linde. Mais il existe maintenant tout un écosystème d’acteurs, à l’instar de McPhy, Atawey ou encore HRS, proposant des solutions clés en main de stations hydrogène et assurant le ravitaillement. Ce dernier peut s’effectuer par camion, mais la démarche prend davantage de sens si l’on met en place une production locale.

Là aussi, la filière commence à se structurer ; des options émergent. Lhyfe commercialise par exemple une unité de production d’hydrogène mobile : un container maritime équipé d’électrolyseur et compresseur que l’on raccorde directement au réseau d’eau et d’électricité. Mais auquel on peut très bien imaginer raccorder sa propre production photovoltaïque, pour obtenir de l’hydrogène vert. Selon les calculs de Lotta van Leeuwen, ingénieure spécialisée dans les énergies vertes, 1 429 m2 de panneaux seraient nécessaires pour alimenter un tracteur vigneron à l’année dans le sud de la France.

Produire de l’hydrogène à partir de ses effluents vitivinicoles

Jean Foyer, fondateur de Qairos énergies, mise de son côté sur la biomasse pour produire l’hydrogène, et voit un fort potentiel dans le vignoble. « Notre concept se base sur la gazéification, qui est une technologie mature, des résidus de chanvre, explique-t-il. À l’échelle locale, l’idée serait de cultiver cette plante entre deux cultures de vigne, pour le repos du sol. » Pour que le projet soit rentable le directeur estime qu’il faudrait un volume de 1 500 hectares de chanvre, « ce qui implique un process industriel ». Une telle filière, imaginable en coopérative, permettrait de produire 3,5 tonnes d’hydrogène par jour, assez pour faire tourner une petite centaine de véhicules lourds.

À moyen terme, les effluents vitivinicoles pourraient également servir de matière première, grâce au développement de l’électrolyse à plasma par la société allemande Graforce. Une technologie qui permet non seulement d’utiliser des eaux usées, mais également de réduire la demande en électricité, puisque l’électrolyse à plasma nécessite 10 à 20 kWh pour produire un kilo d’hydrogène, contre 50 kWh pour une électrolyse traditionnelle. Toujours avec les eaux usées, la start-up française Athena Recherche & Innovation teste un démonstrateur produisant l’hydrogène à partir de bactéries

Ces solutions, existantes ou en devenir, n’en restent pas moins de lourds investissements. Il faut compter quelques dizaines de milliers d’euros pour un électrolyseur et pas moins de 250 000 euros pour les plus petites stations hydrogène autonomes. Le plus simple et le plus économique, à l’heure actuelle, demeure de se ravitailler directement à la pompe avec son véhicule. Un luxe que seules les exploitations à proximité de Nantes, Tours, Dijon, Valence, Toulouse ou Marseille peuvent se permettre à l’heure où nous écrivons ces lignes.

voir plus loin

Stocker à l’état solide pour faciliter le transport et la diffusion

« Une nouvelle forme de stockage d’hydrogène pourrait rebattre les cartes du marché », assure dans une récente tribune le consultant Pierre-Emmanuel Guilhemsans-Vendé, chez TNP Consultants. En effet, la société française Hysilabs a développé un vecteur liquide, l’hydrure de silicium, permettant de stocker sept fois plus de molécules que sous la forme gazeuse à 200 bars. « Il n’y aurait pas besoin d’infrastructures spéciales pour transporter et stocker l’hydrogène », poursuit le consultant. D’autres initiatives émanent dans ce sens du CNRS et d'Australie.

L’essor de l’hydrogène dépendra également de l’avancée de diverses innovations de rupture. Les espoirs se portent notamment, en France, sur des recherches permettant de réduire par 400 la quantité de semi-conducteur nécessaire dans les piles à combustible, et à l’augmentation du rendement de ces dernières.

 

Retrouvez notre dossier complet sur l'hydrogène :

Hydrogène en viticulture : mirage ou réel virage ?

L'hydrogène, une solution de plus pour le mix énergétique viticole

Les intrants de la filière viticole seront plus verts grâce à l’hydrogène

L'hydrogène est encore difficilement accessible pour les viticulteurs

Les véhicules utilitaires roulant à l’hydrogène sont propres, mais chers

L’hydrogène, une option pour motoriser les tracteurs vignerons

L’hydrogène en viticulture : la manutention est pionnière

Hennessy veut décarboner la distillation de cognac

 

Les plus lus

<em class="placeholder">désherbage à  l&#039;aide d&#039;une solution diluée de produit Basta dans le vignoble de Champagne . désherbage non sélectif . produit phytosanitaire . pesticide . traitement . ...</em>
Le désherbage chimique vert est-il une voie d’avenir en viticulture ?

Plusieurs solutions de produits désherbants d’origine naturelle sont dans les cartons. Elles apporteraient un nouveau regard…

<em class="placeholder">Rang de vigne en hiver planté de vesce érigée.</em>
En viticulture, enherber sous le rang, ce n’est pas si simple

De nombreux travaux ont été menés en France et en Europe sur l’enherbement du cavaillon, avec un succès mitigé. Voici les…

<em class="placeholder">Attacheur de vigne Pellenc Fixion 2</em>
Les attacheurs électriques, pour un liage de la vigne deux fois plus rapide
Les attacheurs électriques sont connus pour leur débit de chantier élevé. Petit tour de marché des solutions existantes.
Donald Trump menace les vins européens de droits de douane de 200 %

Le combat douanier lancé par Donald Trump depuis son arrivée à la tête des États-Unis connaît un nouvel épisode avec la menace…

<em class="placeholder">Tracteur Same Frutteto Pro</em>
Same - L’autoguidage sans GPS sur les Frutteto Pro

Le constructeur italien Same lance les tracteurs spécialisés Frutteto Pro, une déclinaison toute équipée.

<em class="placeholder">Tracteur Lindner Lintrac 100 avec pont avant suspendu et surpressurisation de cabine de catégorie 4. </em>
Lindner - Pont avant suspendu et cabine de catégorie 4 sur les tracteurs spécialisés
Le constructeur autrichien propose en option un pont avant suspendu sur les Lintrac 100.
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Vigne
Consultez les revues Réussir Vigne au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters des filières viticole et vinicole