Le Vitibot est en bonne voie
Le développement des chenillettes autonomes avance à grand pas en Champagne. Cette nouvelle technologie est déjà très prometteuse, même s’il reste quelques points à régler.
Le développement des chenillettes autonomes avance à grand pas en Champagne. Cette nouvelle technologie est déjà très prometteuse, même s’il reste quelques points à régler.
En juillet dernier, la jeune start-up Vitibot présentait son chenillard autonome devant une foule de viticulteurs, au domaine expérimental de l’interprofession champenoise (CIVC) à Essoyes, dans l’Aube. Et avec ce deuxième prototype, force est de constater que l’entreprise n’est plus très loin d’une technologie mature. « Il s’agit d’un chenillard classique, où l’on a enlevé le siège pour le remplacer par un boîtier numérique », expose Cédric Bache, concepteur du Vitibot. À la machine initiale, de la marque italienne Rodag, il a simplement ajouté un ordinateur, capable de gérer toutes les commandes grâce à des électrovannes hydrauliques de série. Cet ordinateur est relié à des capteurs de distance, installés sur l’arceau. « Nous utilisons la même technologie que les voitures autonomes telles que la Google Car », poursuit le fondateur. Un système qui n’emploie pas de trace GPS pour se guider, mais qui est doté d’une très bonne vision jusqu’à 100 mètres, ce qui lui permet de distinguer les rangs de vignes et de comprendre son environnement. « Cela le rend plus sûr que d’autres technologies de guidage, puisqu’il analyse en permanence ce qu’il se passe autour de lui, et corrige sa trajectoire 20 fois par seconde », assure Cédric Bache. Effectivement, une fois lancé dans les vignes, le Vitibot n’a eu aucun mal à tenir sa trajectoire. En arrivant en bout de rang, il a également capté l’information très aisément, ce qui lui a permis à chaque fois de couper le pulvérisateur qui lui était attelé, et d’enclencher son demi-tour.
Des arrêts intempestifs et un demi-tour à corriger
En revanche, cette manœuvre a été assez laborieuse ce jour-là, car l’entreprise testait un nouvel attelage arrivé la veille. L’appareil étant programmé pour effectuer le demi-tour avec un outil de travail du sol, il s’est trouvé légèrement déboussolé. Il lui a fallu une quinzaine de marches avant/arrière et une bonne minute pour accéder au rang suivant. Mais il a tout de même atteint son but tout seul. « Il nous a manqué un jour de développement, pour pouvoir rentrer les codes informatiques permettant de configurer cette situation, regrette le jeune entrepreneur. En temps normal c’est beaucoup plus fluide. » De même, quelques éléments sont venus perturber le Vitibot de façon sporadique, nécessitant une reprise ponctuelle du contrôle à distance, via une tablette numérique. Des arrêts en plein rang inexpliqués, mais dont on vient facilement à bout grâce à quelques manipulations informatiques, assure le développeur. Si la nébulisation du pulvérisateur et la densité du feuillage n’entravent pas sa vision, de nombreux éléments de sécurité peuvent être à l’origine de ces arrêts. Mais dans l’ensemble, et mis à part ces quelques détails à régler, le fonctionnement de ce chenillard autonome a semblé tout à fait satisfaisant. Il a été à l’aise sur les routes travaillées aussi bien que sur celles enherbées, ne s’est pas embourbé ni mis de travers. De même, la pente (bien que légère) ne lui a pas causé de problème particulier. Selon son constructeur, cette dernière peut atteindre 30 % sans perturber la machine.
Sur la campagne 2017, le Vitibot a déjà travaillé en prestation pour de grandes maisons comme Drappier, Roederer, Taittinger ou Vranken-Pommery. Il a notamment réalisé du travail du sol. À l’heure du bilan de la saison, Cédric Bache est enthousiaste. « Nous avons réussi à tenir nos contrats, se félicite-t-il. Pourtant nous avons eu certaines parcelles difficiles, qui n’avaient jamais été travaillées, avec de la pente ou encore avec des terriers de lapin. Mais nous n’avons pas rencontré de problème majeur. »
Un matériel conçu pour être facile d’emploi
Le fondateur assure avoir eu une vitesse moyenne identique à un travail traditionnel, et sans faire plus de dégâts que lorsqu’un opérateur conduit l’engin.
À moyen terme, l’idée pour les viticulteurs serait d’équiper leurs propres chenillards de la technologie Vitibot, comprenant le paramétrage pour chaque type de travail et l’alternance éventuelle des rangs. Il suffirait alors de le déposer en début de parcelle, de le laisser travailler seul et le récupérer en fin de parcelle. « Tout est conçu pour être facile d’emploi », assure Cédric Bache. Pour l’instant, la présence d’un opérateur est obligatoire à proximité. « Mais on peut imaginer qu’une personne surveille à distance plusieurs véhicules autonomes », suggère le concepteur. Pour lui, le but serait même de supprimer entièrement l’opérateur. Mais pour cela, la réglementation doit évoluer. Avec d’autres entreprises de robotique agricole, ils ont donc monté le collectif Robagri, afin d’être mieux entendus par les législateurs.
La commercialisation du chenillard autonome devrait commencer à la fin de la campagne 2018, pour un prix qui n’est pas encore déterminé.
@ Faites-vous une idée du fonctionnement de Vitibot en regardant la vidéo sur vigne.reussir.fr
Un chenillard autonome
Société Vitibot
Technologie de guidage capteurs de distance à ultrasons et caméra
Compatibilité tout chenillard équipé de commandes électriques
Travaux enseignés tonte, effeuillage, labour, désherbage mécanique intercep, pulvérisation