Bordeaux
Les vendeurs de bouteilles résistent mieux mais jusqu’à quand ?
Coûts de production en hausse, situations financières assainies sous l’effet du ralentissement des investissements, rentabilités légèrement améliorées mais très fragiles : une étude (1) de l’URABLT (2) passe au peigne fin la situation économique d’une centaine d’exploitations girondines.
Les coûts de production du raisin qui avaient baissé de 22% entre 2001 et 2006, progressent à nouveau de 20 % entre 2006 et 2008 ! Ce résultat est l'un des points importants mis en lumière par cette étude. Sur 2007, les coûts de production sont de 3285 €/ha. Selon les premiers résultats disponibles, ceux de 2008, grimperaient à 3700 €/ha. Cette progression est liée à plusieurs paramètres. La mauvaise climatologie de 2007 et 2008 a conduit à réaliser plus de traitements. Autrement dit, les charges en produits de traitement, les frais de main d'œuvre, les coûts énergétiques et les frais de mécanisation ont été plus élevés. En outre, les prix des produits phytos avaient aussi augmenté, de même que les fermages en 2008
« Les situations financières, et c'est une bonne surprise, explique Florence Lamoureux, conseillère d'entreprise au sein de l'URABLT, ne sont pas trop mauvaises Cette baisse de l'endettement est liée à un quasi arrêt des investissements et à la fin de nombreux emprunts contractés à la fin des années 90. Ce coup de frein sur les investissements, s'il permet de limiter l'endettement n'est pas une bonne chose à long terme. Il faut toutefois relativiser car derrière les moyennes se cachent des situations diverses qui varient selon les entreprises, les modes de commercialisation. A noter qu'environ 17 % des exploitations sont en situation de surendettement. »
L'analyse des rentabilités quant à elle met tout de même en évidence une légère reprise en 2007-2008. Mais celle ci risque malheureusement de ne pas se confirmer pour 2009/2010 compte tenu de la hausse des coûts de production conjuguée à la nouvelle chute des cours du vrac. Les vendeurs de bouteilles résistent mieux en général, et ce grâce à une politique commerciale pointue et un positionnement plus haut de gamme. Ils sont les seuls à avoir poursuivi les investissements depuis 5 ans Les fournisseurs des coopératives affichent de bonnes rentabilités surtout parce qu'ils ont gelé leurs investissements. « Mais le grand bémol qu'il faut souligner, poursuit Florence Lamoureux, est lié aux prix des marchés actuels. Ces millésimes qui ont coûté cher à produire se vendent en effet très mal. Et quand ils se vendent, les prix sont très en dessous des prix de revient. Au final, les exploitations qui ont pu résister depuis 4 à 5 ans, en gelant leurs investissements ne sont pas aptes à affronter la concurrence ou même à réaliser les mises aux normes inscrites dans les cahiers des charges des ODG. ».
(1) Etude de la situation économique d'un échantillon de 100 exploitations viticoles girondines situées dans l'Entre deux Mers.
(2) URABLT-ADAR Union Régionale Agricole de Branne-Libourne-Targon : structure décentralisée de la Chambre d'Agriculture de la Gironde.