Les groupes Dephy, force d’exemple et d’inspiration
Nés en 2010 avec le premier plan Écophyto, les groupes Fermes Dephy sont la preuve que la réduction du recours aux phytosanitaires est possible même si les résultats sont variables. Les expérimentations sont diverses comme en témoignent nos quatre reportages.
Nés en 2010 avec le premier plan Écophyto, les groupes Fermes Dephy sont la preuve que la réduction du recours aux phytosanitaires est possible même si les résultats sont variables. Les expérimentations sont diverses comme en témoignent nos quatre reportages.
Tous les chemins peuvent mener à la réduction des phytos. C’est ce que s’efforcent de démontrer les groupes Dephy. Ils expérimentent une grande variété de systèmes de culture et cumulent des références issues d’expériences terrain menées par les agriculteurs eux-mêmes, afin de pouvoir devenir force d’exemple et d’inspiration pour le plus grand nombre.
Se rencontrer sur le terrain pour échanger et progresser ensemble
Actuellement, 550 viticulteurs répartis dans 49 groupes sont engagés dans la démarche parmi les 3 000 fermes dites Dephy, pour Démonstration, Expérimentation, production de références sur les systèmes économes en produits PHYtosanitaires. En pratique, chaque groupe est épaulé d’un ingénieur réseau et poursuit un objectif de réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires défini par l’IFT. À chaque groupe ensuite de choisir ses thématiques de travail et les leviers à actionner. La seule demande du ministère étant de se fixer l’objectif de 25 % de réduction d’intrants en 2020 et 50 % en 2025, tout en gardant un système économiquement viable.
L’originalité du dispositif est de compléter l’expérimentation individuelle par un échange collectif entre membres du groupe, tous impliqués dans un objectif commun, même si les objectifs d’IFT sont adaptés à chacun. « Dephy fait de l’accompagnement de groupe. C’est une autre façon de conseiller. C’est un point très spécifique du réseau », souligne Laurent Delière, expert viticulture au sein de la cellule d’animation nationale (CAN) Dephy. Cette caractéristique est d’ailleurs parfois mal comprise par certains participants qui attendaient un encadrement individuel encore plus poussé. « Les échanges d’expériences sont très importants notamment pour les herbicides. C’est par l’échange entre pairs que les participants progressent », plaide Laurent Delière.
Des IFT moyens toujours inférieurs à l'IFT national moyen
Les IFT mesurés à l’échelle du réseau connaissent des fluctuations au fil des années, dues aux pressions parasitaires plus ou moins fortes. Mais ils affichent une dynamique de baisse. Le document Trajectoires remarquables du réseau Dephy Ferme, publié par la CAN Dephy en novembre 2018 montre que sur la période 2012 à 2017, les systèmes de culture initialement peu ou pas économes en phytos affichent une baisse régulière de leur IFT moyen quelle que soit l’année, tandis que ceux économes ou très économes connaissent des IFT moyens plus variables, et même plus élevés en cas d’années à forte pression parasitaire (2012, 2013, 2016). En d’autres termes, il est plus facile d’obtenir des résultats importants quand on part de plus haut ! Mais 44 % des systèmes de culture économes ou très économes ont tout de même encore réduit leur IFT d’au moins 5 % sur la période.
Globalement, les IFT moyens du réseau Dephy sont toujours inférieurs à l’IFT national moyen, mesuré par l’enquête nationale des pratiques culturales en viticulture. Ainsi en 2016, l’IFT moyen en viticulture était de 15,3 mais de 11,7 pour le réseau Dephy. En 2017, l’IFT Dephy moyen était de 9,7. La preuve que changer les pratiques nécessite bien un encadrement pour surmonter les freins psychologiques et techniques à l’adoption de leviers de réduction. « Les leviers des fermes Dephy ne sont pas forcément des choses innovantes mais ils ne sont pas appliqués par tout le monde car ils peuvent entraîner des changements importants ayant un impact sur les coûts », souligne Laurent Delière. Les volontaires des groupes Dephy ne reçoivent d’ailleurs pas d’aide financière pour les investissements qu’ils réalisent et rien ne couvre non plus leur prise de risque. Le budget annuel est consacré à l’encadrement.
L’effet d’entraînement vers le plus grand nombre est-il suffisant pour atteindre l’objectif de réduction des phytos de 50 % d’ici 2025 et de sortie du glyphosate sur trois ans encore confirmés récemment par le président Macron ? C’est avant tout sur la communication que repose la diffusion des pratiques. Le réseau Dephy organise des rencontres régulières sur le terrain, à l’instar du Dephy tour organisé par les réseaux Grand Est et Bourgogne Franche-Comté en juillet 2018. Massifier l'accompagnement est aussi l'objectif des groupes Ecophyto 30 000 lancés en 2017 par le plan Ecophyto 2+. Le partage des informations est également réalisé via le site www.ecophytopic.fr. On y trouve aussi les informations sur les Dephy Expé menés par les instituts techniques, des projets plus en rupture dont l’objectif est « de concevoir, tester et évaluer les systèmes de culture » qui réduisent d’au moins 50 % l’usage des produits phytosanitaires ». Cinq nouveaux projets viennent d’être lancés pour six ans.
En 2016, l’IFT moyen en viticulture était de 15,3 mais de 11,7 pour le réseau Dephy
Les groupes Écophyto 30 000 en lancement
"Le plan Écophyto 2 + prévoit de multiplier par 10 d’ici 2021 le nombre d’agriculteurs accompagnés vers l’agroécologie à bas niveau de produits phytopharmaceutiques", indique le ministère de l’Agriculture. D'où le projet des groupes Écophyto 30 000 organisés sur un territoire donné. Ils prévoient l’animation de collectifs d’agriculteurs à partir des résultats des groupes fermes Dephy. En 2019, 330 de ces groupes seraient actifs pour l’ensemble du secteur agricole. Ils fonctionnent sur un système d’appel à projets à l’échelle régionale.