L’écotaxe transports va alourdir les frais d’exploitation
En application du Grenelle de l’environnement, l’écotaxe poids lourds sera applicable au 1er janvier 2014 et répercutée sur le viticulteur qui expédie son vin. Décryptage.
Pour Rachel Blumel, directrice de la chaîne alimentaire durable chez Coop de France, syndicat qui regroupe 3000 structures coopératives du monde agricole en France, “ l’écotaxe transports, qui devrait être mise en place au 1er janvier 2014, impactera le coût du transport pour les viticulteurs ”. Dans la pratique, ce nouvel impôt porte sur tous les camions de plus de 3,5 tonnes qui empruntent 10 000 kilomètres de nationales et 5000 kilomètres de départementales définis par le gouvernement. “ La taxe s’applique tant aux transporteurs nationaux qu’étrangers. Les transporteurs français ont obligation de reporter le coût de la taxe sur leur client, reprend Rachel Blumel. Ainsi, nous assistons à un renchérissement du coût de transport d’autant plus que les exploitations sont très souvent éloignées des autoroutes et voies ferrées. ” Le taux de la taxe diffère d’une région à l’autre de 8 à 15 centimes d’euro du kilomètre suivant le linéaire de routes locales à entretenir. La taxe sera minorée de 30 % dans les régions éloignées des grands pôles urbains comme en Aquitaine et Midi-Pyrénées, et de 50 % pour la Bretagne qui ne dispose pas d’autoroutes. Ce nouveau prélèvement pourrait rapporter 1,2 milliard d’euros, répartis pour 280 millions d’euros pour la gestion du système, 760 millions pour l’Agence de financement des infrastructures de transport en France (AFITF) et 160 millions pour les collectivités locales.
Matériel de géolocalisation
Rachel Blumel rappelle la difficulté de mise en œuvre de cette taxe. Chaque camion français (600 000) et étranger (200 000) doit s’équiper d’un matériel de géolocalisaton GPS contre une consigne de 1000 à 1500 euros pour être détecté sur le réseau taxé. Nous sommes loin d’un équipement du parc en raison de la forte sollicitation des flottes en été. Ecomouv’, société chargée de la mise en œuvre et de la collecte de l’écotaxe, a déjà installé des portiques sur les routes pour repérer les camions non équipés de GPS. “ Le producteur devra ce prélèvement même si le transporteur n’utilise pas le réseau taxé, ce qui risque d’être difficilement compréhensible par certains. Nous ne savons pas comment la grande distribution va ajuster sa stratégie logistique pour éviter de payer la taxe entre ses plateformes et ses points de vente. Rappelons que la précédente loi LME qui réduit les délais de paiement a accru les flux tendus et augmenté la demande de transport. La grande distribution a diminué ainsi le financement de ces stocks. ” Aux viticulteurs de reporter la taxe sur le prix de vente, ou de réduire leurs marges…