Etude
Le réchauffement climatique vu par les vignerons
L’IFV, en collaboration avec les vignerons indépendants de France, a recueilli le sentiment de vignerons sur la réalité du changement climatique. Une étude qui devrait permettre d’orienter la recherche en ce domaine.

Un des premiers enseignements de cette étude est que le réchauffement climatique est une réalité pour l'ensemble des vignerons français. « Mais cette réalité ne se traduit pas de la même manière entre le sud et le nord de la France. Les vignerons du Languedoc-Roussillon et de Paca montrent une inquiétude certaine quant à ce réchauffement avec l'augmentation constatée des degrés et un stress hydrique de plus en plus marqué. Ceux des vignobles plus septentrionaux jugeraient plutôt ce phénomène comme un élément quasi positif », constate Joël Rochard, de l'IFV d'Epernay qui a dirigé cette étude. Une majorité de vignerons estiment que des changements significatifs sont apparus au cours des quinze dernières années. Des observations de terrain qui différent des études scientifiques qui mettent en évidence ce réchauffement à partir des années 80. Ces modifications concernent l'augmentation du taux de sucre (entre 0,5 et 2°), la précocité des vendanges (entre 8 et 11 jours) , le processus de maturation, le raccourcissement du cycle (de 4 à 7 jours) et la diminution du taux d'acidité (entre 0 et 0,9 g/l). Il est à noter que les résultats obtenus concernant les dates de vendanges dans cette étude correspondent à une élévation moyenne minimale de la température d'1°. Ce qui est en concordance avec les données recueillies par Météo France qui situe le réchauffement entre 0,7° et 1,1°.
Apparition ou disparition de certaines maladies
64 % des vignerons interrogés ont constaté une modification dans l'expression des maladies avec l'apparition ou la disparition de certaines maladies ou le développement de celles-ci à des stades non habituels. Pour contrer ces changements, les vignerons souhaiteraient avant tout que se mettent en place des observatoires régionaux (49 %) avant d'explorer la voie de la création végétale (29%) et la mise au point de nouveaux porte-greffes (16%). Sur le plan viticole, la priorité doit s'exercer sur la gestion des sols avant d'adapter le mode de conduite (48%) ou l'irrigation. Au niveau des pratiques œnologiques, la maîtrise des températures est indispensable pour 80 % des vignerons ainsi que l'adaptation du transport des raisins, des moûts et des vins. La désalcoolisation n'est souhaitée que par 8% des vignerons.
(1) Cette étude a été réalisée grâce aux réponses fournies par 241 vignerons qui ont répondu sur internet au questionnaire élaboré par l'IFV. L'indice de confiance de cette étude est de 80 %.