L'engrais minéral en vigne : un complément pour les rendements importants
Stratégie n° 2. Pour les besoins de mise à disposition rapide, opter pour le minéral est la meilleure solution. Mais elle doit faire office de complément.
Stratégie n° 2. Pour les besoins de mise à disposition rapide, opter pour le minéral est la meilleure solution. Mais elle doit faire office de complément.
Si la fertilisation organique est de plus en plus plébiscitée par les conseillers, elle n’est pas toujours suffisante pour couvrir la totalité des besoins de la vigne. Dans certains cas, la rapidité d’action des engrais minéraux est nécessaire, pour répondre à l’objectif de production. « C’est particulièrement vrai dans le cas des parcelles destinées au crémant, où l’on attend un rendement important, constate Guillaume Morvan, conseiller de la chambre d’agriculture de l’Yonne. Elles ont un fort besoin d’azote au démarrage du cycle végétatif. » Il en va de même avec les vignes destinées aux vins sans indication géographique, et aux IGP. Une mise à disposition rapide permet également de donner un signal positif à la plante, qui comprend alors qu’elle peut produire plus, car le contexte est favorable.
Opter pour la sécurité d’un apport minéral peut aussi s’envisager sur les cépages sensibles à une mauvaise mise en réserve, lorsque les conditions météo automnales ont été sèches. « De même, sur le pourtour méditerranéen certains vignerons qui utilisent des engrais organiques ont des soucis pour la libération de l’azote à cause du manque d’eau, indique Jean-Yves Cahurel, coordinateur fertilisation à l’IFV Beaujolais. Dans ces cas, le recours au minéral est parfois nécessaire. » Et c’est d’autant plus vrai si les conditions du sol ne sont pas adéquates (faible activité biologique), ou si l’on a une correction à faire. « Car c’est le seul moyen de relever un taux de production qui aurait chuté », constate Marine Balue, conseillère viticole à la chambre d’agriculture du Var. Car dans les essais menés dans le Sud-Est, plusieurs solutions organiques ont été testées, avec pour objectif d’augmenter les rendements. « Sur les premières années les résultats ne sont pas probants, avoue la technicienne. Mais peut-être y aura-t-il un effet à plus long terme. »
Un positionnement de l’apport avant floraison
La rapide mise à disponibilité des éléments par les engrais minéraux doit toutefois amener à regarder avec attention la date d’apport. Les conseillers sont unanimes : ce dernier doit intervenir idéalement juste avant la floraison, moment clé de la nutrition. « Nous sommes conscients que c’est un moment où il y a beaucoup de chantiers différents, concède Marine Balue. Mais il doit à minima être réalisé après le débourrement. » La technicienne constate que beaucoup de vignerons ont tendance à fertiliser trop tôt, dès le mois de février. « Ce qui ne sert à rien, particulièrement dans le cas l’azote, estime Jean-Yves Cahurel. C’est de l’argent gâché, car à la première pluie les éléments seront mis à disposition. Et cela, à un moment où la vigne n’en a pas besoin. Ils sont alors perdus. » Ces pertes sont un non-sens agronomique, mais également environnemental, car les nitrates se retrouvent alors dans l’eau. « Il faut d’ailleurs veiller à bien respecter la directive européenne sur le sujet », avertit Guillaume Morvan. Cela implique de vérifier les éventuelles périodes d’interdiction de fertiliser et les quantités maximales. Autre impair constaté par les conseillers, le manque de cohérence entre les besoins et les apports. « Les engrais composés comportent généralement beaucoup de potasse et de magnésium, estime Marine Balue. Il serait intéressant de faire plus régulièrement des analyses de pétiole, pour gérer au mieux les éléments nécessaires. »
Pour Guillaume Morvan, si la fertilisation minérale est utile pour gérer des besoins ponctuels de la vigne, elle doit toutefois rester de l’ordre du complément. « Dans l’idéal, la nutrition de base doit être apportée par une fertilisation organique, qui permet de valoriser le sol », considère-t-il.
en pratique
Une fertilisation organique pour assurer les besoins de base
Un apport minéral avant floraison en complément
Des analyses de pétioles régulières pour mettre en adéquation apports et besoins